Dallas Barr, tome 1 : Immortalité à vendre
de Joe W. Haldeman (Scénario), Marvano (Dessin)

critiqué par Shelton, le 28 décembre 2005
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Moi, je ne veux pas mourir !
Certaines séries connaissent des phases d’oubli et il est bien difficile pour les éditeurs, les auteurs, les critiques et les bibliothécaires de remettre au goût du jour ces albums oubliés… C’est donc à l’occasion de la réédition de la série Dallas Barr par les éditions du Lombard que nous allons avoir l’occasion de découvrir, ensemble, ce travail que je ne connaissais pas, je dois bien vous l’avouer…
Joe Haldeman est un auteur de science fiction assez connu, mais comme ce n’est pas mon domaine, je dois bien vous avouer que je ne le connaissais pas du tout avant cette série bédé. Son roman, Dallas Barr, ne doit pas être très connu en France car il ne semble pas être disponible en langue française… Seule la bande dessinée peut s’acheter en librairie… Alors, ne nous privons pas, découvrons ensemble le monde d’Haldeman mis en images par Mark Van Oppen dit Marvano…
Marvano avait déjà mis en bande dessinée La guerre éternelle de Joe Haldeman en trois volumes qui eurent en leur temps un certain succès. Mais c’est avec Dallas Barr qu’il montre l’étendue de ses talents d’adaptation…
Dans ce tome 1, on fait connaissance avec le personnage de Dallas Barr qui est une sorte d’aventurier qui a plus de cent ans… Quoi, un vieillard héros ! Non, du calme, à cette époque, aux alentours de 2075, l’éternité, enfin le retour de la jeunesse, est une réalité, à certaines conditions, quand même…
En effet, un savant et toute son équipe – on pourrait dire, on devrait dire, son entreprise, son empire médico-commercial – offre une cure de rajeunissement qui dure huit semaines et prolonge la vie de dix ans. Mais le coût est relativement important. En effet, pour profiter de ce retour à la jeunesse permanent – on peut faire une cure tous les dix ans, sans limite aucune, à condition de payer – il faut donner sa fortune entière, à condition de donner au moins un million de livres… C’est un peu le principe actualisé du vieil adage des bandits de grands chemins : La bourse ou la vie… Donc, celui qui veut vivre éternellement doit, tous les dix ans, repartir à zéro et faire fortune en dix ans ou mourir…
Dallas Barr, l’homme le plus vieux de la planète, il a déjà suivi six cures de rajeunissement, n’a plus que quelques jours à vivre, ou, si vous préférez, quelques heures pour trouver le million de livres qui lui permettra de vivre encore au moins dix ans…
Le propriétaire du brevet de cette cure de vie éternelle est Stileman, Julius Stileman, et il a beaucoup d’ennemis. Il faut dire que tout le monde voudrait vivre un peut plus longtemps… Car si on peut éviter la mort, pourquoi mourir ? Pour savoir ce qu’il y a après ? Et s’il n’y avait rien !
On n’est donc pas étonné d’apprendre que sa clinique spéciale, située sur l’île de Lignumvitae Key, est l’objet d’une attaque très particulière… On veut, de toute évidence, s’approprier le dernier module de la cure, celui qui est absolument inconnu et qui ouvrirait une sacrée concurrence sur le marché de la vie éternelle… Ce serait, aussi, par voie de conséquence, la fin de la domination économique et humaine, politique et médicale de Julius Stileman… Alors comment peut-il-s’en sortir, le « pauvre » homme ?
Il va tout simplement demander à Dallas Barr, qui est aussi le seul ami qu’il lui reste – amitié particulière, car Dallas doit quand même verser un million de livres tous les dix ans, même lui, son ami – de mener une enquête et de l’aider à rester propriétaire de la « vie éternelle »… et tout cela pour un million de livres ! Donc, si Dallas réussit sa mission, il vivra encore dix ans…
Cette série est intéressante car, avec cette histoire, elle pose quelques très bonnes questions sur la vie et la mort, la richesse et la pauvreté, le pouvoir et le business… Dans ce premier tome, nous y allons avec précaution, modérément, mais on comprend bien que ce n’est pas une simple histoire d’aventure comme peuvent l’être, parfois, les bandes dessinées de science fiction…
C’est donc à lire, à méditer… Ce peut être, pourquoi pas, le moyen de parler en famille, avec nos adolescents, de cette délicate question de la vie et de la mort… La bande dessinée ça sert aussi à réfléchir et faire partager des valeurs…
Le dessin et l’adaptation de Marvano sont largement à la hauteur du projet. Juste ce qu’il faut de science fiction pour ne pas donner l’impression d’une histoire trop moraliste et philosophique… Une narration graphique assez dynamique pour donner du rythme à des séquences qui sont très parlées, très textuelles… Mais un résultat qui se lit avec un plaisir que je ne saurais pas vous cacher…
Ce fut donc une excellente idée que de rééditer cette série au moment où le dernier tome allait sortir…