La violence
de Michel Wieviorka

critiqué par Veneziano, le 26 novembre 2005
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Une étude complète qui en apprend
Voilà un ouvrage clair, complet, assez dense et conceptuel, car c'est un essai sociologique. Il a le mérite de faire réfléchir sur l'ensemble des origines et des conséquences de la violence, même si sa lecture n'est pas de la première facilité en raison de sa nature. Cela permet de prendre utilement du recul face à l'émotion provoquée par l'actualité récente, ce dont j'avais personnellement besoin pour avoir les idées claires et pouvoir raisonner en totale connaissance de cause.
Après une définition que permet le chapitre "violence et conflit", ce livre expose notamment quelle est la part de l'Etat et des médias dans l'alimentation de la violence. Puis, il expose de manière synthétique l'apparition d'une nouvelle branche de la sociologique (et même de la criminologie) qu'est la victimologie, la victime ayant récemment changé de statut pour bénéficier d'une protection et d'une considération plus valorisante.

Après avoir vu les causes et les effets, l'auteur dissèque les éléments intrinsèques à la violence : les crises et les frustrations, la revendication dans le cadre de la violence instrumentale, les éléments liés à la personnalité - psychologiques - , la perte de valeurs, de sens et de repères, la possibilité du non-sens (en somme l'acte gratuit), la cruauté et la "marque du sujet", c'est-à-dire une posture identitaire de l'auteur qui pense se valoriser par l'acte de violence.

Alors, évidemment, l'auteur, sociologue, jargonne un peu, comme vous pouvez le sentir par certaines expressions et intitulés ici repris. Cette conceptualisation, déformation professionnelle somme toute acceptable et honorable, rend la lecture un peu hardue de ce livre pourtant assez court.

Néanmoins, quand on fait l'effort d'arriver à son terme, ce qui n'est pas trop difficilement surmontable, on se sent enrichi et l'on saisit la polymorphie du phénomène et ses implications. Si l'on n'en sort pas fatalement rassuré, on a toutefois l'impression de maîtriser davantage le phénomène, au moins au sens intellectuel du terme.