Ce roman figure parmi les grands classiques de la SF et, sans conteste, cette place est amplement méritée ! Comme le dit Zaphod ci-dessus, « J’avais atteint l’âge de mille kilomètres » est une phrase désormais célèbre et elle donne bien le ton de ce roman.
La ville « Terre » se déplace sur des rails qu’il faut sans cesse ôter derrière soi pour replacer devant, elle doit absolument avancer pour rester le plus près possible de « l’optimum » sinon… sinon quoi ? Et bien, c’est ce que Helward Mann va découvrir maintenant qu’il a atteint l’âge de mille kilomètres. Il a le droit d’entrer dans la Guilde de son choix (les Voies, les Ponts, les Echanges ou les Futurs) après une période d’apprentissage qui va lui faire découvrir le monde qui l’entoure.
Sans vouloir spoiler quoi que ce soit, car la découverte de ce monde, page après page, est un plaisir qui ne se rencontre que trop rarement (malgré les tonnes de SF que j’ai déjà lu), je peux vous dire que le monde extérieur échappe à toute logique connue et ferait pâlir d’envie le moindre « non-aristotélicien ». Et nous voilà en train de le découvrir en même temps que Mann… et à mesure des découvertes, on commence à comprendre, à en saisir le sens, à en percevoir la logique physique, à se représenter ce monde (inverti) et on se dit « diantre, c’est du solide cette description ».
Et puis vient le dénouement final qui est à la fois une cerise sur le gâteau et à la fois cette petite touche acidulée qui nous titille la langue sans que l’on sache si c’est agréable ou non… si vous voyez ce que je veux dire ! ^^
L’écriture est simple et directe, pas de fioritures mais on ne prend pas le lecteur pour un analphabète non plus, c’est un descriptif logique, parfaitement linéaire de l’évolution de Mann, de son mode de pensée… et de la ville.
Cela dit, oui, bien sûr, il y a une autre lecture : il y a un niveau sociologique dans ce texte, à l’instar de « 1984 » par exemple, il y a une forme de critique du système, d’ « un » système de caste, de guilde, qui impose sa loi, simplement parce que « c’est ainsi », cela a « toujours » été ainsi. Pas de remise en question parce que cela pourrait compromettre l’équilibre de la société… oui mais, et justement, si c’était cette non remise en question qui était la lacune, qui était la cause de la stagnation… et d’ailleurs que vaut-il mieux ? Un équilibre salutaire et rassurant ou un changement risqué vers un mieux potentiel !?
Bref, c’est du tout tout tout grand roman ! A lire absolument !
Pendragon - Liernu - 54 ans - 2 septembre 2009 |