Les voies de la connaissance de Dieu : La théologie symbolique de Denys l'Aréopagite
de Edith Stein

critiqué par Saule, le 15 décembre 2005
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Une montée vers Dieu dans le silence et l’obscurité
Edith Stein est une philosophe allemande. Juive, elle se convertit au catholocisme après ses études et deviendra plus tard carmélite (une religieuse cloîtrée). Elle meurt en 1942 à Auschwitz, victime de la fureur nazie. Cet essai sur Denys l’aéropagite est son dernier travail publié.

L'homme connu sous le nom de pseudo Denys l'aréopagite est un père de l'église qui eut une influence très importante sur la théologie médiévale. Son surnom bizarre s'explique par le fait qu’on l’a confondu longtemps avec un personnage des actes des apôtres (Ac 17,33), le seul Grec que Saint Paul soit parvenu à convertir. Ensuite on s'est rendu compte que son oeuvre était beaucoup plus tardive (cinquième siècle) et on lui a accolé ce "pseudo" pas très poétique. Quoiqu'il en soit ce Denys laisse une oeuvre très importante, en particulier son traité "La théologie Mystique", un traité tellement capital qu'il lui valut le titre de père de la mystique.

La théologie mystique c'est le degré suprême de la connaissance de Dieu, « la plus haute connaissance de Dieu dans la ténèbre et le silence, au delà de tout langage, de tout concept, de toute idée, de toute image et de tout symbole » (préface). Plus la connaissance est élevée moins il est possible de l'exprimer par des mots, c'est pourquoi Edith Stein parle « d'une montée dans l'obscurité et le silence ». Les religions orientales renoncent d'ailleurs à parler de Dieu, considérant que le seul langage adéquat est le silence et la méditation. A côté, ou en dessous, de cette théologie Denys considère la théologie négative et la théologie positive qui se rejoignent au sommet. Dans la théologie négative on avance vers Dieu par retranchement : l'idée c'est que Dieu est toujours au-delà de tout ce qu'on peut exprimer : « La théologie négative gravit l'échelle des créatures, pour remarquer à chaque échelon que ce n'est pas là que se trouve le Créateur ». Ca me fait penser à Maître Eckhart qui disait que dire que Dieu est bon c'est aussi faux que dire que le soleil est noir.

Edith Stein consacre la seconde partie de son essai à la théologie symbolique dans l'oeuvre de l'aréopagite. La théologie symbolique est le degré inférieur de la théologie affirmative, « elle examine les expressions issues de l'expérience des choses sensibles pour être rapportées à Dieu », ou pour reprendre la définition de la préface « elle exprime la connaissance de Dieu dans le langage le plus concret, le plus incarné, celui de l'image et du symbole ». Edith Stein précise les concepts d'image et de symbole (le symbole ouvre à un sens inconnu). Finalement elle s’attache à décrire les différentes voies de la connaissance de Dieu, au nombre de trois : la voie naturelle, la foi et la voie surnaturelle. Elle conclut que la connaissance de Dieu consiste en fait dans une rencontre personnelle avec Dieu.

Voila un essai très dense mais vraiment passionnant. Beaucoup de notions philosophiques me font défaut et j'ai du m'accrocher (relire et chercher d'autres sources) mais cette première incursion a suffit à me persuader que la théologie peut être une science absolument passionnante. En outre la figure d'Edith Stein est fascinante, la puissance intellectuelle combinée avec la rencontre mystique de Dieu.