Avec ce « Retour au collège », j’ai passé un excellent moment avec souvent le sourire aux lèvres et parfois des fous rires. Pour moi, ces « pattes de mouche » évoquent les griffonnages dessinés discrètement au coin d’une page lors d’un cours soporifique. Aucune case, aucun scénario ne viennent fixer de cadre à cette BD qui se veut indisciplinée - peut-être comme une vengeance de l’auteur face à des profs sans pitié. Il faut donc plutôt lire cet ouvrage comme un assemblage des fragments les plus marquants de son passage à « Charles-Henri ».
La sincérité du propos réussit parfaitement à faire oublier le minimalisme du trait (bien souvent ce ne sont que des visages qui sont représentés, beaucoup plus rarement un décor, mais Sattouf n’oublie pas les points noirs sur les visages et les appareils dentaires !), et ça, c’est très fort, car on est vraiment dedans (moi en tous cas !), comme l’auteur lui-même, directement replongé dans nos années ados. Qu’il s’agisse des situations, des profs ou des élèves, tout cela paraît incroyablement familier (on a tous eu des « filles molles » ou un « mec à nanas » dans notre classe), et quand bien même cela se déroule dans un des lycées les plus huppés de Paris.
Attention, ici pas de tendre nostalgie façon « Diabolo menthe » ou de farces potaches outrancières comme dans « les Sous-doués ». On est dans le vécu, le réaliste… Sattouf raconte TOUT : la cruauté, la stupidité, le bagout et l’insolence des teenagers, avec un trait faussement naïf et un regard pour le moins mordant. Lui-même ne se fait pas de cadeaux, et se représente dans l’histoire tel un ado maigrichon et voûté, comme s’il n’avait jamais quitté sa timidité pubère… Cette « obsession du collège », comme il le dit à la fin du récit, a trouvé en cette BD un exutoire qui se poursuit actuellement au cinéma pour le plus grand bonheur des amateurs….
Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 22 juin 2009 |