American seasons : 1963, Clara et les nains
de Yves Vasseur (Scénario), Romain Renard (Dessin)

critiqué par Shelton, le 7 janvier 2006
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Très beau travail !!! pour un début...
Voici un album atypique, artistique et unique qu’il vous faudra lire rapidement. C’est une histoire simple, qui se passe en 1963, qui donne un sentiment policier, du moins au départ. Lorenzo Cuba, enquêteur des assurances Matthews, est dépêché sur les lieux d’un accident mortel suspect. Un nain est mort accidentellement lors d’un numéro de cirque, dans le fameux Clara’s Circus… Ce cirque d’état de la République soviétique d’Ukraine tourne aux Etats-Unis et il ne fait pas le plein tous les soirs, mais on le connaît, on le suit, on l’estime…
Clara est une femme de taille normale entourée de nains… Oui, des artistes de petites tailles et ça n’a rien à voir avec une nouveauté qui porterait le nom de Clara et les sept nains… Très rapidement Lorenzo se rend compte que personne ne l’aidera et que la vérité ne concerne que la maison d’assurance qui ne tient pas à se faire gruger…
Mais l’intérêt de cette bande dessinée ne repose pas sur l’intrigue policière en tant que telle. Il y a tout d’abord une particularité humaine concernant les auteurs car Romain Renard est le fils de Claude… Ne vous souvenez-vous pas ? Celui qui a réalisé avec François Schuiten Aux médianes de Cymbiola… Un bijou à quatre mains comme il n’en existe pas beaucoup… Mais ils avaient aussi écrit et dessiné ensemble Le rail… Mais voici, cette fois, son fils Romain, au dessin… pour son premier album… et c’est très réussi. Ce n’est pas un dessin bédé classique, c’est un intermédiaire entre la peinture et la craie grasse, une véritable œuvre d’art… mais tout cela en restant très narratif. Ce dessin permet un plongeon sans retenue dans une ambiance exquise mais mystérieuse… Car il faudra attendre bien longtemps, des pages et des pages, avant de comprendre comment est mort ce pauvre nain et pourquoi, surtout…
Yves Vasseur, le scénariste, un homme qui avait déjà travaillé avec le père de son dessinateur, nous raconte là une histoire étonnante dont je ne peux absolument pas vous dire si elle part d’un fait réel… mais ça paraît assez crédible tant on sait que les grosses nations riches, les Etats-Unis, en l’occurrence, sont capables d’exploiter les pauvres gens… Ce n’est pas nouveau, alors pourquoi pas des nains ? Mais je ne veux pas vous en dire plus… Le personnage de Lorenzo Cuba est assez sympathique mais on ne sait pas s’il restera présent dans la série. En effet, chaque album pourrait être un regard sur les States, à un moment différent, avec des personnages assez anodins et anonymes, même si la période est, à chaque fois, bien ciblée. Ici, quand tout s’arrête, Kennedy vient de se faire assassiner… et pourtant la vie aux Etats-Unis va continuer… Show must go on…
Un beau début de série, l’éclosion d’un nouveau talent et un moment bien agréable de lecture pour un très large public…