Apprendre à finir
de Laurent Mauvignier

critiqué par Boulou, le 11 octobre 2000
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Le prix Wepler 2000 et prix Inter 2001: Un rythme d'écriture pas facile à suivre
L'histoire est celle d'un couple défait, éclaté... par la jalousie, la tromperie, les difficultés de la vie.
Puis, survient l'accident de voiture, son accident à lui… Alors, elle se dit que tout peut recommencer comme avant, qu'elle doit saisir cette nouvelle chance pour tout reconstruire ; y parviendront-ils ?
L'histoire est si banale, en fait, mais le style de Mauvignier est loin de l'être ; les phrases sont longues, il ignore syntaxe et grammaire formelle.
Il ne laisse au lecteur ni repos, ni répit. le tout est agité, trépidant comme le récit. J'ai terminé ce livre, exténuée !
Une syntaxe déplorable 4 étoiles

Première découverte avec Laurent Mauvignier, écrivain prolifique, du moins à la bibliothèque que je fréquente. Je me suis dirigée vers le plus court de ses livres, par peur d'être déçue si je perdais trop mon temps, et puis parce que le thème m'attirait : le combat, ou plutôt, l'attente d'un rescapé de la route.
Quelle horreur cette syntaxe ! Non, ce n'est pas un beau style, c'est un laisser-aller, une paresse intellectuelle. Comme si Mr Mauvignier écrivait comme cela lui venait dans la tête, sans même réfléchir au sens. Je ne suis pas une experte de la syntaxe, loin de là, mais je n'impose pas mes écrits durant presque 200 pages. Lui, si.
Concernant le fond, c'est guère mieux. On pourrait croire qu'à nouveau l'écrivain n'a pas vraiment réfléchi, a raconté en fonction de ce qui lui venait en premier à l'esprit, sans ordre pré établi, sans idée derrière la tête initiale concernant le passé et l'avenir de ses personnages. Certes la violence du quotidien, du cercle vicieux dans lequel on peut s'enliser peu à peu, celui de la dépendance à l'autre, est relativement bien décrit. On y croit, à la détresse de cette femme, qui prend l'accident quasi-mortel de son mari comme une bénédiction, une manière de tout reprendre à zéro.
Mais c'est un peu faible pour un roman.

Elya - Savoie - 34 ans - 23 octobre 2011


Ah oui! Mauvignier 4 étoiles

Pour ne pas perdre son ancrage à l'autre, ici le conjoint, on peut être capable de toutes les compromissions. Par peur de la solitude dont cet autre il y a longtemps nous avait sorti et auquel nous nous étions attaché en croyant nous l'attacher.
Mais même si le lien était fort de son côté aussi, chacun a inconsciemment, pendant toute une vie tiré sur la corde, et un jour elle a cassé. Casse la corde, casse le lien et commence la douloureuse expérience d'une défaisance.

L'un se réveille un matin en se demandant qui est cet(te) étranger(e) là à côté de lui (elle), tandis que pour l'autre la vie, la vie machinale, le train-train continue. Que m'arrive-t-il? se dit l'un, qui est-ce? tandis que l'autre continue à dormir ou vaque déjà à des occupations dont le bruit pourtant familier paraît soudainement étrange. Un bruit sans émetteur connu, celui-ci étant depuis longtemps absent à "moi-même".

C'était donc ça? Et nous savons depuis Stendhal: "Quoi, ce n'est que cela?" * que l'étrangeté de l'autre nous renvoie à nous-mêmes, tant cela a été écrit.

C'est une expérience commune et les mots pour la dire manquent souvent. Alors on l'écrit; on veut pour tenter d'apprivoiser cette étrangeté qui s'impose tout d'un coup, tout d'un bloc, produire un journal, des mémoires ou comme Mauvignier -qui a sans doute, tant elle est commune, connu lui aussi cette expérience- un roman.

