Cyclo
avatar 21/11/2020 @ 18:09:12
Au fond, cette étrange mission en Albanie au début des années 60 : retrouver les restes des soldats italiens morts pendant la conquête de l’Albanie par l’Italie fasciste en 1939 puis pendant l’occupation, la résistance des partisans et la débâcle qui a suivi en 1944-1945, vue du point de vue du général et accessoirement du prêtre, nous renseigne surtout sur la nature humaine.
Leur pérégrination dans les montagnes et les villages leur permet. de se poser des questions sur le sens de cette mission, de débattre longuement de la guerre, de son absurdité, de rencontrer des villageois pas toujours ravis de les voir, de découvrir un pays nouveau, communiste et qui vient de rompre avec Moscou. Leur tâche se révèle ingrate dans un climat excessif, pluvieux, froid, neigeux : "La neige fondue baignait la plaine et les collines à l'entour, faisant luire l'asphalte noir de la chaussée. En toute autre saison cette pluie monotone eût semblé à quiconque une triste coïncidence". .Les autochtones ne les aident pas vraiment : "Souvent des contradictions surgissaient entre les témoignages. Les vieillards confondaient événements et combats des différentes guerres. Rien qui présentât un caractère de certitude. Seule la boue détenait la vérité".
Et quand ils participent à la vie locale, notamment une noce de village, le général italien se fait insulter par une vieille paysanne qui a perdu son mari et sa fille, assassinés par le sinistre colonel Z en 1943 et de qui elle s’est vengée : "Le général se leva machinalement et se dirigea vers elle. Il avait deviné que c'était lui qu'elle cherchait. Il se porta lui-même au-devant d'elle comme ces bêtes qui, flairant de loin la présence de l'ennemi, sont envoûtées par sa voix et, au lieu de fuir, courent jusqu'à lui".
Le roman fit un triomphe en Occident lors de sa sortie en 1970 : on découvrait un jeune romancier de l’est, totalement étranger au réalisme socialiste qui était la ligne générale draconienne en littérature. D’emblée, avec ce premier roman, Kadaré se hausse à un très haut niveau. J’ai pensé au "Désert des Tartares" de Buzzati, c’est dire. Les dialogues sont nombreux, les descriptions minutieuses, mais jamais ennuyeuses, une certaine satire des étrangers venus exhumer leurs morts, et qui n'épargne pas la population locale, permet au lecteur de se faire une idée du temps qui passe, de l’ennui de la mission : "Il vous faut le squelette? J'en ai un! J'ai apporté les listes, mon père, vous m'entendez? Les voilà! Il y a un tas de soldats d'un mètre quatre-vingt-deux. Levez-vous, nous allons en choisir un. ...Levez-vous, nous allons examiner les listes en détails. Seulement celui-là a deux incisives qui lui manque. Ça ne fait rien, nous pourrions les lui faire remettre chez un dentiste".
De temps en temps, des pensées intimes ou des retours en arrière coupent la narration linéaire. L'inhospitalité aride du pays et du climat a façonné ce peuple albanais qui a pratiqué une guerre de partisans contre les envahisseurs et n’est pas sans avoir gardé une haine silencieuse pour ses anciens ennemis. Finalement le général finit son dernier jour de mission en s'enivrant : "Il songeait à quel point on est étranger dans un pays qui n’est pas le vôtre"..
Il ne se passe presque rien, sinon la répétition des gestes de la mission, voiture et camion qui roulent ou tombent en panne, ouvriers qui déterrent, beuveries à l'hôtel, discussions, lecture de cahiers fort émouvants trouvés avec tel ou tel mort, retours en arrière, par exemple la belle histoire de fille à soldats assassinée racontée par un cafetier... L'auteur utilise parfois le conte, ironiquement : "Il était une fois un général et un prêtre partis à l'aventure. Ils s'en étaient allés ramasser les restes de leurs soldats tués au cours d'une grande guerre. Ils marchèrent, marchèrent, franchirent bien des montagnes et des plaines, cherchant et ramassant ces dépouilles"..
J'ai beaucoup aimé, mais il me faudrait presque relire...

