Croix de Cazenac (La), tome 3 : Le sang de mon père
de Pierre Boisserie (Scénario), Éric Stalner (Dessin)

critiqué par Shelton, le 20 décembre 2005
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Il ne faut pas vendre la peau de l'ours...
Cette série nous réserve de nombreuses surprises au fur et à mesure des pages…Ce troisième épisode va nous faire plonger dans un monde que certains lecteurs n’apprécient pas beaucoup, celui de l’extraordinaire, du fantastique, du chamanisme… Oui, vous pensiez que nous nous installions de façon durable dans une banale histoire d’espionnage – encore que banal et espionnage ne soient pas des mots faisant bon ménage – et qu’il suffisait d’attendre la fin de la guerre pour avoir la fin d’une histoire bien construite au demeurant…
Mais voilà, l’espionnage est une science assez complexe qui peut, parfois, faire appel au surnaturel. Le second fils des Cazenac, est-il seulement un Cazenac, semble avoir été initié et préparé à devenir un chaman… Son ours serait comme son animal fétiche, son sosie, son protecteur… Mais, dans le même temps, nous assistons à une fantastique machination qui n’a pour objectif que de donner, d’offrir au plus rapace un trésor étonnant qui dort au calme, là-bas, au cœur de la Russie…
Pour trouver ce trésor, il faut avoir la fameuse croix de Cazenac… mais on ne sait plus qui l’a en sa possession… Le père, le fils aîné, le fils cadet, la belle fille… dans le doute, c’est toute la famille qui se trouve embarquée de gré ou de force dans un train qui fera route vers le château des Cazenac puis vers le lieu secret où se cache une fortune démentielle… que personne ne verra, en fait…
Cet album nous surprend d’autant plus qu’il est très bien construit et que le suspense est digne de celui que Hergé et Jacobs utilisaient du temps des diaboliques (à suivre) hebdomadaires… Là – veuillez m’excuser, amis de ma génération, je veux parler pour les jeunes lecteurs – je fais allusion à cette époque bénie des hebdomadaires qui nous faisaient rêver avec des histoires haletantes dont nous attendions la suite pendant la semaine entière… Mais Pierre Boisserie aurait été digne de ces Jean-Michel Charlier, René Goscinny ou autres Weinberg et Martin…
Eric Stalner, dessinateur confirmé qui n’a plus ses preuves à faire, nous montre l’étendue de son talent et, en particulier, j’apprécie le dynamisme de son dessin dans cet album. Certes, le scénariste lui a donné de quoi travailler dans ce domaine, mais il le fait tellement bien que le lecteur est obligé de s’y prendre à deux fois… C’est tellement tonique que l’on n'arrive pas à tout voir et tout entendre d’un coup…
Un très bel ouvrage qui clôt le premier cycle de cette série, L’ours. Mais les questions sans réponse sont assez nombreuses pour que les lecteurs n’aient qu’une seule envie, celle de lire la suite… Ce premier volet de l’histoire avait pour cadre l’année 1914, mais la guerre ne s’est terminée qu’en 1918, l’espionnage a duré tout le conflit, et les ennemis de la famille Cazenac sont encore assez nombreux pour nous empêcher de dormir sur nos deux oreilles…
Je suis persuadé que cette série restera comme une des grandes dans le genre… A lire, relire et prêter à tous vos amis…
Impression de déjà vu... 7 étoiles

Bien que globalement d'accord avec la critique de Shelton, je dirais que la fin laisse une petite impression de déjà lu à qui connait "le Concile de Pierre" de Grangé.
En outre, les deux premiers tomes ouvrent de nombreuses voies à l'intrigue, qui se tarissent dans ce tome 3 au bénéfice d'une seule qui n'est pas la plus crédible (je parle ici du déroulement de l'histoire, pas de son aspect chamanique).
Malgré ces remarques, qui font de ce tome trois un ouvrage un peu inférieur aux deux premiers, la lecture est très agréable et le suspense toujours présent.

Guigomas - Valenciennes - 55 ans - 10 mai 2006