Magnus
de Sylvie Germain

critiqué par Cuné, le 16 novembre 2005
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Prix Goncourt 2005 des lycéens
Je suis déconcertée après avoir lu ce roman, que j'ai entendu partout qualifié de "très joli", "poétique", "très réussi", et qui a été plébiscité par les jeunes... Personnellement je suis passée largement à côté ! L'histoire pourtant est réellement intéressante, celle de Magnus l'ours en peluche et de son propriétaire, l'enfant aux plusieurs prénoms, nationalités et héritages. On avance petit à petit dans cette histoire, on comprend pas à pas et on attend beaucoup : des révélations finales, des confrontations, des prises de conscience fabuleuses... Mais on reste sur sa faim, tout reste dans la suggestion malgré une solide introspection.
Alors, donc, il était une fois, finalement, un homme malheureux.
Je ne suis pas le bon public !
Faible 5 étoiles

Un enfant amnésique, en Allemagne pendant la IIème guerre, entouré de l’amour maternel. La fuite devant l’avancée des alliés, les études en Angleterre chez un oncle après la mort des parents.
Mais qui est-il réellement, d’où vient-il ? Une vie entière ne lui permettra pas de résoudre le mystère de ses origines.
Une construction intéressante, fragmentée comme l’est sa mémoire et son existence. Mais l'écriture est plate, la combinaison du drame personnel sur fond d’Allemagne nazie convenue, la trame un peu simpliste.
Vous pouvez passer votre chemin.

Romur - Viroflay - 51 ans - 1 janvier 2018


A la fois doux et fort comme un ours 8 étoiles

C’est avec une habile progressivité et au travers d’une écriture poétique que le lecteur est conduit vers le mystère de Magnus. Un thème peu fréquemment abordé dans la littérature francophone est bien celui de l’héritage psychologique des descendants de criminels de guerre. Celui-ci est évoqué dans un récit d’une taille idéale. Tantôt très concrètes, parfois proches du fantasmagorique, le héros fera diverses rencontres qui le conduiront peut-être à découvrir qui il est vraiment.
On ne peut que recommander ce bon roman qui pourrait cependant décevoir soit les adeptes de la rationalité absolue, soit ceux qui veulent que toutes les portes se ferment avant que se clôture un livre.
Un seul défaut tout de même pour moi, ce sont les citations des différents auteurs au cours du roman ; celles-ci, qui sont peut-être censées insuffler des respirations, cassent le rythme ou semblent vouloir légitimer ce qui ne le doit pas.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 29 avril 2014


Histoire d'un homme sans racine 6 étoiles

Quel livre déroutant ! Le style est intéressant, le français recherché. On ne relève aucun dialogue sauf avec le dernier personnage. Le récit apparaît décousu, même si la chronologie est respectée, et c’est voulu, puisque la plupart des chapitres s’intitulent « fragment ». Du coup, l’histoire semble hachée, entrecoupée de citations et de définitions, la douleur qui en transpire paraît sèche, le récit à la troisième personne empêche de trop s’impliquer.
Pourquoi une histoire si tourmentée ? Et la fin, qui n’en a pas, est du coup très décevante. On espère un dénuement qui ne vient pas. Les répits de bonheur dans cette vie décrite ne durent pas et c’est toujours la tristesse qui l’emporte, tandis que les interrogations restent.

Pascale Ew. - - 57 ans - 8 septembre 2006


Dans la lignée des Goncourt des Lycéens 9 étoiles

Nous découvrons la vie de Franz-George, nous vivons avec lui ses doutes et ses bonheurs... Un très bon livre.

Marafabian - - 52 ans - 11 août 2006


Ne point se venger ! 6 étoiles

Quel prénom donner à cet enfant puis à cet adolescent en détresse ? Franz-Georg, Adam ou Magnus (comme son ours qui recèle des bijoux familiaux) ?
Le premier rappelle son enfance auprès de ses "parents" dont l'un est criminel de guerre, le second son parcours en Angleterre chez son oncle Lothar et le troisième son périple au Mexique.
L'auteur nous instruit des premiers orgasmes de ce jeune homme.
L'âme de celui-ci se transpose dans une virtualité déjà vécue et lorsqu'il ferme les yeux il est capable de se créer des situations de délectation visuelles et auditives.
Mais on retiendra que la vengeance peut conduire à une déception ô combien amère !
Bernadette COUTURIER

Bernadette COUTURIER - - 72 ans - 21 mai 2006


Faut faire confiance aux lycéens pour le Goncourt ! 10 étoiles

Je serais d’avis de supprimer le Goncourt classique et ses imbroglios éditoriaux pour laisser tout le travail aux lycéens qui n’ont pas d’état d’âme quand ils choisissent le livre qui les intéresse. Et jusqu’alors je n’ai pas encore été déçue par le choix des lycéens. Au contraire, ils me font découvrir des auteurs à côté desquels j’étais passée. Ce qui n’étais pas le cas pour Sylvie Germain mais pour Laurent Gaudé.
Là, je savais que je ne serais pas déçue mais je ne pouvais imaginer l’emprise du livre en mon cœur.
Ce livre parle non seulement d’un fait qui a marqué ma propre vie (la découverte de la Shoah et l’interrogation sur l’attitude des adultes qui m’entouraient pendant les faits) mais ce livre parle aussi de l’importance de la lecture sur la vie réelle.
En effet, c’est un livre qui éclaire, illumine, projette son aura sur le mystère de la vie de Magnus.
Les livres, j’y suis attachée comme à des ancres pour m’enraciner en la vie. Vie rêvée, vie réelle, les livres multiplient mes espaces temps. Mes espoirs et mes peines aussi. Les livres ajoutent de l’intensité à ma vie. Ils me font entendre le monde, écouter avec le cœur.
Et là, j’avais le cœur à vif.