Tistou 23/11/2020 @ 18:41:52
Chapitre XX à la fin.
Etonnant "pétage de plomb" du Général qui, comme pris de superstition, balance les restes du Colonel Z., si durement acquis en ce qui le concerne, dans un ravin. Impuissance manifeste et dégoût de la tâche accomplie, dégoût sûrement aussi du comportement du Colonel Z. dont il a eu connaissance.
Episode étrange, de saoulerie, avec un Lieutenant-Général, dont tout le monde s'accorde à penser qu'il pourrait être allemand. Qui d'autre que les Italiens est venu combattre en Albanie, il faudrait le vérifier ? Les Allemands furent-ils là-bas ou plus sûrement croates, serbes, ... ?
En toute fin il est harcelé de télégrammes qu'il finit même par ne plus lire. On ne sait pas, in fine, comment il va gérer l'annonce à la veuve et à la mère du Colonel Z., lui qui les connait personnellement ?

Excellent roman. Et quand on pense que c'est son premier !

Koudoux

avatar 23/11/2020 @ 18:51:49

En toute fin il est harcelé de télégrammes qu'il finit même par ne plus lire. On ne sait pas, in fine, comment il va gérer l'annonce à la veuve et à la mère du Colonel Z., lui qui les connait personnellement ?

Je me suis posé la même question, l'auteur semble laisser le choix de la fin au lecteur.

SpaceCadet
avatar 24/11/2020 @ 12:35:15
Je reviens sur le sujet de la présence de Cognac et de chocolat en Albanie à l'époque où se déroule l'histoire. Pour rappel, ci après je recopie l'essentiel de la discussion.


SpaceCadet, je ne vais pas répondre à toutes tes questions mais pour avoir été en URSS, en Bulgarie, en ex-Yougoslavie, le Cognac servi était du faux et on pouvait en boire pour pas trop cher presque dans tous les hôtels, à fortiori s'il s'agissait d'un hôtel pour touristes...

Le chocolat était considéré comme un produit de luxe et il était plutôt rare...

Ah! Voilà qui m'éclaire. Ca a du sens. J'avais entrevu une telle possibilité mais mes recherches n'ont rien confirmé en ce sens.
Merci Shelton.

Ca revient à dire que le prêtre avec son chocolat profite autant que le général avec son pseudo-cognac du confort qu'ils trouvent dans les hôtels. ;-)




J’ai tenté de trouver comment concrètement ce blocus a pu se refléter dans la vie des Albanais et par conséquent j'ai tenté de comprendre comment le Cognac, le chocolat et le café auraient pu entrer dans le pays. Sachant que dans les années 1960 le seul allié de l’Albanie était la Chine, j’imagine mal ces produits arriver en Albanie depuis la Chine, qui, on le sait, n’y avait pas accès. Bref, je n’ai pas trouvé de précisions à ce sujet. Du coup je me suis demandé si I.Kadaré ne fantasmait pas un peu en imaginant le prêtre et le général en train de consommer ces produits...

Je pense aussi que malgré le blocus, il y avait sans doute de la contrebande, non?

Forcément!


Or, j'ai par la suite remarqué qu'au chapitre 18, alors que les hommes se trouvent à proprement parler 'au milieu de nulle part', on a remis en activité, dans une petite baraque datant de l'époque de la guerre, une sorte de buvette et il se trouve qu'on peut y boire du Cognac.

Ca m'amène donc à conclure que la boisson dont il est question n'est pas uniquement disponible dans les hôtels et semble donc être facile à trouver un peu partout. J'imagine donc qu'il s'agirait d'un alcool fabriqué localement.

Une petite recherche m'a permis de découvrir qu'en effet, à partir de 1967, une boisson que l'on peut comparer au Cognac a été commercialisée en Albanie (voir le lien ci-après (en anglais)). Ce qui peut nous induire à penser que le produit ait pu être fabriqué et vendu sous le manteau bien avant cette année-là.

https://en.wikipedia.org/wiki/…

Par contre, en ce qui a trait au chocolat... je n'ai rien trouvé à ce sujet.

SpaceCadet
avatar 24/11/2020 @ 12:37:06


Il faut faire la nuance entre 'touriste' et 'étranger'.... Ca n'est pas la même chose. Du moins, de mon point de vue.



Euh... Oui. Après a moins de faire du tourisme dans son propre pays, généralement les touristes sont des étrangers...

