Rebelles, tome 1 : Libertad ! : Che Guevara
de Jean-François Charles (Scénario), Maryse Charles (Scénario), Olivier Wozniak (Dessin)

critiqué par Shelton, le 4 février 2006
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Icône quand tu nous tiens...
Etait-il possible d’écrire, de surcroît en bande dessinée, quelque chose de pertinent sur le Che ? Cela ne paraissait pas évident… et pourtant c’est bien ce défi qu’ont relevé les auteurs de cette bédé et, surtout, son éditeur, Arnaud de Lacroix de chez Casterman… Oh, il avait bien conscience du risque : « La biographie, en bande dessinée, ça ne marche pas… du moins si on le fait de façon classique. Il fallait prendre des risques et les Charles ont su proposer autre chose qu’un récit linéaire, le faire autrement que d’une façon chronologique… ».
Nous allons ouvrir l’album par la mort de Che Guevara. Ce sera le principe de la série, partir de la mort d’un être en imaginant que, l’instant d’avant le grand voyage, le moribond aura encore la force de contempler certaines scènes de sa vie. Du coup, elles sont là comme autant de flashs visuels, dans un ordre aléatoire, qui permettent au lecteur d’avoir une nouvelle approche du célèbre personnage…
Oui, Che Guevara fut aussi un enfant, un amant, un homme de fidélité en amitié, de conviction, un leader politique… mais, aussi, un grand naïf…
Maryse et Jean-François Charles, les scénaristes et concepteurs de la série, nous proposent un groupe de figures rebelles, Che Guevara, Kennedy, Marilyn Monroe, une quatrième devant venir clore ce cri du cœur : oui, vivre, c’est résister, c’est refuser la conformité, l’embourgeoisement, c’est relever la tête… même quand la mort est au rendez-vous !
Comme il fallait que le lecteur n’attende pas trop entre chaque album, nouveau concept partagé par tous éditeurs, ou presque, on a fait appel à quatre dessinateurs. Pour le Che c’est Olivier Wozniak qui s’y colle, et plutôt avec réussite.
Il a voulu se réapproprier le personnage au lieu de vouloir coller à la photographie que nous connaissons tous. Le dessin du Che est plus christique et messianique, le personnage plus humanitaire… un docteur argentin partant soigner les Indiens de Bolivie, de Colombie, du Nicaragua ou d’ailleurs… La tête pleine d’illusions… Un fils comme de nombreuses mamans aimeraient en avoir… Mais, un jeune homme atteint d’asthme chronique … Un Cubain d’adoption et d’honneur qui se bat en Angola… Une vie folle et terrible qui prend fin dans un canyon de Bolivie…
Un très bon travail de documentation, un graphisme approprié, un rythme agréable pour le lecteur, une bonne esquive des clichés faciles, et il n’en manquait pas…
Maintenant, reste une question en suspens : cette bande dessinée peut-elle intéresser un lecteur neutre, celui qui n’aurait pas d’idée préconçue, celui qui n’aurait jamais entendu parler du Che, celui qui voudrait tout simplement apprendre sur un docteur argentin parti sauver le monde… enfin, c’est bien ce qu’il croyait !
Une lecture qui pourrait bien avoir une valeur pédagogique, politique et culturelle. Il fallait oser une telle aventure ! Il ne vous reste plus qu’à la lire…