Persuasion de Jane Austen
(Persuasion)
Catégorie(s) : Littérature => Anglophone
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L'éternel conflit de la raison et des sentiments
Anne Elliot est la fille d’un baronnet égocentrique tout entier absorbé par son physique et par son titre. Il consigne religieusement les évènements glorieux de sa famille, comme le mariage plus que respectable de sa fille cadette, dans son volume de « Baronetage ». Sa fille aînée, Elizabeth partage avec son père cet amour du paraître, dédaignant tous deux tout ce qui n’est pas beau ou prompt à les flatter. Anne, discrète et timide, est ignorée par cette famille mais trouve en Lady Russel, grande amie de sa mère décédée et protectrice de ses enfants, une compagnie agréable et moins superficielle. Accordant toute sa confiance à Lady Russel, Anne s’est laissée persuader par celle-ci de refuser Frederick Wentworth dont elle était éperdument amoureuse, huit ans plus tôt, sous prétexte qu’il n’était pas un parti acceptable. Mais elle regrette amèrement son choix et doit vivre avec cette blessure.
Le train de vie de sa sœur et de son père surpasse bientôt les revenus de la famille si bien que les Elliot se voient dans l’obligation de louer leur château de Kellynch et d’aller vivre à Bath pour conserver leur relatif prestige. Kellynch est loué à l’Amiral Croft et à sa femme, qui n’est autre que la soeur de Wentworth. La peine d’Anne est ravivée par cette nouvelle. De plus, elle déteste la ville de Bath et se voit éloignée de son amie, Lady Russel.
Une invitation de Mary, sa sœur cadette, à venir passer quelque temps dans la famille de son mari, les Musgrove, arrive à point nommé pour retarder sa venue à Bath. Chez sa sœur, elle passe un automne agréable mais surtout, elle retrouve Wentworth, devenu Capitaine et dont elle est toujours amoureuse. Par la suite, ils sont amenés à se rencontrer régulièrement ne faisant qu’accroître les sentiments de la jeune femme et ses doutes : Wentworth est-il toujours amoureux d’elle ?
Persuasion est le dernier livre achevé de Jane Austen. Il fut publié en 1818, deux ans après sa mort. Si l’histoire n’est pas aussi prenante que celles d’« Orgueil et préjugés » ou de « Raison et sentiments », elle reste du moins attachante puisqu’elle dépeint les retrouvailles de deux personnes blessées et qui ne peuvent pas s’empêcher de s’aimer.
Les personnages ne manquent pas de piquant, comme le père et la sœur, le vaniteux, M. Elliot, cousin-trouble-fête qui est un parfait mélange de M. Collins (Orgueil et préjugés) et de Willoughby (Raison et sentiments), et la sœur cadette, Mary, éternelle malade imaginaire. On retrouve donc toutes les "recettes" de l'auteure, retenue, lettres, humour, désespoir, qui font de ses romans des chefs-d'oeuvre inoubliables.
Les éditions
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Persuasion [Texte imprimé] Jane Austen traduit de l'anglais par André Belamich postface d'Henri Plard
de Austen, Jane Plard, Henri (Postface) Belamich, André (Traducteur)
10-18 / 10-18
ISBN : 9782264023834 ; 7,10 € ; 30/05/1996 ; 316 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (6)
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On the good choice of your acquaintance...
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 17 avril 2014
C’est, comme toujours, avec beaucoup de délicatesse et de soin que Jane Austen dresse le portrait de son héroïne et de son entourage. Anne Elliot est la sagesse et l’intelligence même, un exemple d’obéissance et de bonne éducation (parfois un peu trop). Alors qu’elle est d’une effroyable transparence pour son père et sa sœur aînée, deux êtres égoïstes et d’une grande superficialité, elle sait se rendre indispensable pour nombre des siens par ses conseils avisés, ses bons soins et sa disponibilité.
