Jack Barron et l'Eternité de Norman Spinrad

Jack Barron et l'Eternité de Norman Spinrad
(Bug Jack Barron)

Catégorie(s) : Littérature => Fantasy, Horreur, SF et Fantastique

Critiqué par Elric, le 1 juin 2001 (Boussu, Inscrit le 15 mai 2001, 50 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (3 338ème position).
Visites : 6 989  (depuis Novembre 2007)

Science-Fiction ?

Ce livre écrit il y a trente ans est considéré (à juste titre) comme un classique de la science-fiction politique et contestataire.
Ou du moins il l'était. Car s'il est toujours un classique, le roman de Spinrad est-il encore de la SF? J'espère. Parce que cette description d'un monde dominé par les médias, où les présentateurs télé détiennent un pouvoir supérieur au pape et au roi réunis, où les talk-shows à scandales attirent des millions de spectateurs décérébrés et où les nantis s'offrent une quasi-immortalité par des expériences scientifiques meurtrières, ressemble trop à notre monde pour que l'on puisse encore parler d'anticipation. Presque tout ce que Spirad décrit est là, dans notre poste de télé, chaque soir à 20 heures et des poussières. Le reste ne devrait plus tarder à arriver... Big Brother vous regarde, maintenant vous regardez Big Brothers... Et tout le monde en redemande !

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Le grand fossé entre l'ancienne et la nouvelle SF (Noosfere)

8 étoiles

Critique de Martin1 (Chavagnes-en-Paillers (Vendée), Inscrit le 2 mars 2011, - ans) - 4 mars 2013

"Bug Jack Barron" est un livre palpitant, passionnant et très certainement intelligent. Il raconte l'histoire de deux hommes, deux immortels, deux montagnes qui cherchent à s'entretuer : "Nous sommes trop grands tous les deux, Bennie, trop grands pour que l'un de nous puisse terrasser l'autre sans faire crouler sur lui les colonnes du temple." (p.60).
Il raconte le combat de Jack Barron, symbole vivant de séduction et de popularité, Jack Barron et ses cent millions de téléspectateurs amoureux contre Benedict Howards, le puissant Howards et ses cinquante millions de dollars, le maître de la Fondation pour l'Hibernation publique - qui tient entre ses griffes, rien de moins que l'immortalité.

Norman Spinrad a réussi avec brio un livre mêlant humour, thriller, science-fiction et réflexion sur la politique. L'écriture est passable - on a l'impression que Spinrad a influencé Stephen King, non seulement par son style mais aussi par sa crudité. Et oui, Spinrad ne peut s'empêcher d'entrecouper son roman de scènes torrides, souvent inutiles, ce qui alourdit énormément l'histoire et rend détestable le personnage égoïste qu'est Jack Barron.
Les personnages ont des profils très intéressants et très cohérents, mais il est pratiquement impossible de s'y attacher réellement ; personnellement, je pense notre grand héros Jack est trop imbu de lui-même et ses moeurs bien trop immorales pour le tenir en grande estime, malgré son combat héroïque contre Bennie.
Et puis il y a Sara, l'amoureuse, Lukas Greene, un ami très sincère, mais sans doute ambitieux. Leurs profils sont tout sauf caricaturaux, mais Spinrad a un peu forcé sur leur vulgarité.
Ce roman est très politiquement incorrect, surtout sur des sujets comme le racisme ou les choix stratégiques des hommes de pouvoir, ce qui me fait bien plaisir. Mais la réflexion sur l'immortalité est en fait beaucoup moins pertinente que je m'y attendais.
Un bon roman donc, mais à déconseiller aux personnes faisant leurs premiers pas dans la SF, au risque de les dégoûter.

Ah oui !

8 étoiles

Critique de Lombryck (, Inscrit le 21 mars 2009, 41 ans) - 6 avril 2009

Juste pour rejoindre les critiques précédentes : ce livre est excellent. Mais également pour appuyer la critique de Fane : "malgré un style assez lourd et des descriptions à rallonge".
De plus, il pourrait être judicieux de retraduire le livre. Par exemple, j'ai mis quelques pages à comprendre que le mauvais voyage était en fait un bad trip...
A lire, sans aucun doute.

mais qu'est-ce qu'on fout là ??

