Jeremiah, tome 1 : La nuit des rapaces
de Hermann

critiqué par Shelton, le 11 novembre 2005
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Après la cataclysme...
Hermann, un des derniers grands, très grands de la bédé, est né en 1938, en Belgique (Bévercé, pour être précis, car la Belgique c’est quand même assez vaste…), Hermann Huppen de son véritable nom, et c’est surtout à partir de 1963 que l’on pourra parler de lui en disant « le dessinateur Hermann » car c’est à ce moment là qu’il commencera avec le scénariste Greg la série Bernard Prince.
Mais après plusieurs réalisations de qualité dans les milieux francobelge de la bande dessinée, Comanche et Jugurtha, c’est avec une revue allemande, Zack, que Hermann va nous offrir sa plus grande réussite, Jérémiah, en 1979.
Cette série, qui va s’affirmer en quelques années comme une œuvre de qualité, va permettre à l’auteur d’unir ses deux passions, le western et la science fiction. L’histoire, du moins au départ, est assez simple… La planète a été ravagée par un conflit universel sur lequel on ne saura pas grand chose, mais les survivants, eux, veulent s’en sortir. Chaque clan veut prendre le dessus sur les autres, imposer sa loi, ses règles et profiter du peu de ressources qui restent à disposition des humains…
Le premier tome, qui donne indiscutablement le ton de la série en offrant une ambiance de violence inhabituelle dans la bande dessinée de cette époque, nous montre le jeune Jérémiah abandonné, par négligence, dans un champ par son clan, un soir, au moment de rentrer au camp fortifié. Jérémiah survivra en dormant à la belle étoile après avoir rencontré le jeune Kurdy, jeune homme violent et assez violent… Et c’est cet épisode qui sauve Jérémiah de la mort qui a frappé tout son clan attaqué dans la nuit par les hommes de Birmingham… Birmingham qu’ils retrouvent à Langton, ville étrange où il est difficile de faire de vieux os, surtout si dès le départ on se positionne dans le camp des opposants à Birmingham… Kurdy n’avait pas trop l’intention de protéger Jérémiah mais il ne peut pas non plus se résoudre à le laisser se faire tuer lorsqu’il le voit pris en otage par Birmingham lui-même…
Le dessin, somme toute, assez classique laisse apparaître une narration graphique qui, elle, est beaucoup plus en avance que ce que les apparences laissent entrevoir… Quant à cette violence, bien réelle, elle est effectivement très forte à travers le dessin, la couleur, les textes mais, en même temps, elle n’est pas inutile, pas racoleuse, elle est exactement comme il le faut pour nous faire plonger dans une époque difficile à vivre, une époque que nous ne voudrions pas connaître…
Cette série ne fera que se renforcer tout au long de son histoire, qui n’est pas terminée, et la doublette du bon et fidèle Jérémiah, avec le débrouillard et roublard Kurdy devrait vous emballer et vous offrir de très bons moments de lecture…
Il s’agit d’une bande dessinée d’aventures tout à fait adaptée aux adolescents même si le côté western peut déstabiliser les nouvelles générations, mais c’est aussi une façon excellente de remettre à la mode l’esprit western qui est encore d’actualité car, quand il était bon, il parlait de l’humanité en général ce que fait très bien aussi Hermann avec Jérémiah…
Une excellente série 8 étoiles

et une très bonne idée qu'a eue l'ami Shelton de déterrer cette BD. Hermann comme il le dit, a eu son heure de gloire dans les années 80, et actuellement il est injustement un peu snobé par les jeunes loups de la BD. J'ai lu dans le journal BoDoï que nombreux sont les gens du métier qui regrettent que des festivals aussi prestigieux que celui d'Angoulème ne lui aient jamais rendu l'hommage qu'il mérite. Hermann est un géant, un des dessinateurs les plus fabuleux de sa génération, et non content de dormir sur ses lauriers, il nous démontre avec Jérémiah qu'il est aussi un excellent scénariste. Contrairement à certains de ses confrères, il se remet en question de façon permanente, et ses recherches graphiques repoussent ses propres limites, toujours un peu plus loin.

Le rat des champs - - 74 ans - 13 novembre 2005