Mais, ce n'est pas ce pas mon propos. Ce que j'ai voulu dire ici, tenait plus de la remarque sur le temps qui passe, le monde et les gens qui changent et les moeurs qui évoluent...


Ce qui met en évidence le fait qu'outre l'écart culturel, une soixantaine d'années nous (lecteurs) séparent de l'époque où se déroule et a été composé le roman.

Tistou 24/11/2020 @ 13:54:43
Je reviens sur le sujet de la présence de Cognac et de chocolat en Albanie à l'époque où se déroule l'histoire. Pour rappel, ci après je recopie l'essentiel de la discussion.


SpaceCadet, je ne vais pas répondre à toutes tes questions mais pour avoir été en URSS, en Bulgarie, en ex-Yougoslavie, le Cognac servi était du faux et on pouvait en boire pour pas trop cher presque dans tous les hôtels, à fortiori s'il s'agissait d'un hôtel pour touristes...

Le chocolat était considéré comme un produit de luxe et il était plutôt rare...

Ah! Voilà qui m'éclaire. Ca a du sens. J'avais entrevu une telle possibilité mais mes recherches n'ont rien confirmé en ce sens.
Merci Shelton.

Ca revient à dire que le prêtre avec son chocolat profite autant que le général avec son pseudo-cognac du confort qu'ils trouvent dans les hôtels. ;-)





J’ai tenté de trouver comment concrètement ce blocus a pu se refléter dans la vie des Albanais et par conséquent j'ai tenté de comprendre comment le Cognac, le chocolat et le café auraient pu entrer dans le pays. Sachant que dans les années 1960 le seul allié de l’Albanie était la Chine, j’imagine mal ces produits arriver en Albanie depuis la Chine, qui, on le sait, n’y avait pas accès. Bref, je n’ai pas trouvé de précisions à ce sujet. Du coup je me suis demandé si I.Kadaré ne fantasmait pas un peu en imaginant le prêtre et le général en train de consommer ces produits...

Je pense aussi que malgré le blocus, il y avait sans doute de la contrebande, non?

Forcément!



Or, j'ai par la suite remarqué qu'au chapitre 18, alors que les hommes se trouvent à proprement parler 'au milieu de nulle part', on a remis en activité, dans une petite baraque datant de l'époque de la guerre, une sorte de buvette et il se trouve qu'on peut y boire du Cognac.

Ca m'amène donc à conclure que la boisson dont il est question n'est pas uniquement disponible dans les hôtels et semble donc être facile à trouver un peu partout. J'imagine donc qu'il s'agirait d'un alcool fabriqué localement.

Une petite recherche m'a permis de découvrir qu'en effet, à partir de 1967, une boisson que l'on peut comparer au Cognac a été commercialisée en Albanie (voir le lien ci-après (en anglais)). Ce qui peut nous induire à penser que le produit ait pu être fabriqué et vendu sous le manteau bien avant cette année-là.

https://en.wikipedia.org/wiki/…

Par contre, en ce qui a trait au chocolat... je n'ai rien trouvé à ce sujet.

Lorsqu'il s'agit d'alcool, l'imagination humaine a peu de bornes.
Je me souviens lors de mes années VSNA (Volontaire du Service National Actif) au Maroc comme enseignant, j'avais des collègues bulgares (!) qui étaient là pour enseigner comme moi la Physique Chimie, ou les Mathématiques (qui ne parlaient pas un mot de français par ailleurs !!). C'étaient des individus isolés, envoyés par leur gouvernement, communiste jusqu'aux yeux à l'époque, qui les rackettaient joliment si bien qu'ils étaient esseulés là-bas dans le bled où nous étions, esseulés et pauvres. Alors ils fabriquaient et distillaient dans leurs cocotte-minutes un alcool de pommes de terre fermentées. Je n'ai pas eu à y goûter puisque ne buvant pas d'alcool.
Alors un faux cognac en Albanie dans les années 60 - 70, oui bien sûr ce devait être possible. Avec un d'imagination et de détermination ...

