L'affaire Saint-Fiacre
de Georges Simenon

critiqué par Mieke Maaike, le 29 octobre 2005
(Bruxelles - 51 ans)


La note:  étoiles
Retour aux sources
Il est cinq heure trente. Maigret vient de se réveiller dans une chambre glaciale de l'auberge du village. "Je vous annonce qu'un crime sera commis à l'église de Saint-Fiacre pendant la première messe du Jour des Morts" est le message qui l'a fait venir la veille. Il se rend donc à la première messe...

Saint-Fiacre est le village d'origine de Maigret qu'il a quitté il y a 35 ans. Son père y était le régisseur du chateau. Son corps repose dans le cimetière derrière l'église. Marie Tatin, la vieille aubergiste, était la petite fille qui louchait. La comtesse si noble qui promenait un landeau dans le parc du chateau, mène une vie scandaleuse depuis le décès de son mari. Son bébé est aujourd'hui le comte qui dilapide à Paris ce qu'il reste de la fortune familiale. Le curé et le médecin ne sont plus ceux que Maigret connaissait.

Dès le début de l'enquête, Maigret est en prise avec ses souvenirs d'enfance que vient gâcher le drame qui se déroule. "C'était plutôt l'ambiance qui l'écrasait. Il se sentait personnellement atteint par le drame, écoeuré. Oui, écoeuré! C'était bien le mot! Il n'avait jamais imaginé qu'il retrouverait son village dans ces conditions. Jusqu'à la tombe de son père, dont la pierre était devenue toute noire et où l'on était venu lui interdire de fumer!"

Petit à petit Maigret lache prise sur les événements. Il erre dans le village. Il est fatigué physiquement et moralement. Il ne devient plus que spectateur de l'enquête qui semble se résoudre d'elle-même sous ses yeux.

L'affaire Saint-Fiacre est considérée comme un classique de Simenon. Pourtant Simenon semble avoir négligé une partie de l'énigme. Ou alors est-ce Maigret, harassé, qui bâcle son enquête ? Le doute subsiste jusqu'à la dernière page...
Un peu déçu de ce retour aux sources de Maigret 7 étoiles

Ce roman avec le commissaire Maigret est l’un des plus renommés, me semble-t-il, qu’ait écrit Simenon. C’est pourquoi je l’avais en attente dans ma petite bibliothèque (qui déborde et à qui je m’efforce d’imposer une cure d’amaigrissement…).

L’occasion m’étant venue, je le pris sans plus hésiter, et en deux jours, je l’ai terminé. Je vais dire tout de suite qu’il m’a quand même déçu, je m’attendais à mieux. À mon avis, ce n’est pas le meilleur Simenon, ni même le meilleur Maigret. Je finis par croire qu’il est juste l’un des plus connus parce qu’on en a fait un film avec Jean Gabin et un téléfilm avec Bruno Cremer. Il me semble d’ailleurs avoir vu celui avec Cremer, excellent acteur au demeurant, et qui a su incarner brillamment avec sa touche personnelle le rôle du commissaire Maigret. En effet, la scène où la mère claque son fils a fait tilt dans ma tête, me disant que j’avais déjà vu cette scène. Ah, les méandres mystérieux de la mémoire, où un seul petit détail fait ressurgir tout un ensemble qu’on ignorait même avoir oublié !

Mais revenons au livre. L’affaire Saint-Fiacre. Une histoire se passant dans l’entre-deux guerre, du temps où mes grands-parents étaient jeunes enfants. Toute une époque, tout un monde ancien bien français et qui a disparu. Mais pas de nostalgie inutile, elle fait paraître plus belle une époque qui ne l’était pas, ou pas mieux que la nôtre. Non, et à lire l’histoire de l’affaire Saint-Fiacre, on se dit que les époques changent mais les êtres humains, eux, ne changent pas. Un peu les mêmes lâchetés, les mêmes cupidités, les mêmes peurs, les mêmes envies, etc… Et aussi les mêmes courages, les mêmes perspicacités, les mêmes sens de l’honnêteté, etc…

