XXe ciel.com, tome 1 : Mémoires98
de Bernard Yslaire

critiqué par Kermit, le 9 octobre 2000
(Lillois - 45 ans)


La note:  étoiles
Rien que pour les dessins !
Yslaire m'a impressionnée dans " Sambre ",cette histoire d'amour tragique. Dans XXe ciel, il m'a époustouflée!
Ses dessins y sont encore plus parfaits. Ils ont une force telle que les mots ne sont presque pas nécessaires. La mise en page est très stylée et rend la lecture très agréable.
L'histoire est peut-être un peu simple ; elle retrace donc celle de cette vieille femme qui a vécu tout le XXe siècle. Yslaire illustre tous les grands moments de ce siècle sous forme de photos muettes mises l'une à la suite de l'autre, " d'instants volés à l'histoire ". Il n'y a, de prime abord, aucun lien apparent entre les images, aucun mot d'explication. Juste une date et un lieu. Mais après réflexion, ce qui me frappe, c'est la représentation quasi-obsessionnelle d'êtres volants, aux bras écartés. comme si l'humanité toute entière exprimait, au plus profond d'elle-même, le désir secret de s'envoler.
Les textes sont très poétiques et philosophiques. " Qu'est-ce que la réalité… sinon une histoire que l'on s'invente ? "
Bref, c'est une bande dessinée à avoir absolument dans sa bibliothèque car chaque planche mérite d'être regardée plus d'une fois !!
L’histoire d’un ange qui voulait changer le monde… 8 étoiles

Yslaire a conçu là une œuvre ambitieuse et riche en références, tant historiques que culturelles. On a presque quitté le domaine de la bande dessinée traditionnelle, ce « XXème ciel » est davantage un long poème graphique, où l’extérieur des cases (symbolisant le contexte, l’invisible) et l’intérieur (le récit, le visible) donnent lieu à un va-et-vient permanent. Servie par le graphisme toujours somptueux de l’auteur, l’histoire est aussi un voyage dans le XXème siècle, à travers la mémoire d’une femme. On est ainsi ballotté, au gré des événements et des rencontres, d’un continent à l’autre, mais aussi propulsé sur la Lune, là où l’homme a laissé son empreinte à la fin des années 70. La référence aux anges y est omniprésente, mais attention, ici pas de mièvrerie cul-cul, on est davantage dans la poésie, et d’ailleurs, qu’on y croit ou pas, l’histoire ne livre pas de réponses.

Par ce traitement singulier, l’ouvrage pourra en dérouter plus d’un. Yslaire a-t-il réussi son pari ? L’histoire de cette femme jamais consolée de la perte de son frère au crépuscule de sa vie est touchante. Frère disparu qu’elle croit être devenu ange. Sur le fond, il est difficile de l’évoquer en un paragraphe, tant celui-ci est complexe. Si l’auteur se garde bien de se prononcer sur l’existence de ces créatures mythiques, il dénonce en revanche sans ambiguïté les horreurs de la guerre et la cruauté humaine. Pour mieux prendre du recul et ne pas tomber dans la facilité, Yslaire veille toujours à prendre le recul nécessaire, faisant s’affronter l’imaginaire et le rationnel. Entre les deux, la poésie que personne ne peut contester. Car c’est peut-être le dernier rempart contre la barbarie, le dernier espoir de changer un jour le monde, le dernier acte révolutionnaire, comme aimait à le suggérer le grand Léo Ferré… Peut-être devient-on ange pour mieux échapper à l’implacable pesanteur terrestre et à la barbarie…

« XXème ciel » est donc une œuvre puissante, mais hélas pas forcément à la portée du plus grand nombre. Pas totalement réussie car s’égarant parfois dans des méandres scénaristiques confus, mais loin d’être ratée… La beauté graphique et poétique et la force de l’histoire concourent à en faire une œuvre digne d’intérêt et méritant largement une place dans votre bibliothèque.

[cette critique porte sur les quatre tomes de l'histoire]

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 8 mai 2010


Mystère et mysticisme 9 étoiles

Déjà conquise par la saga "Sambre", je reste époustouflée par le talent d'Yslaire dans ce premier tome de XXe ciel.com. Des dessins d'une force écrasante, sombres, peut-être, mais qui se portent sans mot, qui soufflent aux yeux avant que nous ayions le temps de cligner des paupières... Des couleurs. Sans adjectif. Immersion totale dans le XXe ciel.
Ce sont les images de la mémoire, mais Yslaire n'oublie pas de laisser au passage des indices de la sienne. Comme cette Fabienne Rouge-D'Yeu, qui nous rappelle vivement les "yeux rouges" des Sambre...
Quant aux personnages, ils sont la dignité même, superbes et éternels, fabuleux et forts, à la lumière de ce magnifique coup de crayon...

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 7 janvier 2004


Je lis peu de BD mais celle la vaut le détour! 9 étoiles

mémoires 98 et 99 m'ont complètement séduits, la fin m'a un peu déçu mais ces albums valent sans doute plus pour leur représentation de l'Histoire avec un grand H que pour l'histoire narrée en elle même.

Virgile - Spy - 45 ans - 16 juillet 2001


Le deuxième tome vient de sortir... 0 étoiles

...et il est aussi extraordinaire que le premier. On voudrait encadrer chaque image. A travers le personnage d'Eva Stern, Yslaire fait un bilan passionnant du siècle écoulé. On ne peut que s'incliner devant un tel talent de scénariste et de dessinateur. A montrer à tous ceux qui prétendent que les "petits Mickeys", c'est un art mineur.

Leura - -- - 73 ans - 7 mars 2001