La femme qui se cognait dans les portes de Roddy Doyle

La femme qui se cognait dans les portes de Roddy Doyle
( The woman who walked into doors)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone

Critiqué par Zaphod, le 5 décembre 2005 (Namur, Inscrit le 29 novembre 2005, 60 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 806ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
Visites : 4 675  (depuis Novembre 2007)

Dans la peau (meurtrie) d’une femme

Ce livre m’a permis de m’arrêter sur ce que peut être le terrible quotidien d’une femme battue, phénomène bien plus répandu qu’on ne pourrait le croire.

Une chose qui m’a frappée, c’est cette une sorte de fatalité qui transparaît chez l’héroïne, Paula, cette femme qui assiste à sa propre déchéance, depuis la rencontre fatale avec Charlo Spencer, un mec un peu macho, mais tellement rassurant et bien moulé dans ses jeans jusqu’à la fin – relatée à la première page du livre en fait, où un policier vient lui annoncer la mort par balle de Charlo; en passant par l’alcool, seul moyen de ne pas sombrer dans la psychose, les passages à l’hôpital, les mensonges pour expliquer les hématomes, la solitude et la peur au quotidien, l’indifférence des autres, l’incertitude et le stress permanent de savoir quand il rentrera, de quelle humeur il sera, quel mots il faudra ou ne faudra pas prononcer, quel repas il faudra avoir préparé.
C’est sortir de cette fatalité, semble-t-il, qui demande le plus de courage et d’efforts.

Fantastique tour de force de Doyle. On a tellement l’impression d’être le témoin des confidences d’une femme, qu’on se prend à douter que cette histoire ait bien été écrite par un homme. A son habitude, Doyle arrive à nous parler de la pire misère sans verser dans le mélo. On se prend même à rire parfois, mais c’est d’autant plus poignant ; c’est là que ce personnage m’épate par son courage : les mots sont tellement simples et pudiques qu’on dirait qu’elle ne veut pas nous choquer (oui, je m’exprime comme s’il s’agissait d’un personnage réel, mais c’est tellement réaliste justement !)

Et là où ma compréhension d’homme s’arrête, c’est qu’il transparaît encore de l’amour dans les paroles de Paula. Comment peut-elle encore espérer, encore aimer son bourreau, encore vouloir croire en ses vaines promesses ?

Et il y a aussi la langue savoureuse des faubourgs de Dublin (je ne sais ce que ça donne en traduction) et les problèmes et la débrouillardise d’une banlieue pauvre, ce cadre « exotique » qui crée une ambiance particulière dont l’auteur a le secret.

On termine ce livre avec une réelle sympathie (empathie ?) pour Paula, une banale ménagère qui au fil des pages prend une ampleur de véritable héroïne.

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Les éditions

  • La femme qui se cognait dans les portes [Texte imprimé] par Roddy Doyle trad. de l'anglais par Isabelle D.-Philippe
    de Doyle, Roddy Philippe, Isabelle D. (Traducteur)
    10-18 / 10-18
    ISBN : 9782264029683 ; 7,40 € ; 18/08/1999 ; 275 p. ; Poche
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Une saison en enfer

8 étoiles

Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 18 octobre 2012


Je me suis cognée dans les portes, je suis tombée dans l’escalier …..ce sont les explications que Paula donne aux médecins de l’hôpital où elle vient faire soigner les ecchymoses, coupures dues aux coups que lui assène régulièrement son époux Charlo « un mari qui se nourrissait de ma souffrance ». Mais comme cet époux l’accompagne aux urgences, comme elle sent l’alcool, alors on la croit……..

Le récit d’une plongée dans l’enfer de la violence conjugale, de l’alcoolisme, un récit sans souci de chronologie écrit deux ans après la mort de Charlo, qui croise des souvenirs d’enfance et d’adolescence, de l’enfer conjugal, de la période de 2 ans où Paula a chassé Charlo de la maison et de celle où elle est devenue la veuve d’un assassin. « Une veuve de 39 ans qui boit comme un trou. Une épave, avec des brèches à la place des dents et un souffle au cœur. Un débris, une épave, une ratée », mais un personnage attachant, lucide sur son état, sur ses responsabilités, qui résume ainsi les rapports bourreau/ victime:« Il m’aimait et il me battait. Je l’aimais et je l’encaissais »

La relation de cet enfer du couple et de l’addiction à l’alcool se fait sans pathos, grâce à une écriture précise, énergique, au rythme syncopé. De l’humour même, parfois, mais aussi des moments de tendresse, lorsque Paula évoque ses 4 enfants ou des passages oniriques, dans lesquels le rêve compensatoire permet de fuir un réel sordide « Je m’échappais dans mes rêves, ceux que je pouvais manipuler et contrôler. Mais je n’avais pas de vrais rêves, de rêves nocturnes ».

Un livre coup de poing .

Un réalisme qui met le lecteur mal à l'aise

9 étoiles

Critique de ZenZoo (, Inscrite le 29 août 2005, 44 ans) - 25 mai 2006

La femme qui se cognait dans les portes est un ouvrage très cru où l'on partage l'histoire de Paula, de sa rencontre avec Charlo, duquel elle tombe amoureuse, à sa progressive déchéance en femme battue, violée et humiliée par son propre mari.
J'ai été surprise par la force des mots employés par l'auteur desquels on devine le sadisme inouï de Charlo qui dénie l'identité de Paula en tant qu'être humain.
C'est un livre très puissant qui m'a forcée à ouvrir les yeux sur une réalité que vit des milliers de femmes nourries de faux espoirs.

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  Femmes battues.... 59 DE GOUGE 24 octobre 2012 @ 00:52

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