Et dans cette affaire Saint-Fiacre, il y a un peu de tout ça, à des degrés divers selon les protagonistes. Il y a là le commissaire Maigret, bien sûr, et aussi la vieille comtesse de Saint-Fiacre, retrouvée morte dans l’église, au moment de la messe du matin. Cela à l’air d’une crise cardiaque, mais Maigret sait que c’est un assassinat, car la police a reçu un billet : "Je vous annonce qu'un crime sera commis à l'église de Saint-Fiacre pendant la première messe du Jour des Morts" et que c’est même la raison pour laquelle Maigret s’y trouvait au moment même où la comtesse tombait raide morte. Comment ? Personne ne l’a approché durant cette messe où elle priait ardemment. Maigret va donc enquêter dans ce village de Saint-Fiacre. Ce village qui est son village natal, celui où il a grandi enfant, à l’ombre du château des Saint-Fiacre. L’enquête se double d’un retour aux sources, pour notre commissaire Maigret, certes pas des plus agréables pour lui. C’est ce qui le perturbera et lui fera perdre quelque peu de sa lucidité habituelle. Cela doit être pour cela qu’il va se sentir dépassé et que ce ne sera même pas lui qui débrouillera la solution et trouvera le coupable ! Car effectivement, il y a un coupable et une méthode d’assassinat originale mais au demeurant logique. Mais pourquoi avertir la police ? Le meurtre eût été parfait et ignoré de tous sans cela. Ah, la vanité… Elle a fait perdre bien des hommes et échouer bien des projets.

Tous ces éléments qui sortent Maigret de son ordinaire d’enquêtes criminelles, c’est ce qui a dû rendre ce roman si connu. Mais si connu ne veut pas dire si épatant. J’ai apprécié suivre l’enquête dans ce monde vieillot d’un autre temps mais sans plus. Reste la psychologie des personnages et l’atmosphère des lieux, que Simenon a toujours su peindre en quelques mots, quelques phrases. Ce qui sauve, un peu, le livre, et aussi la fin, qui est digne d’un roman gothique ! En bref, un bon petit roman policier, sans plus, pas des meilleurs de Simenon.

Cédelor - Paris - 53 ans - 15 novembre 2024


Retour az'barak 10 étoiles

Maigret est appelé par la baronne de Saint-Fiacre, petit village auvergnat (vers Moulins dans l'Allier, village fictif au demeurant) où il a passé son enfance (son père était régisseur du château), car cette dernière a reçu des menaces de mort. Peu de temps après l'arrivée de Maigret sur place, où il retrouve les lieux de son enfance avec un peu d'émotion, la baronne, une vieille dame au coeur fragile, meurt, durant la messe, d'une attaque. Elle a, avant de mourir, lu un article de presse annonçant le décès de son fêtard de fils ingrat. Lequel est tout sauf mort et arrive au château, outré qu'on se soit servi de lui, à ses dépens, pour faire de la peine à sa mère et l'avoir conduite au tombeau. Maigret sent bien qu'il se trame des trucs pas nets...

Un des meilleurs opus de la série, qui a donné lieu à un des meilleurs films adaptés de la série, avec Gabin (le roman a aussi été adapté dans la série, un peu lente mais malgré tout très réussie, avec Cremer). Ce fut mon premier "Maigret", et il reste mon préféré.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 24 septembre 2024


L’histoire d’un fumier de fermier. 10 étoiles

Déjà au cinéma, cette affaire Saint-Fiacre vu trois fois, sentait bon le terroir, alors un peu cinéphile sur les bords j’ai peux dire, qu’il est pour moi le meilleur de la série.
Et donc, logiquement en remontant l’œuvre de cet écrivain prolifique, qui apparemment n’a jamais connu « La Panne » d’inspiration, je tombe logiquement après la brillante « ombre chinoise » urbaine, sur cette fiction rurale, où une châtelaine déjà (Miro se Gourbet sous l’ombre Delacroix) le nez dans un missel …
Et là de nouveau c’est le coup de cœur, grâce à un récit sobre, nostalgique, et prenant où Maigret parviendra à sonner les cloches à certains des protagonistes de cette histoire.

Pierrot - Villeurbanne - 73 ans - 10 juin 2017


Intéressant. 9 étoiles

C'est une magnifique entrée en matière cette affaire Saint Fiacre un beau roman une belle approche. Maigret aux prises avec son passé, ses souvenirs, ces rues et ces routes, un paysage passablement vide dans un village mort né. L'après guerre et sa vie lente et redondante. C'est un magnifique scénario bien élaboré et bien orchestré. Une histoire bien écrite on y découvre tout l'art du roman policier d'après guerre. Georges Simenon a du génie quant à l'élaboration de scénarios, son ficelage et son élaboration, Une belle approche.

Obriansp2 - - 54 ans - 15 février 2017


Première découverte du célèbre Maigret 8 étoiles

C'est sur les lieux de son enfance et les souvenirs qui y sont liés que Maigret mène l'enquête. Dans un style abordable et avec une prouesse inégalable, Simenon nous embarque avec lui au coeur de ce lieu sacré et de ses sombres secrets de famille.

