Images et propagande
de Fabrice d' Almeida

critiqué par Shelton, le 29 novembre 2005
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Il faut résister à l'image...
Pendant de longues années, les historiens ont sous-estimé la place de l’image dans l’histoire des XIXè et XXè siècles. Depuis les travaux de gens comme Maurice Agulhon et le Groupe d’étude des images fixes, les choses ont bien changé et le regard sur ces périodes de l’histoire immédiate a considérablement évolué. Dans un petit livre accessible à tous, Fabrice d’Almeida se propose de reprendre ce thème de l’image, sur une période précise, le XXè siècle, en se focalisant sur la propagande… Tout un programme…
Il ne s’agit pas d’un catalogue d’images toutes plus effrayantes que les autres. En fait, l’auteur, prend un certain nombre de clichés et les passe au crible du chercheur avec méthodologie : il tente de déterminer la personnalité de l’émetteur et son objectif, recherche le rôle que le média pouvait jouer dans la transmission du message et, en fin, évalue la portée de la propagande… Il ne faut pas croire que toute tentative de propagande ait fonctionné…
Le concept de propagande n’est pas une nouveauté. Un grand nombre d’anthropologues en ont trouvé des traces dans les civilisations anciennes ou retirées (en Nouvelle Guinée par exemple). Mais c’est l’Eglise Catholique, qui en 1622, officialise la méthode avec la création de la congrégation pour la propagation de la foi (propaganda). Il s’agissait bien de mettre toutes les techniques au service de la diffusion de la foi. A cette époque, il ne s’agissait pas d’organiser des manipulations mais bien de convertir pour sauver. On sait bien qu’il y eut des excès, c’est évident, mais le profit, malgré tout, n’était pas le moteur. C’est avec la démocratisation et le suffrage universel, que l’on a pu voir se mettre en place la propagande de masse, celle dont il est question tout au long du XXè siècle.
L’auteur du livre va donc nous raconter comment on est passé d’une propagande artisanale avec les partis ouvriers et les syndicats à la fin du XIXè siècle à une véritable organisation ne laissant rien au hasard comme dans certaines dictatures du XXè siècle.
Fabrice d’Almeida illustre son propos par un grand nombre d’images, affiches électorales, photos de presse, reportage et inauguration officielle, campagnes de soutien des combattants, par exemple lors de la première guerre mondiale… Tout y est présenté, avec précision, sans parti pris autre que celui de nous informer sur ces différents cas de mensonges, de manipulations… et, tout naturellement, son dernier chapitre traite du passage de la propagande à la communication politique…
Aujourd’hui, le communicant, dans tous les domaines, religieux, politique, économique et culturel, utilise les mêmes méthodes, celles qui ont fait leurs preuves, celles qui sont solides… Au citoyen de faire preuve de sens critique, de sens d’observation, de mémoire…
Il s’agit d’un ouvrage vraiment accessible à tous, bien illustré et posant de nombreuses questions. Vous n’y trouverez pas un palmarès du plus grand manipulateur d’images, mais si on vous demandait de le faire, vous seriez bien embêtés car la barre est placée très haut : allemands et français pendant la première guerre mondiale, Lénine, Staline, Hitler, Mussolini, Castro, Séguéla…
Le livre ayant été écrit en 1995, on n’y trouvera rien sur ce qui s’est passé depuis comme la chute du mur, la guerre du Golfe, les préparatifs de guerre en Irak des Américains… Mais ce sera probablement traité dans un livre aussi…
Indispensable à l’éducation du jeune citoyen !