Chroniques : volume 1 de Bob Dylan

Chroniques : volume 1 de Bob Dylan
( Chronicle)

Catégorie(s) : Arts, loisir, vie pratique => Musique

Critiqué par Joehill, le 29 décembre 2005 (Inscrit le 22 juin 2005, 46 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 047ème position).
Visites : 6 432  (depuis Novembre 2007)

Un grand artiste se raconte...

Bob Dylan raconte dans ce premier volume de Chroniques le souvenir de ses lectures (Balzac, Dickens, Dostoïevski, Machiavel,…) , de ses rencontres (Harry Belafonte, Johnny Cash, Bono, le chanteur de U2, Daniel Lanois, qui a produit Oh mercy, …), en désordre mais avec beaucoup de précision et une ferveur communicative. Il raconte, en cinq chapitres, l’histoire de ses débuts, son arrivée à New York dans les années 60 ; les livres, les poèmes, les folk-songs qui l’ont façonné ; le harcèlement de certains fans, dans les années 70, l’entêtement de ceux qui voulaient faire de lui un prophète, le « porte-parole » d’une génération, ce qu’il a toujours refusé d’être ; la difficile gestation de l’album Oh mercy en 1989 ; puis, par le procédé du flashback, revenant aux années soixante, sa formation, par l’écoute avide des disques de Woody Guthrie, du bluesman Robert Johnson, et de beaucoup d’autres, sa signature avec la maison de disques Columbia Records. Le chanteur américain confirme avec cet essai autobiographique qu’il est un immense artiste. Sa passion pour la musique, l’écriture, la littérature, la poésie, les chansons, qu’il continue de défendre sur toutes les scènes dans la Never Ending Tour qu’il a entamée il y a près de vingt ans, il la raconte dans ces Chroniques avec talent. Il insiste aussi, et c’est ce qui constitue le cœur du livre, sur le travail que nécessite l’élaboration d’une chanson, même si l’idée qui la fait naître tient parfois du miracle et de la chance. C’est le sujet du passionnant chapitre Oh mercy.
On attend impatiemment le prochain volume.

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Les éditions

  • Chroniques [Texte imprimé] Bob Dylan trad. de l'anglais (États-Unis) par Jean-Luc Piningre
    de Dylan, Bob Piningre, Jean-Luc (Traducteur)
    Fayard / LITT.GENE.
    ISBN : 9782213623405 ; 20,30 € ; 04/05/2005 ; 316 p. ; Broché
  • Chroniques [Texte imprimé] Bob Dylan traduit de l'américain par Jean-Luc Piningre
    de Dylan, Bob Piningre, Jean-Luc (Traducteur)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070413928 ; EUR 8,20 ; 10/06/2010 ; 400 p. ; Broché
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"La folk-music est un paradis auquel j'ai dû renoncer, comme Adam a quitté le jardin d'Eden".

9 étoiles

Critique de Smokey (Zone 51, Lille, Inscrite le 12 août 2008, 38 ans) - 4 mai 2009

Prix Pulitzer 2008, Bob Dylan nous livre ici une sorte d'autobiographie musicale. Il disait: ceux qui veulent me comprendre n'ont qu'à posséder mes chansons, ma vérité se trouve dans mes chansons, il faut les comprendre pour me comprendre. En lisant les chroniques, on a cette impression de vécu, d'avoir déjà entendu ça quelque part (du moins quand on écoute du Bob Dylan plus que régulièrement).
Ce premier volume est consistant, assez inégal je dirais, et assez complexe pour qui ne connaît rien de la vie de Dylan (surtout que l'on a peu de repères temporels).

Le livre se découpe en 5 parties:

- "Notes sur une partition": ce sont ses débuts, l'arrivée à New-York, les nuits au Gaslight, le froid, l'effervescence des rencontres avec de nouveaux artistes. C'est aussi quelques révélations sur sa grand-mère, sa "seule confidente" et l'amour particulier qui les attachait. Quelques souvenirs de son enfance également.

- "La terre perdue": Là se sont en majorité ses influences, musicales, littéraires, culturelles qu'il présente...On lit les grands noms de la littérature russe et américaine, un intérêt prononcé pour les biographies des hommes influents, des héros de guerre...

