Jeremiah, tome 2 : Du sable plein les dents
de Hermann

critiqué par Shelton, le 24 novembre 2005
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Le désert... c'est presque vide !
Rappelons que le monde a subi un conflit ultime, une catastrophe nucléaire ou quelque chose comme ça, et que l’humanité tente de reprendre le dessus. Cette situation provoque un retour aux orientations tribales… pour ne pas dire plus. Nos deux héros ont réussi à survivre à une première histoire… Mais ce n’était que l’installation d’un décor général… Maintenant, la série va se consolider… Mais avec ce deuxième album, nous allons radicalement basculer dans l’esprit western, ce qui permet de dire que cette série de Hermann n’est pas sans rappeler celle de Giraud et Charlier, Blueberry.
En effet, tout, à commencer par l’ambiance, nous pousse vers les meilleurs épisodes des aventures de Blueberry. Je n’arrive pas à définir avec précision ce qui renvoie de façon si forte à ces bandes dessinées… mais c’est très net. Peut-être, est-ce à cause du désert, des caisses d’argent, du trésor cherché par tous, des relations entre Jérémiah et Kurdy qui ne sont pas sans rappeler celles, tumultueuses aussi, entre Blueberry et son «ami fidèle», Jimmy Mc Clure.
Kurdy et Jérémiah sont, en effet, dans le désert, les deux amis sont perdus, c’est la catastrophe…
« Quand on a le sens de l’orientation qui débloque, on ne prend pas un raccourci à travers le désert… »
…Et ils vont finir par se battre avec leurs poings… Une bonne bagarre dans le sable chaud, rien de tel pour souder une amitié… surtout si, en cours de combat, quelques coups de feu claquent et que l’on voit un homme s’écrouler et aboutir à leurs pieds…
Jérémiah ne supporte pas l’idée de laisser ce cadavre sécher au soleil et tandis qu’il cherche de quoi creuser une tombe – il trouvera finalement un os car, en plus, dans le désert il n’y a pas grand chose – Kurdy attend paisiblement, au soleil, et c’est ainsi qu’il sera le premier à parler au cadavre qui n’est jamais mort… Il se nomme David Corey, il est membre d’une société inter-ville, sorte de milice chargée de convoyer des fonds entre deux villes… et son convoi vient d’être attaqué, il est l’un des seuls survivants, un de ceux qui sait où les caisses ont été enterrées par les deux survivants de l’attaque, Corey et le capitaine. Ce dernier est, maintenant, prisonnier des hommes qui lui ont tiré dessus au début de l’album… Mais tout cela ne concerne pas nos deux amis perdus… Ils n’ont qu’à retrouver leur chemin et laisser les autres se débrouiller… C’est sans compter sur Kurdy, sa curiosité, sa cupidité, parfois, et son envie d’en découdre avec le monde entier, enfin ça c’est tout le temps…
Le résultat, est un album magnifique plein de chaleur, d’aventures, de sable et de vie. Je trouve que Hermann trouve très rapidement le ton idéal pour ses personnages et du coup sa série prend de la maturité beaucoup plus rapidement que d’autres.
L’auteur a aussi ce talent inégalable – enfin, à mon avis – pour mettre au milieu de cet enfer un jeune homme poète et musicien, qui serre son banjo comme d’autres leur ours en peluche… C’est touchant… et dramatique… mais à vous de le constater…