Peut-on lui pardonner?
de Anthony Trollope

critiqué par Vda, le 17 janvier 2006
( - 49 ans)


La note:  étoiles
lisez avant de décider
Orpheline d'une mère fortunée, Alice Vavasor vit avec son père. A vingt-quatre ans, craignant de ne pas pouvoir être une bonne épouse pour John Grey, gentleman irréprochable, elle vient de rompre ses fiançailles. Acte d'autant plus impardonnable que plusieurs années auparavant elle avait déjà rompu des précédentes fiançailles la liant à son vil cousin George.

Ce pourrait être un banal roman au thème convenu et rabâché mainte fois.
Trollope, auteur anglais du XIXème en fait un classique.

Il ne s'agit pas là d'une bluette pour coeur tendre. Car tout l'attrait du monde victorien est là, une douceur surannée, une âpreté financière et une férocité raffinée des personnages dans leurs interactions. La violence semble venir plus que des êtres de la société elle-même.
Le tout est servi par une écriture d'une maîtrise remarquable (bravo au traducteur).
Si vous avez un peu de temps (plusieurs centaines de pages), vous ne le perdrez pas avec ce livre.
Les Romans Palliser... 10 étoiles

«Peut-on lui pardonner» est aussi le premier tome des Romans Palliser, deuxième série de six volumes écrits par Trollope, une dizaine d’années après celle des Chroniques de Barsetshire.
De l’univers ecclésiastique de l’ère victorienne, l’auteur nous entraîne cette fois-ci dans celui non moins complexe de l’univers politique de cette même période.
Comme d’autres oeuvres de Trollope, ce premier volet de la série Palliser, publié en 1864, fait une large part à des héroïnes peu banales; celui-ci démontre notamment la difficulté que les femmes de cette époque ont éprouvée pour trouver leur place et revendiquer leurs choix au sein d’une société rigide, dominée par les hommes.
Lady Glencora, riche héritière, fantaisiste et frivole, souhaite vivement épouser un charmant jeune homme, mais hélas peu ‘convenable’ ; son mariage avec Plantagenet Palliser, un brillant et prometteur aristocrate, même si un gentleman froid et ennuyeux, sera un mariage de raison, fait sous la pression du monde extérieur. De même, la principale héroïne du livre, Alice Vavasor, femme de tête, ne sait qui choisir entre deux prétendants; un cousin peu fiable et quelque peu inquiétant, et un magnifique, parfait gentleman, un peu trop prévisible...
De son style unique, Trollope s'amuse avec ces deux femmes indécises et nous offre un panorama assez terrible des moeurs de la haute société victorienne : haines familiales, obsession de l'argent et des titres, violences à peine voilées. Plus que les atermoiements des coeurs, ce sont les bagarres autour des héritages, des rentes, des prêts qui suscitent l'admiration et toujours, en prime, quelques personnages farfelus, caricaturaux, tantôt nunuches, tantôt crétins, qui allègent l’atmosphère!
En terminant, deux excellentes nouvelles concernant cette série : d’une, cette imposante collection fait plus de cinq mille pages de lecture, je jubile d’anticipation; et de deux, le sixième et dernier tome est en cours de traduction française et serait disponible en 2012!

FranBlan - Montréal, Québec - 82 ans - 23 avril 2012