Fenêtres de Manhattan de Antonio Muñoz Molina
( Ventanas de Manhattan)
Catégorie(s) : Littérature => Voyages et aventures
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Ivresse sentimentale
Le dernier livre d'Antonio Munoz Molina nous parle uniquement de Manhattan en 87 chapitres qui sont autant de portraits, de croquis, d'esquisses, de ballades dans une ville magique.Tour de force littéraire? Pas du tout mais bien davantage une promenade tendre dans une ville qui ne l'est pas.
J'ai ressenti comme lui la banalité de l'arrivée avant la fascination de la découverte, cette soif de vouloir tout voir, tout entendre, tout comprendre, cette fatigue aussi quand, le soir venu, on regarde aux fenêtres d'en face pour imaginer d'autres vies "dans cette ville qui provoque constamment le regard".
Mais je n'ai pas aimé ce livre que pour cette similitude de sensations. Je l'ai aimé pour de superbes moments quand il parle des livres ("invite excitante et aussi un début de remords anticipé, une promesse de sensations...et l'avertissement qu'on ne peut pas lire tous les livres qu'on voudrait"), des librairies qui disparaissent, d'amis tel ce Mark, professeur dans la petite Italie du Bronx, de peintures, celles d'Edward Hoper ou "Le cavalier Polonais" de la collection Frick déjà évoqué dans son roman "Le royaume des voix", ou encore de musique (qui n'a pas entendu Blossom Dearie chanter "Manhattan" ne peut tout à fait imaginer "l'ivresse sentimentale à retardement quand il est si agréable de marcher sur la Cinquième Avenue...").
Surtout Manhattan est un fabuleux révélateur de soi. Ici Munoz Molina n'a plus la notoriété de l'écrivain reconnu, les New-Yorkais ne connaissent pas ses racines, sa mémoire. Il est "Monsieur Personne" que les gens "ne voient pas car ils ne vous regardent pas." Et citant Joseph Brodsky - "les miroirs des hôtels (en l'occurence les fenêtres de Manhattan-NDL) - ne nous révêlent pas notre identité mais notre anonymat"- c'est en n'étant plus personne qu'on est le plus soi-même.
Il évoque magistralement cette distance entre l'étranger et la ville, distance qu'il décrit, dans une langue superbement traduite par Philippe Bataillon, en racontant le 11 septembre où il montre plus de curiosité que d'empathie, distance illustrée dans le fait qu'il marche vers les Tours Jumelles, c'est à dire à contre courant des gens qui fuient vers le Nord.
La description n'est pas idyllique, ce livre n'est pas un guide touristique; il parle d'une ville agressive, d'une capitale de tant de déracinements où un SDF a écrit sur sa pancarte "J'ai besoin d'un miracle".
Je suis tombé il y a 10 ans sous le charme de New York et aujourd'hui sous le charme de ce livre. Si j'ai la chance d'y aller une fois encore, "Fenêtres de Manhattan" sera dans mes bagages.
Enfin c'est simplement mon avis.
Les éditions
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Fenêtres de Manhattan [Texte imprimé], roman Antonio Muñoz Molina traduit de l'espagnol par Philippe Bataillon
de Muñoz Molina, Antonio Bataillon, Philippe (Traducteur)
Seuil
ISBN : 9782020693554 ; 19,17 € ; 07/10/2005 ; 347 p. ; Broché
Les livres liés
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Les critiques éclairs (2)
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Quelques instants à Manhattan
Critique de Valencia (, Inscrite le 15 octobre 2008, 39 ans) - 19 octobre 2008
ambiance nostalgique
Critique de Francesco (Bruxelles, Inscrit le 16 février 2001, 79 ans) - 30 novembre 2005
On se laisse embarquer dans sa description forte et nostalgique.
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