Sous les conseils de Lady Russell, tendre amie de sa mère décédée, Anne avait éconduit Frederick Wentworth, marin sans situation, alors qu’elle était âgée d’une vingtaine d’années. Plus de huit ans ont passé et voilà que leurs routes se recroisent. Le cœur d’Anne n’a jamais pu faire de place à un autre que Wentworth, aujourd’hui capitaine reconnu et fortuné. Là où ce dernier semble s’être détaché d’elle et retranché derrière son orgueil, la jeune femme reste sensible et amoureuse. Et c’est dans l’effervescence d’un groupe composé de voisins, de sœurs, de cousins plus diversifiés les uns que les autres que les jeunes gens vont réapprendre à se fréquenter.
Si cette trame pourrait, sous notre intransigeant regard moderne, sonner comme un mièvre soap à l’eau de rose, heureusement, il n’en est rien. Il s’agit bien entendu de Jane Austen, de son regard perçant mais raffiné, de sa connaissance de ses contemporains dans ce qu’ils avaient à la fois de plus charmant et de plus effroyable.
On retrouve des éléments communs à ses autres romans (une jeune femme se blesse ou est malade ce qui va bouleverser l’ordre établi ; le héros est tiraillé entre ses sentiments et son sens du devoir ; les non-dits entraînent des malentendus ; des unions improbables se créent ; la moralité est remise au premier plan…) mais cette récurrence n’est pas gênante car elle s’installe comme une réelle charpente à un travail d’une minutie sans pareille.
Austen est la dentellière du roman anglais. Portée par ses propres émotions, souffrances, frustrations, rigidités aussi, elle a passé sa courte vie à aiguiser son regard. Passionnant certains lecteurs, en ennuyant d’autres, elle restera pourtant toujours liée à cette ironie souple qui la caractérise, pleine de rêves et d’espoirs que quelque chose de mieux surgisse, se libérant ainsi par la plume des carcans sociaux qui l’ont maintenue jusqu’à la fin.
INDEPENDANCE EN AVANT-PREMIERE
Critique de TRIEB (BOULOGNE-BILLANCOURT, Inscrit le 18 avril 2012, 73 ans) - 23 mai 2012
Anne Elliot, jeune fille membre de cette bonne société, n’est pas insensible aux avances du jeune Frederick Wentworth, officier de marine a priori sans avenir et dénué de relations dignes de procurer à Melle Elliot une place honorable.
Cette dernière, influencée par des préjugés de classe , un jugement personnel encore insuffisamment exercé , rejette les avances de ce jeune homme . Elle est alors bien sûr sous l’influence de sa famille, dont le père ,Sir Walter Elliot, quelque peu snob et prodigue, recherche une reconnaissance sociale définitive , qui le ferait entrer dans le cercle étroit des détenteurs de prestige social et patrimonial , le tout à l’échelle de cette petite bourgade …
Sous influence, Anne l’est assurément si l’on ajoute le pouvoir exercé par son amie, Lady Russell, sur ses choix, ses sorties, ses connaissances, cette dernière ayant pesé dans la décision de rompre avec Frederick Wentworth.
Ultérieurement, Anne Elliot prend conscience du rôle de la volonté dans la recherche du bonheur et de son accomplissement : « Le pire des maux est un caractère faible et indécis sur lequel on ne peut compter . On n’est jamais sûr qu’une bonne impression sera durable. Que ceux qui veulent être heureux soient fermes. », entend-elle dire par Frederick Wentworth, dont elle a surpris les propos tenus à sa sœur.
Ces interrogations conduites par Anne Elliot vont concerner les mœurs, les conventions rigides, les limites imposées à la sincérité quand l’observance de ces règles devient par trop étouffante …Ces réflexions seront fructifiées huit ans plus tard lorsque son père décide de louer le château familial à l’amiral Croft, ce dernier n’étant autre que le beau-frère du capitaine Wentworth.
Ce dernier, qu’Anne Elliot appréhende de revoir, s’est enrichi, il apparaît comme un bon parti. Il faut pourtant à Anne procéder à un réexamen complet de ses jugements, de ses mécanismes de décision personnelle, et aboutir finalement à envisager le mariage avec Frederick Wentworth. Est-ce un hommage à un conservatisme bon teint ? Il nous semble plutôt qu’une autre conclusion s’impose à la lecture de ce roman, dont le classicisme ne doit pas rebuter : l’indépendance sociale et affective, et donc amoureuse, se conquiert . C’est d’une grande modernité.