Saint Jean-Baptiste 25/11/2020 @ 11:57:11
Déterrer des soldats morts en pays étrangers pour les rendre à leur famille peut paraître une noble mission. On peut comprendre les famille qui veulent se recueillir sur la tombe d’un des leurs. C’est peut-être une façon pour la famille de « faire son deuil ». En tout cas, dans le livre, on voit à quel point les familles y tiennent. Mais on doit se demander si c’est une bonne chose quand on voit comment ça se passe.

Personnellement, si ça avait dû m’arriver de perdre un parent pendant une guerre comme celle du livre, je crois que j’aurais préféré qu’il reste enterré sur le terrain avec ses camarades de combat. Mais en réalité, je ne sais pas. C’est peut-être plus pénible de penser qu’il est à l’abandon Dieu sait où, dans pays étranger, peut-être en dessous de la tribune d’une terrain de football... On doit avoir l’impression que la famille l’a lâchement abandonné ; et l’absence de sépulture a toujours été considéré comme une infamie.

Mais ce livre montre bien la tragi-comédie de ces déterrements de cadavres…
Et la famille n’est jamais sûre que c’est bien son parent qu’on lui a rendu. Mais, au fond, si c’est un autre, est-ce que ça change quelque chose si la famille ne le sait pas ?

En tout cas, si j’avais un parent enterré dans un cimetière militaire, comme les cimetières américains de Normandie ou d’ailleurs, je le laisserais bien là. Je trouve qu’il n’y a pas de plus belle sépulture pour un soldat.

Curieux livre en tout cas qui, sous son côté tragi-comique, soulève des questions bien lugubres…

SpaceCadet
avatar 27/11/2020 @ 14:01:11
Déterrer des soldats morts en pays étrangers pour les rendre à leur famille peut paraître une noble mission. On peut comprendre les famille qui veulent se recueillir sur la tombe d’un des leurs. C’est peut-être une façon pour la famille de « faire son deuil ». En tout cas, dans le livre, on voit à quel point les familles y tiennent. Mais on doit se demander si c’est une bonne chose quand on voit comment ça se passe.

Personnellement, si ça avait dû m’arriver de perdre un parent pendant une guerre comme celle du livre, je crois que j’aurais préféré qu’il reste enterré sur le terrain avec ses camarades de combat. Mais en réalité, je ne sais pas. C’est peut-être plus pénible de penser qu’il est à l’abandon Dieu sait où, dans pays étranger, peut-être en dessous de la tribune d’une terrain de football... On doit avoir l’impression que la famille l’a lâchement abandonné ; et l’absence de sépulture a toujours été considéré comme une infamie.

Mais ce livre montre bien la tragi-comédie de ces déterrements de cadavres…
Et la famille n’est jamais sûre que c’est bien son parent qu’on lui a rendu. Mais, au fond, si c’est un autre, est-ce que ça change quelque chose si la famille ne le sait pas ?

En tout cas, si j’avais un parent enterré dans un cimetière militaire, comme les cimetières américains de Normandie ou d’ailleurs, je le laisserais bien là. Je trouve qu’il n’y a pas de plus belle sépulture pour un soldat.

Curieux livre en tout cas qui, sous son côté tragi-comique, soulève des questions bien lugubres…


Au fait c'est la première question que je me suis posé, dès les premières pages du roman. Je me suis d'abord demandé si cela était bel et bien 'faisable'. Mes recherches ne m'ont pas permis de tirer de conclusions à ce sujet.

Reste qu'entre déterrer un mort (ce qui n'est pas anodin) et déterrer une armée... il y a tout-de-même une marge.

Et puis j'ai réfléchis au 'besoin' auquel cela peut bien répondre.. un 'besoin' qui du reste semble cautionné (du moins dans le roman), mais en même temps, quand on pense à la variété de rites funéraires (cela fait partie des comportements universels au sein de l'espèce humaine) que l'homme au cours de son histoire a trouvé le moyen d'inventer, on ne s'étonne plus de rien.

SpaceCadet
avatar 27/11/2020 @ 14:24:05


Reste qu'entre déterrer un mort (ce qui n'est pas anodin) et déterrer une armée... il y a tout-de-même une marge.




Et sur ce point précis, à mon avis, c'est le côté absurde de cette entreprise que l'auteur a voulu exploiter et cela dans le but ultime de mettre en relief l'absurdité de la guerre.