On a parfois le sentiment que Maigret fait figure de pion aux côtés des événements qui s'enchaînent, mais les apparences sont souvent trompeuses, et le dénouement est loin d'être celui que l'on croit.

J'ai adhéré à cette enquête quelque peu désuète, cette atmosphère si particulière. Cette lecture m'a laissée une saveur particulière, comme surannée.
Simenon n'a pas fini de me séduire et je plongerai avec délectation dans une autre aventure du Commissaire.

Lolita - Bormes les mimosas - 38 ans - 22 juin 2016


Un bond en arrière 10 étoiles

Toujours attiré par Maigret, j'ai commencé comme beaucoup par la série avec Bruno Cremer. Puis ensuite par les films avec Gabin (magnifique Maigret). Ce n'est que très récemment que je me suis mis à la lecture des originaux...

Simenon a le coup de main pour faire sentir une atmosphère, un lieu, une attitude,... Comme j'ai pu le lire plus bas, je vois des scène en Noir et Blanc comme dans les Film de Jean Delannoy.

Ce roman est une remonté en arrière avec une petite connaissance de l'enfance de Maigret: Le Château, la loge du régisseur, la Mère Tatin et surtout Maigret enfant de coeur...

Je n'ai absolument pas trouvé de longueur dans ce roman, peut-être parce que j'avais déjà vu le film... Du Grand Simenon...

J'encourage beaucoup de personnes à le lire.

King Arthur - - 44 ans - 30 janvier 2013


Maigret sur la touche 9 étoiles

« Je vous annonce qu’un crime sera commis à l’église Saint-Fiacre pendant le première messe du jour des morts ». Et effectivement, la comtesse de Saint-Fiacre est retrouvée raide-morte à la fin de l’office. Mais aucune trace de violence ou de blessure. Comment l’assassin s’y est-il pris ? et de qui s’agit-il ?
Après une enquête qui patauge, Maigret retrouvera, dans la grande salle du château, ceux qu’il soupçonne d’avoir fait le coup : le curé, le médecin, le comte, le régisseur et son fils, le secrétaire de la comtesse. Pourtant ce n’est pas lui qui mène la danse mais bien le fils de la comtesse qui sort le grand jeu. Pour la première et la seule fois sans doute, notre bon commissaire est plutôt passif et se contente de suivre le fil de cette affaire qui lui échappe. Autre particularité, Maigret revient sur la terre de son enfance puisque son père fut jadis le régisseur au château de Saint-Fiacre.
Il a été tiré de cet excellent roman – un des plus connus de Simenon – un tout aussi excellent film de Jean Delannoy, interprété, entre autres par Jean Gabin, dont le scénario a été tout chamboulé, toutefois avec dextérité.

Extraits :

- Maigret en avait les doigts de pied mal à l’aise dans les chaussures (…) Jamais de sa carrière, Maigret n’avait été aussi mal à l’aise. Et sans doute était-ce la première fois qu’il avait la sensation très nette d’être inférieur à la situation.

- Certains individus à un moment donné de leur vie, ont ainsi une heure de plénitude, une heure pendant laquelle ils sont placés en quelque sorte au-dessus du reste de l’humanité et d’eux-mêmes.

Catinus - Liège - 73 ans - 18 décembre 2012


Entre admiration et déception 6 étoiles

Seule la première partie de ce roman m'a paru attrayante, puisque j'ai eu très vite envie d'en poursuivre la lecture afin de découvrir le fin mot de l'énigme. Au-delà de l'énigme, c'est aussi l'atmosphère que Simenon réussit à créer dans ses romans qui m'a attirée. Parfois étouffante, parfois feutrée, elle évoque toujours en moi des photographies en noir et blanc.
Dans la deuxième partie, Maigret n'est plus maître des événements. Simple spectateur, il semble incapable de faire face à la situation, ce qui est un des points décevants de l'oeuvre.

CarolineF - Miramas - 45 ans - 6 décembre 2006


Mon unique Maigret 1 étoiles

J'ai lu cette enquête lorsque j'étais au collège car j'aime bien la série avec Bruno Cremer. Je voulais donc essayer les originaux. Je me suis ennuyée à mourir. C'est d'une lenteur... Peut-être était-ce juste une mauvaise pioche mais je n'ai jamais eu le courage de retenter l'expérience.

Mademoiselle - - 37 ans - 30 octobre 2005