Un océan d'ennui!
Critique de LaCritiqueuse (, Inscrite le 14 avril 2011, 36 ans) - 15 avril 2011
Ni Anna, ni son amour perdu-pour-mieux-être-retrouvé ne m'ont à aucun moment émue. Je m’attendais à tout, la fin encore plus ; à aucun moment je n'ai été surprise, anxieuse ou impatiente. Ah, si, peut-être impatiente d'en finir avec le roman. Et les révélations des dernières pages me direz-vous? Quelles révélations? Tout était prévisible à souhait et se laissait voir à des kilomètres.
Les personnages sont prisonniers des règles de bienséance et font captif de ces dernières le lecteur à son tour. Le livre n'est qu'une succession d'énumérations de ces règles que Jane Austen a visiblement voulu dénoncer. Certes, elle réussit très bien son entreprise en dressant ce tableau des petits bourgeois, mais à quel prix? Celui de l'ennui assurément, en tout cas pour moi.
Je veux bien croire que ce soit un classique et que l'époque s’apprêtait à ce genre de récit monotone et sans rebondissements -à peine quelques gentilles secousses- mais ce n'est définitivement pas ma tasse de thé.
Sobre
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 23 juin 2008
La meilleure compagnie
Critique de Cuné (, Inscrite le 16 février 2004, 57 ans) - 31 août 2007
Notre héroïne est ici Anne Elliot, déjà 28 ans lorsqu’on la rencontre, et toujours pas mariée. Sa sœur aînée, Elisabeth, non plus d’ailleurs, au contraire de leur cadette, Mary. Leur père, le baronnet Walter Elliot, est d’un snobisme effarant, jugeant les gens sur leur mine au sens littéral : la beauté et la prestance étant pour lui d’une importance capitale (suivi en ce sens par Elisabeth). Leur mère est hélas décédée lorsqu’Anne avait treize ans. Et c’est totalement reléguée à l’arrière-plan par sa famille, sans affection et sans véritable soin, qu’elle s’est construite depuis.
Heureusement, elle a une amie très chère, qui était l’intime de sa mère, Lady Russell, qui l’aime tendrement et veille sur elle du mieux qu’elle le peut.
Aussi, lorsqu’elle s’éprend du capitaine Wentworth, Lady Russell la persuade de rompre cet engagement, estimant, en toute bonne foi argumentée, que ce mariage serait une erreur. Anne obtempère, confiante dans le jugement de son amie.
Son cœur, pour autant, n’oubliera jamais sa tendre inclination. Et huit ans et demi plus tard, le destin replace pour un temps nos deux ex-tourtereaux dans la même ville. Mais la donne a changé, la maturité a fait son œuvre, et le cousin William Walter Elliot, héritier présomptif du titre de baronnet, est soudain dans la place lui aussi, charmant et attentif.
Alors… Que penser ? Que faire ? Qui pense quoi ? Et à qui ?
C’est tout un petit monde plein de personnalités retorses et variées qui se croise, jusqu’à la conclusion…
Ah j’ai adoré ce roman. Le moment où la lettre qui va dénouer la situation est glissée sur le bureau, l’exaltation totale qui nous saisit à l’instar d’Anne, a-t-on bien interprété ? Va-t-on être déçu ? Ou lorsque la personnalité de Willliam Elliot s’éclaire enfin… Ou la sœur Mary à qui on donnerait bien une ou deux claquounettes au passage pour la faire revenir sur terre… Ou la connerie du père qui est parfaitement risible… Vraiment, à déguster du début à la fin sans aucune longueur, une grande joie. C’est pétillant, merveilleusement entrainant.
Après le brio...
Critique de Vda (, Inscrite le 11 janvier 2006, 49 ans) - 31 janvier 2006
Il est tout de finesse dans l'évolution des sentiments qui sont évoqués. Anne Elliot est une héroine dont l'heure est passée. Le monde victorien n'offre pas de seconde chance après un certain âge.
Un charme suranné, à fréquenter sans modération.
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