Septularisen
avatar 27/11/2020 @ 14:25:52
Quelqu'un peut-il me dire ce qu'il comprend exactement dans la phrase :
"Parce que nous avons la même patrie que ces malheureux"...Quelle patrie?



C'est ce que je soulignais un peu plus haut.
On comprends que c'est l'Italie, mais on ne nous le dit pas, on comprends que l'autre général est allemand, mais encore une fois cela n'est dit nulle part...
Il n' y a jamais de nation citée nommément, un peu comme si l'auteur voulais nous faire comprendre que les soldats morts dans une guerre sont tous des frères...

Septularisen
avatar 27/11/2020 @ 14:27:26

Ce qui met en évidence le fait qu'outre l'écart culturel, une soixantaine d'années nous (lecteurs) séparent de l'époque où se déroule et a été composé le roman.


Oui... Ou bien le développement international du tourisme, qui a "rattrapé" aussi l'Albanie...

Septularisen
avatar 27/11/2020 @ 14:41:13


En tout cas, si j’avais un parent enterré dans un cimetière militaire, comme les cimetières américains de Normandie ou d’ailleurs, je le laisserais bien là. Je trouve qu’il n’y a pas de plus belle sépulture pour un soldat.


Tout à fait d'accord avec toi, ici.

Je crois en avoir déjà parle dans un autre forum, mais est-ce que tu sais que la dépouille du Général PATTON, n'a jamais été ramenée aux USA? Sa veuve s'y étant toujours opposée, parce-que il avait lui méme exprimé le souhait d'étre enterré avec ses soldats...

Il repose donc au cimetière américain de Contern dans mon pays avec plus de 5.000 de ses soldats.

Et mieux que cela, alors qu'il reposait seul dans un angle du cimetière, il y a queques années les autorités américaines (le cimetière est un territoire américain et entretenu - 2 mio de $ par an! - par le Gouvernement US), pour respecter encore mieux ses dernières volontés, ont fait déplacer la dépouille au milieu du cimetière, face à face aux autres soldats..

https://fr.wikipedia.org/wiki/…

Shelton
avatar 27/11/2020 @ 16:53:07
Au fait c'est la première question que je me suis posé, dès les premières pages du roman. Je me suis d'abord demandé si cela était bel et bien 'faisable'. Mes recherches ne m'ont pas permis de tirer de conclusions à ce sujet.

Reste qu'entre déterrer un mort (ce qui n'est pas anodin) et déterrer une armée... il y a tout-de-même une marge.

Et puis j'ai réfléchis au 'besoin' auquel cela peut bien répondre.. un 'besoin' qui du reste semble cautionné (du moins dans le roman), mais en même temps, quand on pense à la variété de rites funéraires (cela fait partie des comportements universels au sein de l'espèce humaine) que l'homme au cours de son histoire a trouvé le moyen d'inventer, on ne s'étonne plus de rien.


La France a fait revenir un certain nombre de ses combattants morts d'Indochine...


SpaceCadet
avatar 27/11/2020 @ 17:15:31
https://onac-vg.fr/hauts-lieux-memoire-necropoles/…



Oh! Quand même. Ca n'a pas dû être simple à faire. Ca répond à ma question et du coup, mon interprétation suivant laquelle Kadaré aurait voulu exploiter l'absurdité d'une telle entreprise devrait être repensée ou reformulée.

Merci à toi pour ces précisions.

Septularisen
avatar 27/11/2020 @ 17:35:49
https://onac-vg.fr/hauts-lieux-memoire-necropoles/…

Oh! Quand même. Ca n'a pas dû être simple à faire. Ca répond à ma question et du coup, mon interprétation suivant laquelle Kadaré aurait voulu exploiter l'absurdité d'une telle entreprise devrait être repensée ou reformulée.

Merci à toi pour ces précisions.


J'en parlais plus haut dans ce fil, mais les USA ont la même tradition.
Je me rapelle avoir vu a la télévision le retour des dépouilles de soldats MIA du Vietnam dans les années 80.
Il semble que cela continue jusque dans les années 2000...

https://www.youtube.com/watch?v=VA9FdtE9kW4

https://www.youtube.com/watch?v=TfxxsIeWN-4


Septularisen
avatar 27/11/2020 @ 17:51:44

Je trouve ceci aussi, étonnant de ressemblance avec ce qui est décrit dans le livre.

