Rigodon
de Louis-Ferdinand Céline

critiqué par Jules, le 29 mai 2001
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Plus fort qu'un grand film d'action !
Le matin du premier juillet 1961, Céline dit à sa femme Lucette que « Rigodon » est terminé. Il écrit à Gallimard que le livre tant attendu est fini… Le soir, il est mort !
Ce livre débute par plusieurs petits textes de deux ou trois pages dans lesquels il se moque des gens qui veulent l'interviewer sur des sujets les plus divers. Poliment dit, il les envoie « péter » !
Dans son livre « Rigodon », il nous raconte son périple en chemin de fer, avec Lucette et Bébert (le chat) à travers l'Allemagne, avec pour objectif d’aller au Danemark.
En chemin, il sera bien souvent détourné et se retrouvera même à Sigmaringen en même temps que Pétain. L'Allemagne explose, brûle, meurt, gémit sous les bombes alliées. Tout se déglingue : les voies, les locos, les wagons, les maisons, les immeubles et la « fameuse » Wehrmacht. Les collabos trouillent à ne plus en pouvoir et nombreux sont ceux qui se préparent au suicide.
Louis-Ferdinand erre dans cet enfer avec Lucette et Bébert.
Quand Louis-Ferdinand nous raconte une histoire de ce genre, le DVD n'est qu’une bien vieille invention, plus que périmée, à l’image et au son des plus défectueux !…
Confusion et ennui 5 étoiles

Comme elko, je me suis terriblement ennuyé tout au long de ce périple nauséabond(Cela m'a fait penser un peu à "La route").
Et cette ponctuation truffée de points de suspensions n'aide vraiment pas à la lecture;drôle de syntaxe, j'avoue que je ne comprends pas ce qu'a voulu faire Céline.
Un peu plus tard, je lirai "D'un château l'autre", le premier volume de cette trilogie...

Henri Cachia - LILLE - 62 ans - 11 septembre 2011


Voyage au bout de l'ennui 4 étoiles

Bon d'accord commencer la trilogie par le dernier tome n'est peut être pas la meilleure idée. Surtout quand on sait que Céline n'a pu que laisser une version non corrigée de son travail. Malgré tout quel ennui cette succession de trains, ces marches à n'en plus finir, ces paragraphes redondants à la limite de la nausée. Seul le style célinien sauve un peu l'ensemble.

Elko - Niort - 48 ans - 4 septembre 2011


La grandeur du dédain 10 étoiles

Ce qu'il y a de bien avec Céline, c'est qu'il ne respecte rien. Ses livres témoignent de la noblesse du pamphlet: il est méprisant, agressif, cynique, sarcastique...
Le début du récit s'ancre dans le présent. Céline envoie chier tous les personnages qui tentent de l'approcher avec une classe mêlée d'agressivité et de dédain dont lui seul a le secret. Puis, il a une crise de fièvre hallucinatoire due au paludisme, et le récit commence.
Céline narre sa traversée d'une Europe détruite par les bombardements et gangrénée par l'anarchie, la cruauté et la bêtise. Son regards sur ce monde en cendre est froid, cynique, sans complaisance. Il n'épargne rien ni personne. Tantôt, ce sont les nazis qui sont tournés en ridicules, tantôt ce sont les victimes de la guerre, trop lâches ou trop bêtes.

Étant le dernier livre de Céline, Rigodon marque l'apogée de son style: les constructions grammaticales sont malmenées à l'extrême et une multitudes de registres linguistiques se côtoient (ce qui, je l'avoue, est tout d'abord rebutant: j'ai deviné le sens de certain passages plus que je ne les ai compris). Le cynisme est ce qui définit le mieux le récit, tant il est présent dans chaque mot qu'écrit (et que prononce presque) Céline. Rappelons que ce dernier a le culot de prédire l'invasion de la France par le Chine , ce qui voudrait dire que, selon lui, nous serions colonisés depuis... 1963!

En bref, Rigodon est sans doute le meilleur livre de Céline, mais on pourrait lui reprocher de ne pas être assez accessible. Toutefois, c'est un livre qui mérite très largement d'être lu, relu, et rerelu.

Bastien N. - - 34 ans - 11 octobre 2009


Faut s'accrocher 6 étoiles

J'ai eu du mal à terminer ce livre, pourtant il restera dans ma mémoire, c'est sûr. Du mal à le terminer car c'est très confus, d'autant plus que c'est le dernier d'une trilogie et que je n'avais pas lu les premiers. Heureusement que je m'en suis rendu compte en lisant la critique de Jules. En outre Céline y règle ses comptes avec les critiques et le monde en général de manière un peu trop fréquente : même si il a un humour grandiose, j’avais l’impression d’assister à un règlement de comptes dont je ne connaissais pas les tenants et aboutissements

Deux passages marquants : lorsque l'officier nazi aux théories Nietzschéennes fait descendre les passagers du train en pleine campagne et un froid de canard, avant de réembarquer ce qu'il en reste deux jours plus tard. Et puis lorsque Céline hérite de "ses petits crétins", des orphelins dont personne ne veut : pas égoïste pour un sou, il les prend en charge et sous le langage et les sarcasmes on sent poindre une grande humanité chez cet homme par moment imbuvable.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 7 juin 2005


Au coeur de l'Allemagne dévastée 6 étoiles

Avec Rigodon, Céline met fin à la trilogie commencée avec "D'un château l'autre" et "Nord". On retrouve les quatre fugitifs français là où on les avait laissés à la fin de "Nord". Lili, Louis-Ferdinand, l'acteur Le Vigan mais aussi leur chat Bébert poursuivent leur fuite effrénée au coeur de villes détruites et de gares bombardées. Une Allemagne en pleine débâcle, à feu et à sang. Ils prennent le train, de Rostock à Copenhage en passant notamment par Hanovre et Hambourg.
Désordre et confusion. Comme l'écriture anarchique de Céline, difficile à suivre dans toutes ses digressions. Il nous perd souvent au gré de ses pensées vitupérantes, notamment au sujet du petit monde de l'édition parisienne.
Au terme de la lecture de Rigodon, je n'y ai pas retrouvé la même force dramatique que dans les deux premiers volets de la trilogie allemande.

Nothingman - Marche-en- Famenne - 44 ans - 18 décembre 2004