Nocturnes : Peindre la nuit, jouer dans le noir
de Georges Banu

critiqué par Sahkti, le 30 novembre 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
La nuit sous toutes les formes
Georges Banu est professeur d'études théâtrales à la Sorbonne-Nouvelle. Dans ce cadre, il a publié quelques ouvrages ("le Rideau" et "L'Homme de dos") suivis aujourd'hui par cet intéressant "Nocturnes". La nuit est au centre du récit. La nuit qui est, aux yeux de Banu, "le jour vu de dos". Elément indissociable de l'âme d'une oeuvre car il met à l'épreuve la vue et invite à combler les manques que l'on pourrait ressentir en analysant une oeuvre qui ne se livre, comme aucune oeuvre d'ailleurs, jamais toute entière.
Georges Banu fouille les philosophes, les écrivains, les peintres et les hommes de théâtre, ces deux dernières catégories étant sondées plus en profondeur que les précédentes. Le paysage est évidemment au centre des préoccupations de Banu qui passe en revue quelques peintres ayant tenté d'insuffler à leur oeuvre un quelconque souffle nocturne. Tâche pas facile qui peut se révéler complètement ratée! Un des maîtres incontestés est Caspar David Friedrich qui va au-delà de la nuit et propose une approche dialectique intéressante du monde et du moi, éléments disctincts et pourtant indissociables.
Le tour d'horizon effectuée par Georges Banu est non seulement enrichissant sur le plan des éclairages qu'il apporte, mais aussi très beau. Des tableaux que j'ai pris plaisir à découvrir ou redécouvrir, comme Léon Spilliaert ou "la nuit de la jalousie" de Strindberg.
De tous temps la nuit a intrigué, fasciné et/ou irrité les artistes. Une vision quelque peu modifiée avec l'arrivée de l'électricité et d'une nouvelle forme d'éclairage nocturne.
Au-delà de la nuit dite naturelle, il existe également une autre forme d'obscurité nocturne, liée aux guerres et aux folies humaines. Une nuit cruelle propice aux exécutions et aux attentats divers.
Je ne vous passerai pas en revue toutes les nuits que Georges Banu évoque; il y a les nuits noires (celles de Soulages par exemple), les nuits théâtrales (Wagner) ou les nuits cinématographiques.
Un essai accessible consacré à la nuit et la place qu'elle occupe tant dans nos imaginaires que dans l'oeuvre collective.