Pandora Box, tome 3 : La gourmandise
de Didier Alcante (Scénario), Steven Dupré (Dessin)

critiqué par Le rat des champs, le 22 novembre 2005
( - 74 ans)


La note:  étoiles
Dénonciation de la malbouffe
La gourmandise... Celle qui pousse les occidentaux à s'empiffrer sur le dos du tiers-monde, en finissant par mourir de leur cholestérol... Tézé est d'origine africaine, mais il a été adopté par un homme politique français. Quand ce dernier devient ministre de la Santé, à qui d'autre que ce fils intelligent et compétent offrir le poste de directeur de l'agence pour la sécurité alimentaire? A peine au poste, Tézé se voit confier le dossier de la vache folle autrement dit de l'encéphalopathie bovine, et il peut constater à quel point l'agriculture intensive, la recherche effrénée du profit à court terme conduit à des catastrophes pour la santé humaine. Des enfants décèdent de la maladie de Creutzfeld-Jacob parce que des industriels sans scrupules ont trafiqué leur nourriture, l'élevage intensif provoque des catastrophes sanitaires et écologiques, et Tézé subit des pressions importantes pour ne pas faire correctement son travail. Acceptera-t-il de perdre son âme? Ses racines africaines l'aideront-elles à se révolter contre l'inacceptable?
Cet album est à mon avis le plus profond et la plus abouti de cette excellente série, le scénariste se révèle un ardent défenseur de l'écologie et de la moralité dans l'alimentation. Peut-être est-ce le fils spirituel de Jose Bové? Le dessin de cet opus est à mon avis un des plus beaux de la série, ce qui est un grand compliment.
Extra! 10 étoiles

Avec un concept original, Alcante revisite à notre époque les sept vices qui rongent l'humanité. Cet album est un coup de poignard ! Une véritable giffle qui vous suivra tout au long de la journée!

Vous croyiez la vache folle enterrée? Détrompez-vous! Une nouvelle forme de l'ESB touche à nouveau la France. Et cette forme est beaucoup plus nocive et également inarrêtable. L'économie va à la catastrophe. Des millions de vies sont en jeu...

En alliant mythologie grecque, actualité et anticipation, Alcante nous en met plein la vue! A lire absolument!

Yann-Vari AR BRUSK - - 35 ans - 22 avril 2006


Merci au rat pour cette découverte ! 10 étoiles

Un concept qui a déjà fait ses preuves : on demande à un scénariste une grande histoire que l’on pourrait raconter avec de nombreux scénaristes. L’avantage est simple, unité d’action et rapidité de sortie des albums… Souvenez-vous, nous étions des milliers à avoir trouvé le premier album de XIII extraordinaire… mais que d’attente pour finalement rencontrer un scénariste qui s’use, un dessinateur qui se lasse… Là, c’est très différent, une histoire terminée, qui tient la route, mais une équipe de dessinateurs qui travaillent, ensemble ou seuls, et qui proposent aux lecteurs la possibilité de ne plus attendre pour avoir une histoire complète… Décalogue, Le triangle secret, Une folie très ordinaire ou Quintett, elles sont nombreuses les séries à avoir utilisé ce stratagème… très honnête, en plus, car au service du lecteur…
Pandora Box se situe dans cette lignée avec la volonté de rendre visite à tous les vices, vous savez ce que nous apprenions quand nous étions petits : l’orgueil, la paresse, la gourmandise, la luxure, l’avarice, l’envie et la colère… Mais pour faire de cette fresque une réussite, le scénariste, Alcante, qui fait ses débuts dans la bande dessinée, veut utiliser les grands mythes de l’humanité pour démontrer que rien ne se crée ni se perd dans le domaine des heurts et malheurs de cet être humain depuis qu’il est sur la terre… La boite de Pandore, voilà ce que l’auteur ouvre pour nous… Pandore était cette femme, la première, offerte aux hommes pour leur plus grand malheur, celle qui a apporté les vices sur Terre… Mais Alcante nous donne une autre version des faits, en prouvant que l’homme n’a pas besoin de la femme pour faire le mal…
Alors, si je commence par cet album, c’est que tout simplement, les vices peuvent se lire dans l’ordre que l’on souhaite car chaque histoire est indépendante des autres… Et la gourmandise, j’ai tendance à penser que ce n’est pas un vice, c’est juste un comportement normal, très humain… mais c’est surtout l’occasion pour les auteurs ne nous offrir une histoire qui m’a beaucoup plu, que j’ai trouvé très bien construite avec réalisme, suspense et émotion… Du beau travail !
En fait, nous sommes à la période contemporaine, un peu après la fameuse tragédie de la vache folle, au moment où une nouvelle catastrophe semble se profiler… Nous sommes en compagnie de Tézé Egée, un spécialiste de l’alimentation de provenance animale, qui, un jour, à la demande de son père adoptif, ministre de la santé, devient directeur de l’agence française de sécurité des aliments…
Je ne veux pas tout vous raconter de cet album, de cette histoire, mais je voudrais seulement vous prévenir que rien de tout cela ne pourrait se passer dans la réalité… Nos hommes politiques sont beaucoup trop intègres, nos scientifiques trop rigoureux, nos lois assez solides, nos relations internationales bien assez fermes, et, surtout, l’argent et le désir de gains ne font plus recette depuis longtemps… Non, nous sommes bien dans de la fiction pure… Aucun risque, peuples de cette Terre dormez en paix, mangez, enfin ceux qui le peuvent, de toute votre faim et l’avenir est à vous…
Si je veux redevenir sérieux, je dirais que cette histoire met en évidence toute la difficulté pour les régimes libéraux et démocratiques, de faire la part des choses entre un principe de précaution, légitime et respectueux des personnes, et le libéralisme économique, qui laissant grand ouvert la concurrence, permet, aussi, aux malhonnêtes et aux faibles de gagner plus d’argent, toujours plus d’argent, en mettant en danger les autres habitants de cette planète…
Cette fiction permet de comprendre que le désir de toujours plus de bénéfices n’est pas compatible avec une alimentation de qualité qui offrirait la quantité à l’ensemble des populations du monde…
Quant à ce pauvre Tézé, personne ne sera surpris que devant le drame, son innocence, et ses origines (il a été adopté en Ethiopie), il laisse tout tomber et parte pour aider l’Ethiopie à trouver une solution à ses problèmes d’agriculture et d’alimentation… Un peu comme un message d’espérance, comme si les gens de bonne volonté pouvaient s’unir pour faire changer le monde, le rendre meilleur, supprimer la souffrance de cette vie…
Mais ce n’est que de la littérature…

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 19 décembre 2005