Raboliot
de Maurice Genevoix

critiqué par Heyrike, le 1 novembre 2005
(Eure - 57 ans)


La note:  étoiles
Un drame en sologne
Raboliot fait partit de ces gars de la Sologne, qui dés que le poil leurs pousse sous le nez, ressentent cette furieuse envie de parcourir les plaines et les sous-bois, la voûte étoilée au-dessus de leurs têtes. Ils suivent les sentes des lapins, guettent les moindres bruissements d'ailes, hument les parfums de la terre. Toujours sur le qui vive. Pas question de se faire piéger par le garde chasse et encore moins par les Saint Hubert. Tous à la solde de comte de Remilleret, propriétaire de toutes ces terres giboyeuses.

Mais vient ce jour fatal où il est pris la main dans la gibecière. Un procès verbal dressé par le gendarme Bourrel le condamne à payer une amende pour acte de braconnage sur une propriété privée. Mais Raboliot refuse de se soumettre. Il sait que son activité, pour illégale qu'elle soit, n'est pas si préjudiciable que cela aux biens de comte. Le comte a bien plus à craindre du méprisable Volat, un braconnier qui travaille pour Tancogne, le fermier général du comte. Tous les deux ont mis au point un véritable commerce dont ils se partagent les gains.

Tout cela Raboliot le sait, renforçant ce sentiment d'injustice qui le meurtrit.

Son épouse le supplie de s'acquitter de sa peine pour l'honneur d'elle et de ses enfants. Malgré cela, Raboliot décide de fuir. Commence une longue errance, au cours de laquelle il connaît les pires tourments. Pourchassé par le terrible Bourrel, il croit sauver sa peau en dénonçant Volat auprès du comte. Mais il se trompe, au point que son attitude imprudente va précipiter sa chute. Qui est-il, lui simple manant et qui plus est voleur, pour réclamer justice auprès de monsieur le comte ? Le drame qui se joue est celui de sa perte. Mais dans son obstination il refuse de le voir.

Pourtant le danger est là, présent derrière les fenêtres aux lumières blafardes où se trame un plan infaillible. Les tenants de l'ordre établi s'entendent à garantir les biens du comte. Tous veulent montrer au pauvre hère que prélever le moindre gibier sur l'immense domaine du maître des lieux, même pour nourrir sa famille, est un acte ignominieux. Nul ne doit menacer l'ordre et la propriété.

Une magnifique histoire où la nature occupe une place prépondérante, une nature que l'auteur décrit avec une acuité admirable. Il parvient à en saisir toutes les odeurs, tous les sons qui émanent de toute part, à observer les changements à peine perceptibles des paysages au fil des saisons. L'unicité de l'homme et de la nature dépeinte par l'auteur est sensible et magique. Cette harmonie entre l'homme et son environnement contraste terriblement avec les rancœurs et les haines viscérales qui animent les individus.
Exaltation de la nature. 8 étoiles

Un Genevoix moins facile à aborder que certains autres. L'écriture y est plus pointue, plus ardue dans sa compréhension et sa musicalité. J'ai du me faire violence pour relancer la lecture. Le récit est magnifique et s'oriente avec art de l'obscurité de la forêt vers celle de l'âme. L'inexorable est présenté en filigrane pour aboutir à l'inéluctable. A l'heure où être au salon de l'agriculture semble être le summum de la ruralité ( que de conneries débitées par les médias), j'invite les pseudos ruraux à lire Genevoix, à mettre les bottes et venir se bauger avec les habitants des villages reculés de la France profonde. J'ai cru voir des gens de mon village tout au long du récit, des rugueux, taiseux, proche de la nature mais pas si terre à terre.

Hexagone - - 53 ans - 7 mars 2009


bon pour le "Grenelle de l'Environnement" !! 9 étoiles

Ce magnifique roman de Maurice Genevoix n'est pas aussi démodé que ce que l'on pense, bien au contraire il est, par son histoire, redevenu en plein dans l'ère du temps, au moment où on nous dit qu'il faut retrouver les joies de la vraie nature, la beauté des paysages, respirer l'air frais de nos campagnes.
Dans "Le Raboliot" on est particulièrement servi: on hume au fil des pages la senteur des bruyères et des chênes de la forêt de Sologne, probablement aux alentours de la Ferté St-Aubin et de St-Viâtre à quelques lieues de là.
C'est une lecture rafraîchissante que nous offre Maurice Genevoix dans son livre "Le Raboliot", une belle escapade qui nous fait oublier les soucis de la vie d'aujourd'hui.
A lire absolument !

Béa44 - Nantes - 59 ans - 23 novembre 2008


Le bon sauvage 8 étoiles

Ce livre écrit en 1924 a reçu le prix Goncourt en 1925. Tout comme dans la dernière harde, Maurice Genevoix y exalte la nature, en particulier la Sologne. Le lecteur du 21ème siècle qui lit ce livre se trouve confronté avec un monde perdu : celui de la forêt, des braconniers, des petits hameaux ou tout le monde se connait, des luttes avec les garde-chasses et les propriétaires foncier.

L'histoire est celle d'un homme simple, Raboliot, sorte de figure du bon sauvage. En harmonie avec la nature, il braconne par nécessité et parce qu'il a ça dans le sang. Mais cette homme va être opposé à l'ordre établi, un drame de la rivalité et de la haine va se jouer entre lui et un garde chasse.

Comme dans la dernière harde, la nature joue un rôle essentiel, les descriptions sont omniprésentes ce qui fait du livre une ôde à la forêt. Ce livre est par certain aspects démodé, mais il plaira aux nostalgiques de la forêt et de la vie naturelle, sans devoir aller jusqu'à Larzac.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 23 novembre 2008