EXTRAIT :
« Mais il y a des livres écrits de telle sorte que, parfois, ils font sur certains lecteurs un effet semblable à celui de ces gros coquillages que l’on presse contre son oreille, et soudain on entend la rumeur de son sang mugir en sourdine dans la conque. Le bruit de l’océan, le bruit du vent, le bruit de notre propre cœur. Un bruissement de limbes. Adam a lu ce livre, qui à d’autres ne raconte qu’une histoire étrange , confuse, dont ils ne franchissent pas le seuil, et le livre se sera posé contre son oreille ; Un livre en creux, en douve, en abîme, où une nuée d’échos se sera mise à chuchoter. »
page 107/108

Channe01 - - 70 ans - 3 avril 2006


un doudou rêche 7 étoiles

Recluse dans un mutisme dénué de sens, la mémoire d’un ours peluche s’effiloche à chaque interrogation de l’enfant inquiet après la débâcle de l’armée germanique.
Plus tard devenu orphelin, élevé par son oncle, le jeune homme apprend sa vie, goûte la saveur arrière de ses fantômes intimes.
A travers une quête improbable de racines meurtries, la vie de l’homme mûr, ballotte d’un pays à l’autre, construisant son personnage telle une ombre grandissante qui aurait du mal à trouver la lumière.
Une histoire peu banale, cahotante, comme le récit, entrecoupée de quelques morceaux de poésie bien choisis.

Agréable à lire, ce roman soulevant le voile d’un drame, reste une belle manière d’aborder des sujets profonds sans jamais s’y impliquer corps et âme.
Madame Germain aurait peut-être dû arrêter l’errance du personnage en Autriche…

Bertrand-môgendre - ici et là - 69 ans - 9 mars 2006


Le parcours d'une vie 10 étoiles

Je ne sais pas quoi dire , j'ai acheté ce livre en même temps que trois jours chez ma mère , puisque lui aussi a eu un prix ...et en le lisant je me suis dit c'est lui qui aurait dû avoir le Goncourt .
Ca faisait longtemps que je n'avais pas ressenti ce que j'ai ressenti en lisant . Bien longtemps . Trop longtemps . L'histoire est fluide bien écrite, originale , on est transporté dans cet univers ....on est surpris de la tournure des évènements bref on ne s'ennuie pas ...on regrette presque d'être aussi transporté puisqu'on va refermer le livre rapidement (pour ma part je l'ai lu en même pas un jour ) ....Mais une chose est sûre je ne l'oublierai pas de sitôt , et maintenant lorsque je verrai un ours en peluche je l’appellerai Magnus et je me rappellerai ce roman.... magique . J'ai découvert Sylvie Germain par ce livre et une chose est sûre s'ils sont tous comme ça je vais tous les lire !

Tyty2410 - paris - 38 ans - 16 février 2006


Qui suis-je? 7 étoiles

Magnus, c’est l’ourson en peluche d’un garçonnet amnésique de cinq ans. Il ne connaît rien de sa petite enfance et de ses origines. Élevé dans une famille allemande favorable à Hitler, il fuit avec elle suite à la chute de l’empire nazi. C’est la première identité pour cet héritier de personne, venu de nulle part. Tout au long de l’accumulation des fragments de sa vie, des morceaux de mémoire, l’auteure alimentera sa crise identitaire avec un doigté admirable.

Notre sujet inconnu s’installe ici et là sur la planète, il apprend plusieurs langues et change de noms à maintes reprises – empruntant même celui de son ourson. « Il marche à la suite des noms en procession, mendiant le sien. » Incapable de se définir lui-même, l’enfant devenu homme subit la déroute, rongé par l’absence d’un soi véritable et cruellement abandonné par le destin, meurtrier de tous les personnages piliers de son entourage.

Il ne s’agit pas ici d’une œuvre conventionnelle. Le texte de « Magnus » est traversé de lyrisme grandiose et de poésie sinistre. Je me suis surpris à relire certains passages absolument magnifiques. D’ailleurs au final, c’est la plume magistrale de Sylvie Germain qui réussit à rescaper ce récit plutôt ordinaire.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 6 février 2006


recherche identité désespérement 10 étoiles

Le style de Sylvie Germain est toujours aussi magique, il nous transporte dans un autre monde, de rêverie et de poésie. L'histoire de ce petit garçon qui n'a gardé de son passé qu'un ours en peluche "Magnus" est en fait le symbole de la quête psychanalytique qui permet d'arriver un jour à laisser de côté ses traumatismes et son passé pour devenir vraiment soi-même. J'ai trouvé ce livre passionnant, chaque phrase est à déguster. Ce n'est pas tant l'histoire en elle-même qui est importante mais la musique qui s'en dégage.

Jumeirah - - 72 ans - 21 janvier 2006