On voit même, comme dans le livre de Kadaré, des habitants des villages locaux embauchés comme main-d'oeuvre pour aider à rechercher les sites et creuser la terre (la boue devrais-je dire...) a la recherche des dépouilles...

https://www.youtube.com/watch?v=rdpOTr3kULY

SpaceCadet
avatar 27/11/2020 @ 18:01:07
La réalité et la fiction se rencontrent!

Pieronnelle

avatar 27/11/2020 @ 23:58:36
J'ai l'impression que dès que le général rencontre le paysan avec le cercueil du déserteur le roman bascule ; ce moment est trés fort je trouve, enfin on parle des albanais et le général prend une bonne gifle quand on lui dit que ce déserteur était le valet du meunier. J'avoue avoir jubilé devant cette "humiliation" que ressent le général. En fait son vrai caractère ressort , il est arrogant et il reste encore avec l'esprit d'un conquérant ; il vient rechercher ses morts et méprise les albanais .
" Il doit sûrement me détester je le lis dans son regard . Nous sommes ennemis mortels , mais moi, je n'éprouve que du mépris à son endroit. En fin de compte ce n'est qu'un terrassier"
dit-il en parlant d'un albanais qui ouvre les tombes. Incroyable quand même 20 ans après!
Je crois que je lui ai attribué un peu trop d'humanisme à ce général...Certes il est sûrement perturbé par cette mission, mais ses motivations liées apparemment à la jolie veuve le rendent un peu superficiel...
Au fait , concernant la nationalité on a quand même de bons indices : fascisme et Duce ! Indices qui justement font partie de cette appartée sur la maison de tolérance qui a été probablement rajoutée après la première édition. C'est fort bien raconté mais d'un style qui correspond pas à un homme de simple condition .
De même pour le journal du déserteur , mais là il précise au début qu'il avait un don pour écrire des histoires. Le peuple albanais grandit de plus en plus, il est fier, juste et regarde de haut ce général et le prêtre, je l'aime de plus en plus.

SpaceCadet
avatar 28/11/2020 @ 11:01:45
https://onac-vg.fr/hauts-lieux-memoire-necropoles/…

Oh! Quand même. Ca n'a pas dû être simple à faire. Ca répond à ma question et du coup, mon interprétation suivant laquelle Kadaré aurait voulu exploiter l'absurdité d'une telle entreprise devrait être repensée ou reformulée.

Merci à toi pour ces précisions.



J'en parlais plus haut dans ce fil, mais les USA ont la même tradition.
Je me rapelle avoir vu a la télévision le retour des dépouilles de soldats MIA du Vietnam dans les années 80.
Il semble que cela continue jusque dans les années 2000...

https://www.youtube.com/watch?v=VA9FdtE9kW4

https://www.youtube.com/watch?v=TfxxsIeWN-4




De prime abord, j'avais lancé mes recherches sur ce sujet en association avec l'histoire des soldats italiens tombés en Albanie. Je n'avais rien trouvé mais vos réponses m'ont incité à essayer de nouveau et là je suis tombé sur un article (en anglais) émanant du 'National Institute of Health' des Etats-Unis où, dans le cadre d'une analyse portant sur 'L'illusion d'immortalité dans l'Albanie de l'après-guerre' (l'article raconte comment dans l'après-guerre on a entretenu l'idée d'une menace omniprésente pesant sur le pays), non seulement on y fait référence au roman de Kadaré, mais, plus intéressant, il est mentionné qu'une campagne d'exhumation et de rapatriation des restes des soldats italiens tombés en Albanie lors de la seconde guerre a effectivement eu lieu, environ 10 ans après la fin de la guerre et qu'elle fut dirigée par un aumonier de l'armée italienne. Je mets le lien vers l'article ci-après sachant que ce point précis est mentionné au 4e paragraphe de la 3e partie de l'article.

https://ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/…

J'imagine qu'il puisse exister d'autres sources, possiblement en langue albanaise ou en italien qui pourraient apporter plus de précisions sur ce sujet. Mais c'est déjà bien de savoir que l'opération n'est pas que fictive et que l'auteur s'est évidemment inspiré du réel pour composer son roman.

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