- "New Morning" s'ouvre sur l'épisode du décès de son père, qu'il ne comprenait pas (c'était réciproque d'ailleurs, son père lui en a voulu de changer de nom et de son départ de la maison familiale). Dans ce chapitre, il met en valeur le poids qu'il avait sur les épaules à être considéré comme un porte-parole dans les années 60. La peur de voir des étrangers faire du mal à sa famille. On voit d'ailleurs à quel point sa famille était importante, après son accident de moto, il aurait pu tout laisser tomber pour s'occuper d'eux, pour qu'ils ne manquent de rien. Mais on le voit comme un homme harcelé, enfermé dans les contraintes sociales, désigné comme symbole d'une jeunesse paumée, bref, tout ce qu'il ne voulait pas. Il raconte même avec pas mal d'humour comment il s'y est pris pour déconstruire son image (changement musical, attitude, voix, participation à un film...).

- "Oh mercy": Bon, j'avoue que j'ai eu un peu de mal avec cette partie. Bob Dylan, considéré comme "has been" dans les années 80, se débat comme un diable dans l'eau-bénite pour terminer l'album "Oh mercy", il galère et le lecteur galère avec lui. Il entre tour à tour dans la contradiction, l'hésitation, le doute. A la Nouvelle-Orléans (lieu d'enregistrement de l'album), il souhaite retrouver un public, ou plutôt de se constituer "son" public. Il explique qu'il veut faire des tournées régulières aux mêmes endroits plusieurs années de suite pour avoir un public "fidèle" qui lui amène de "nouvelles personnes" à chaque nouveau concert, il souhaite mettre un visage sur cette foule. Construire un lien avec ceux qui le regardent et qui l'écoutent. Il donne également beaucoup de précision sur sa façon de "construire" ses chansons, type de vers, métrique mais surtout sur les partitions, la mélodie. Il se base sur une musique mathématique, des hexagrammes en quelques sortes (même s'il avoue être nul en math). Il s'amuse à créer des combinaisons infinies à partir d'un mélodie, c'est une vision intéressante du travail qu'il fournit pour un album. Après avoir lu ça, j'ai réécouté "Oh mercy" et je n'ai pas entendu la même chose qu'avant, je faisais attention aux différents points qu'il expose dans les chroniques. Le fait que cet album marque la fin d'une période assez sombre n'est pas anodin et l'éclairage qu'il apporte est tout à fait intéressant.

- Enfin, dans "Fleuve de glace", on retourne à Greenwish lors de sa rencontre avec Suze, fin des années 50, début 60. On retrouve ce jeune gars un peu gauche, réservé, hyper sensible (le passage avec la mère de Suze qui le détestait cordialement m'a beaucoup fait rire). On l'imagine partir rendre visite à Woody Guthrie (pour qui il a une admiration sans bornes) à l'hôpital. Les premières chansons de Joan Baez qu'il écoute et qui lui donne cette certitude que leurs chemins se croiseront.

Pour conclure, c'est un très bon premier volume dans l'ensemble, même si, comme tout ce que dis Bob Dylan depuis 50 ans, il faut posséder et comprendre son discours avec distance et humour. Fidèle à son désir de contradiction, il avance certaines idées qui s'opposent à ce qu'il disait il y a 30 ans (je pense au choix du nom "Bob Dylan"), mais c'est du Dylan quoi qu'on en dise. En refermant le livre, on a surtout cette sensation d'un homme qui aspire à être meilleur, qui voudrait être meilleur, mais que le monde qui l'entoure terrifie.

En attendant les Chroniques II

8 étoiles

Critique de Copper (Neuilly sur seine, Inscrit le 12 février 2006, 45 ans) - 18 février 2006

Ce livre est vraiment passionnant. J’ai été frappé par l’intelligence de l’écriture de Bob Dylan. Etant un aficionado de ses chansons, j’avais bien sûr un a priori positif sur ce livre. Mais je me suis souvent fait la remarque de la pertinence de ses réflexions, qui dépassent largement le seul domaine musical. On y découvre un Dylan cultivé, sachant raisonner juste. Loin du show-business américain.
La forme du récit sous la forme de chroniques, sans volonté chronologiques, permet d’éviter toute lenteur ou linéarité que l’on rencontre parfois dans les biographies. La seule difficulté en ce qui me concerne, est venue des multiples références à la chanson folk américaine. Mais c’est aussi une invitation à découvrir la belle culture américaine.

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