La morsure du lézard
de Kirk Mitchell

critiqué par Channe01, le 3 janvier 2006
( - 70 ans)


La note:  étoiles
A la hauteur de Tony Hillerman !
Quand les mythologies amérindiennes brouillent la piste !
Vivre avec ses racines n’est pas facile quand on a tenté de vous en dépouiller, de vous les arracher. Les marques entre réalité et rêve sont gommées, troublées et la sorcellerie prend toute la place de la lucidité et de la culture.
Nous retrouvons les héros de Kirk Mitchell dans le fameux coin de terre où les enquêtes de Tony Hillerman se déroulent. Là, dans les « four corners », navajo, hopi et autres tribus se disputent des territoires et des rituels là où on les a repoussés. Emmet Parker, policier Comanche du bureau des affaires indiennes, et l’agent fédéral Anna Turnipseed, indienne modoc, confrontent leurs propres cultures, dans cette enquête où la tradition et la modernité confondent les pistes via la sorcellerie.
Le fil ayant été rompu avec la culture indienne dans sa vérité, la sorcellerie apporte la confusion même à ceux qui s’efforcent de la tenir à distance. C’est vrai qu’être confronté à un lézard venimeux qui vient d’on ne sait où n’est pas rassurant.
Dans ce roman, c’est aussi la filiation à la tribu qui est débattue.
Que doit on faire pour le bien d’un enfant ? Est –il la propriété d’une tribu au nom de la culture ou doit on lui trouver des parents adoptifs même s’ils n’assureront pas la poursuite de l’héritage culturel.
Le vécu personnel des deux enquêteurs leur donne des points de vue différents.
Les romans de Kirk Mitchell donnent autant de plaisir sinon plus que les derniers de Tony Hillerman parce qu’ils n’explorent pas qu’un seul territoire et posent la question de l’identité nationale pour des peuples qui sont très différents et que nous rassemblons tous sous l’entité amérindienne. Comme si le fait d’être indien résumait tout. Alors que les uns et les autres sont aussi différents que les européens entre eux.
C’est aussi une dénonciation du travail de l’état fédéral pour gommer toute identité puis pour les conserver comme dans un musée. Les amérindiens sont des personnes et pas des objets qu’on peut conserver dans un musée.
Au final, ce sont des romans très intenses que nous propose Kirk Mitchell. Avec le plaisir de la lecture en plus de l’information…
Non-stop 10 étoiles

Je ne suis pas un grand lecteur et je dois même dire que avant de lire ce livre je détestais lire (en partie à cause de ce qu'on me faisait lire à l'école) mais quand j'ai ouvert ce livre, je n'ai pas su m'arrêter.
Pour moi qui mettais plusieurs semaines pour arriver au bout d'un livre, finir celui-ci en 3 jours fut extraordinaire.
Tout ça pour dire à quel point ce livre est passionnant.
Et si vous avez un fils comme moi, faites-lui lire ce livre et (re)donnez lui le goût à la lecture.
Je ne vais pas m'étendre sur un résumé car celui proposé par le site est bien meilleur que ce que je pourrais jamais écrire^^.

Leguepard7 - - 34 ans - 31 août 2010