Mauvignier, bien qu'il adopte un style qui se veut loin des conventions littéraires se démarque par une écriture -qui en fin de compte appartenant à une "école", celle des Editions de Minuit, ne se démarque pas tant que cela; disons qu'il est dans l'air du temps). Il semble vouloir rompre avec l'autofiction qui n'est pas son genre. Il a pris acte de la mort du sujet, et il prend pour "objet d'écriture" l'expérience d'un autre, et partant il tente de reconstituer ce que peut signifier pour un être cette expérience vécue de l'intérieur.

Ecrire "Je" est opter pour un roman du sujet. On ne peut écrire "Je" pour un autre me semble-t-il, tant il est impossible de se "glisser dans la conscience de l'autre" et parler à sa place. C'est ce qui pêche dans les romans de Mauvignier, cette volonté de se mettre à la place de son sujet et c'est ce qui me gêne chez lui.

Mais ceci n'est qu'une opinion dont je mesure à quel point elle est imparfaite, et j'attends des avis sur cet avis.

Farfalone - Annecy - 55 ans - 4 novembre 2009


Magnifique 9 étoiles

Ce livre a une force tant par son style que par le " son" qu'il dégage.. Un son qui nous poursuit durant tout le roman et bien apres.

Jour de pluie - - 39 ans - 9 septembre 2005


Ca vous prend aux tripes 6 étoiles

Son premier roman " loin d'eux " portrait d'une famille déchirée avait été fort remarqué lors de sa sortie. Ici l'auteur nous décrit l'agonie d'un vieux couple : un double drame se joue car le mari est immobilisé suite à un accident de la route et par ailleurs auparavant il a failli quitter non pas la vie comme ici mais sa femme suite à sa liaison avec sa maîtresse ce qui allait empoisonner de nombreuses années le climat familial : absences répétées du mari , cris , disputes et coups devant les trois enfants traumatisés. Quand son mari revient à la maison pour sa convalescence , elle essaye de le reconquérir mais échoue totalement car elle ressasse sans arrêts les douloureux évènements de sa vie conjugale passée. A travers cette pénible expérience , la narratrice exprime avec ses tripes ses rancoeurs , ses haines vis à vis de son mari. Elle a voulu repartir à zéro mais n'a pu se détacher de son échec . Ce roman nous prend aux tripes avec des accents de vérités insoutenables lancés par cette femme dans son combat contre la solitude.

Francesco - Bruxelles - 79 ans - 2 septembre 2001


Une écriture miraculeuse 10 étoiles

J'ai lu ce livre essoufflée, à en perdre haleine, angoissée, tout comme l'auteur l'était sûrement lors de la rédaction, dans un style d'écorché vif, haché, coupé, jusqu'au drame qu'on sent germer mais qui ne se produira pas..
J'aimerais bien le connaître ce Laurent Mauvignier, il est tellement spécial dans son écriture, dans ses émotions, dans ses mots arrachés, dans ses hésitations, dans ses pages qui vous coupent le souffle

Darius - Bruxelles - - ans - 29 août 2001


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Un style étonnant, où le moindre détail suscite des sentiments.
Une écriture extrêmement précise teintée des émotions d'une femme enfermée dans la solitude.
S'il est vrai que la lecture de ce livre ne s'apparente pas à un long fleuve tranquille, le lecteur pourra toutefois difficilement rester insensible.
La toile de fond est pourtant banale : un couple de banlieue, 2 enfants, un mari éboueur coupable d'adultère et victime d'un accident de la route...
Bref, si le cadre est anodin, la toile en est pourtant décrite avec un style impressionnant et, au final, cela donne une oeuvre prenante où le lecteur sera surpris d'entrer dans la même rage que l’héroïne.

La rage silencieuse qui ronge le coeur - celle que fait si bien ressentir un auteur décidément brillant.

Raph - Bruxelles (Belgique) - 51 ans - 19 janvier 2001