L'omelette byzantine
de Saki, Jean Rosenthal (Traduction)

critiqué par Malic, le 4 février 2006
( - 83 ans)


La note:  étoiles
un virtuose de l'humour anglais
Sous le pseudonyme de Saki, emprunté au poète persan Omar Khayyam, se cache le très british Hector Hugh Munro. Saki fut élevé par deux tantes célibataires, aussi autoritaires et répressives que la Reine Victoria qui régentait alors l’Angleterre. De cette enfance, il a gardé le goût de la révolte et des pouvoirs de l’imagination. Au fil de ses nouvelles, il pourfend la respectabilité, l‘hypocrisie, la religion, l’Empire britannique, les bonnes œuvres, les petites filles modèles etc. A côté d’une foule d’imbéciles, raseurs, ganaches, oppresseurs d’enfants, on trouve les porte paroles de l’auteur, qui sont aussi un peu ses « doubles » parce que, comme lui, ils refusent d’entrer dans le monde des adultes. Les plus connus sont Clovis et Reginald, jeunes gens à l’élégance et aux goûts culinaires raffinés, aux réparties imparables et provocatrices. Pourtant l’humour dévastateur de Saki, souvent cruel, n’est jamais gratuit ; il est au contraire marqué par un grand sens de la justice, comme le soulignait Graham Greene : « ses victimes sont assez sottes pour n’éveiller aucune sympathie. Ce sont des gens d’âge mûr, des puissants ; il est juste qu’ils subissent une humiliation passagère parce que, à la longue, ils ont toujours le monde de leur côté. »

Les nouvelles de Saki sont jubilatoires à la fois par leur allégresse, leur imagination jamais en défaut, leur irrespect, leur énergie et par leur style : concision, sens de la formule, dialogues brillants, « chutes » souvent étonnantes, le tout dans des récits qui ne dépassent jamais dix pages. Roald Dahl, lui-même orfèvre en la matière, disait de Saki « les meilleures de ses nouvelles sont supérieures aux chef-d’œuvres de n’importe quel autre écrivain.» et Evelyn Waugh et Tom Sharpe ont reconnu tout ce qu’ils lui doivent.

« L’omelette byzantine » est le second volume d’une sélection des meilleures nouvelles de l’auteur. Le premier s’intitule « La fenêtre ouverte », il est également disponible sur Amazon et ne contient pratiquement que des chef-d’œuvres incontournables de l’auteur ( « Sredni Vasthar », « Tobermory » , « Le conteur », « la fenêtre ouverte », « La souris », « Gabriel-Ernest » etc etc.). Faute de pouvoir le critiquer dans l’immédiat en raison d’un problème technique, je recommande très vivement de le lire d’abord.

La sélection des 26 nouvelles de «L’omelette byzantine » est également d’un excellent niveau. Elle offre un large éventail du talent de Saki, depuis la pure drôlerie, avec une large contribution de Clovis et Reginald, jusqu’à l’humour le plus sombre et au fantastique, un genre que Saki maîtrise à la perfection. Quand à la traduction, elle rend très bien le style de l’auteur. En bref, ce livre constitue une lecture indispensable pour tous ceux qui aiment l’humour, l’Angleterre, l’insolence, l’esprit d’enfance…. et la littérature. Et voici mon choix personnel (en essayant de pas tout citer…) :

« Reginald et les Choristes » : une fille de pasteur zélée entreprend de réformer le frivole et oisif Reginald. Mais lui confier la sortie annuelle des enfants de la chorale paroissiale n’était peut-être pas une bonne idée…
« Panique chez Lady Bastable » : Ici, c’est Clovis qu’on cherche à réformer. Avec tout autant de succès.
« La musique sur la colline » : la panique encore, mais au sens premier cette fois : un coin de campagne anglaise silencieux et sauvage, où l’on croirait presque à l’existence du dieu Pan. Un conte fantastique dans lequel tout est suggéré et l’effet n’en est que plus troublant.
« Un répit » : la charmante Vera ( 16 ans ), dont nous avions déjà apprécié les dons pour la mystification et d’improvisation romanesque dans « La fenêtre ouverte », va trouver un moyen original de faire oublier à un politicien les soucis de sa campagne électorale. Puissance de l’imagination enfantine.
« La tante prodigue » : une vieille dame indigne et son neveu qui ne l’est pas moins. Et bien sûr, ce sont eux qui ont toute la sympathie de l’auteur et du lecteur. Satire jubilatoire des convenances et de la mesquinerie.
« Offres de paix » : Comme d’habitude, Clovis est plus doué pour mettre de l’huile sur le feu que pour apaiser les esprits.
« Laura » : Dès que les médecins lui auront « donné la permission de mourir » , Laura a l’intention de se réincarner en loutre …et de se venger. Un conte fantastique passablement pervers.
« Les jouets pacifiques » : on est à la veille de la guerre de 14/18 ( au cours de laquelle Saki mourra dans les tranchées) ; un couple bien intentionné offre des jouets pacifiques à ses enfants mais c’est compter sans la capacité de ceux-ci à plier le monde à leurs désirs. Une fois de plus, Saki démontre sa connaissance « de l’intérieur » du monde de l’enfance.
« La disparition de Crispina Umberleigh » : un tyran domestique est enlevé par des ravisseurs, pour la plus grande joie de sa famille et la nôtre.
« Traitement de choc » : Clovis offre son aide à un ami dont la mère a la mauvaise habitude d’ouvrir le courrier. Encore une mystification réjouissante.

« Les romanesques » : Pour se débarrasser d’un gêneur, il suffit… d’avoir beaucoup d’imagination.
« Le déjeuner fantôme » : comment se faire payer un excellent repas par des piques assiette !
un vrai régal... même si vous n'aimez pas les oeufs! 8 étoiles

J'ai découvert ce recueil alors que j'étais clouée au lit par une mauvaise grippe, et j'ai passé des moments vraiment très agréables en le lisant! ...Au point que je me surprenais parfois à rire toute seule dans ma chambre! :-D Difficile de résister à la fantaisie de Saki, et à son humour "so British" teinté d'ironie.

Pierrequiroule - Paris - 43 ans - 10 septembre 2006


Désolée mais je n'aime pas 2 étoiles

J'ai acheté ce livre (je l'ai même commandé parce qu'il n'était pas en rayon) après avoir lu la critique dithyrambique de Malic (hic).
J'ai lu une dizaine de nouvelles, mais je n'accroche pas. Je trouve les sujets traités inintéressants, futiles (les petits problèmes de "qu'en dira-t-on" de la haute société) et ce style d'humour ne me fait pas rire. J'arrête à la page 100.
Désolée Malic de ne pas partager votre engouement.



Xerinata - Amiens - 67 ans - 27 août 2006