9 étoiles

Critique de Julius (, Inscrit le 24 novembre 2004, 51 ans) - 27 août 2006

on m'avait dit qu'on était sur la terre pour faire le bien, parce qu'après on aurait la vie éternelle !!! je l'ai cru jusqu'à ce que je lise Jack Barron !! dire que je l'avais commencé il y a quelques années et l'avait abandonné ... mais quel con ! quel con !!
ce livre est fabuleux, du grand art, une réflexion sur le pouvoir, la politique, les médias, l'éternité, beaucoup de questions posées comme seule la SF sait le faire et le lecteur réfléchit, n'attendez pas de réponses, faites-les vous mêmes.
j'aime l'idée que le pouvoir est comme une drogue, que la politique est prétexte aux ambitions personnelles, que les médias manipulent, des évidences !! ah ah

j'aime ce livre parce que quand je l'ai terminé, je me suis à nouveau dit vous m'aurez pas bandes de raclures et j'ai repensé à cette phrase page 280 :

Il ne fait aucun doute que la présence de l'Homme sur la Terre ne soit l'aboutissement le plus parfait et le plus efficace d'un processus évolutionnaire tendant à transformer le plus possible d'aliments en merde.

ah ah ah ah ...

Etats-Unis de cauchemar

9 étoiles

Critique de Meuledor (, Inscrit le 1 février 2006, 57 ans) - 27 juin 2006

Ce roman va plus loin que la simple manipulation des medias, et autres reality show. C'est une critique sociale très dure, où le monde politique est corrompu, où les alliances se font et se défont à coup de pots-de-vin et d'assassinats.
La communauté noire est oppressée et concentrée dans le sud des US, un pays pauvre au milieu des US.
Poussant même certaines familles à vendre leurs enfants... D'ailleurs le premier débat TV de Jack tourne autour de la question : Les noirs ont-ils droit à l'éternité.

La drogue dans cette société est en vente libre, et sponsorise même l'émission de Jack (consommateur)
Comme si la dureté des sujets traités par Spinrad ne suffisait pas, il faut ajouter son style: cru, ordurier, cynique, décapant, parfois dérangeant. Très efficace.

Spinrad maitrise le temps. Les émissions ne durent qu'une heure. Jack utilise les pauses publicitaires pour augmenter la pression sur son interlocuteur, en plus d'effets visuels.
Le passé de Jack est toujours présent. Un passé politique (les bébés Bolcheviques), amoureux et passionné avec Sara. Quand au futur, c'est l'immortalité, mais à quel prix.

Il faut savoir que ce roman fut d'abord publié dans une revue (New Worlds), et que le scandale de sa parution et sa censure fut discuté aux parlements. Nous sommes en 1959.

La fiction de ce roman est peut-être de croire que les téléspectateurs (100 millions) vont réagir si on leur expose les faits, sans langue de bois. Tout le monde sait que les téléspectateurs d'aujourd'hui ne réagissent plus...

L'immortalité, ou le cadeau empoisonné

7 étoiles

Critique de Fane (Nancy, Inscrite le 28 mai 2003, 46 ans) - 14 août 2003

Ce livre est bel et bien de la SF et le restera... Rappelons qu'il a été écrit en 1969, et c’était encore les premiers balbutiements de l'informatique et des greffe d’organes. Pour moi ce livre est véritablement visionnaire dans le sens où, lorsqu'on le lit 35 ans plus tard, la réalité a presque rejoint la fiction. Il décrit avant l'heure ce que sont devenus les médias dans notre société : de la télé-réalité voyeuriste, un véritable déversoir à frustrations. Il dénonce l'abrutissement et la soumission librement consentie des masses et le cynisme du pouvoir des médias. Spinrad avait également vu, avant tout le monde, que le corps humain allait devenir une marchandise comme une autre. Ce qui fait que ce livre restera de la science-fiction, c’est bien sûr le thème de l'immortalité, qui est encore loin d’être une réalité ! Jack Barron, le présentateur d’un talk-show à succès, le redresseur de torts, se met au service des faibles et dénonce les puissants devant 100 millions de téléspectateurs. Mais il n’est reste pas moins homme, avec ses calculs opportunistes, sa conscience et ses désirs. Va-t-il se laisser corrompre par l’argent et le pouvoir ? Non, Jack Barron, le cynique et méprisant, n’appartient à personne ! Mais qui pourrait résister à la plus précieuse des monnaies d'échange, la vie éternelle ? J’ai donc apprécié ce livre, malgré un style assez lourd et des descriptions à rallonge, entre le lyrique et le vulgaire ; d'innombrables parenthèses qui cassent le rythme, des répétitions et images récurrentes qui surprennent au début, mais qui finalement enrichissent le récit. A découvrir, d'autant plus que l'histoire est très prenante.

C'est plus de la SF...

7 étoiles

Critique de Eto Demerzel (Montignies-Sur-Sambre, Inscrit le 10 avril 2001, 44 ans) - 2 novembre 2001

C'est vrai! Doit-on classer, de nos jours, ce livre dans la collection SF. Je commence à en douter... La course à l'audimat, à l'immortalité (clonage),... pour certains, c'est une réalité. Mis à part cet aspect prophétique, je trouve que ce roman n'est pas le meilleur de Spinrad. Je vous conseille "En direct" et surtout "Les miroirs de l'esprit" qui sont des romans RENVERSANTS.

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