Je n'ai malheureusement aucune référence en matière de bande dessinée, à peine quelques Astérix et Tintin lus par pur hasard et sans véritable passion. Je n'ai jamais été attiré par ce genre d'ouvrage et je n'en tire aucune fierté. Ajouté à cela que la poésie ne m'éveille pas non plus. Ce qui, je le reconnais volontiers, commence à faire beaucoup pour une seule et même personne. Reste l'immense galaxie en pleine expansion de la littérature, et ça, c'est déjà beaucoup.
Revenons donc à l'ouvrage de Carrier. Le graphisme, ainsi que le traitement en noir et blanc m'ont plu tout de suite, tout comme le sujet. Le héros, à l'image d'un ancien conteur du pays de Caux ou d'un sage africain assis sous l'arbre à palabre, incarne le passeur de mémoire. Grâce à sa prodigieuse faculté a pouvoir conserver dans le labyrinthe de son cerveau tous les ouvrages qui lui sont donnés à lire, il est devenu le dépositaire de la mémoire collective.
En abordant les thèmes de la fragilité de la mémoire et l'importance de la transmission du savoir, l'auteur s'est efforcé d'en décliner plusieurs aspects, à l'exemple de l'exploitation du héros par un impresario sans scrupules, de la censure exercé par les maîtres de la pensée unique ou de l'abandon des connaissances faute d'interlocuteur en quête de savoir.
Malheureusement, une impression de fouillis se dégage de cette BD où les différentes scènes ne semblent pas toujours raccords. Car si on comprend bien le sens des scènes détachées du cadre général du livre, en revanche, il est malaisé de saisir totalement la manière dont elles s'articulent les unes par rapport aux autres.
Un ouvrage louable de par son sujet, mais qui pêche par son coté fourre tout.
Heyrike - Eure - 57 ans - 3 août 2006 |