Une ravissante idiote de Charles Exbrayat

Une ravissante idiote de Charles Exbrayat

Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Mademoiselle, le 5 février 2006 (Inscrite le 29 mars 2004, 37 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (40 530ème position).
Visites : 4 564  (depuis Novembre 2007)

J’ai bien rigolé

Piotr Serguéîevich Mikouline, mère anglaise, père russe, a décidé sur un coup de tête suite à une déception de devenir espion pour l’URSS. Devenu Harry Compton, il vit agréablement aux crochets de ses maîtres sans rien avoir à faire. Jusqu’au jour où on lui demande de dérober un dossier top secret. Pris entre le marteau et l’enclume, il ne veut plus trahir le pays où il a toujours vécu mais est menacé de mort s’il faillit à sa mission. Il découvre alors que Pénélope Lighfeather, la jeune fille dont il est amoureux, est la couturière de la femme de sir Reginald Dumfrey, dans le coffre duquel se trouve le dossier. Pénélope est très belle mais a un rire de chèvre qui donne aux hommes des envies non d’amour mais de meurtres. Et elle est complètement à côté de ses pompes.

Ce roman allie humour et intrigue de qualité bien que dépassée aujourd’hui. Harry est un héros très attachant, tirant ses techniques d’espionnage des films qu’il va voir. Tout comme il s’inspire de ses idoles pour séduire Pénélope : « Il tenait enfin l’occasion de jouer ce rôle de séducteur qu’il admirait si totalement chez ses idoles cinématographiques. Pendant qu’il parlait, il se voyait sous les traits de Curd Jurgens, Cary Grant ou de Vittorio de Sica. Il tâchait de mettre dans sa voix les intonations les plus troublantes repérées chez ses acteurs. […]
Harry était assez content de cet exode. Il pensait que Vittorio de Sica se serait exprimé de cette façon. Maintenant, il allait user de la méthode Cary Grant. Pour cela, il affecta la désinvolture du bon copain qui n’attache pas plus d’importance qu’ils n’en méritent aux propos qu’il tient.
-Voici ce que je vous propose : on descend prendre le « tub », on s’arrête à Russel Square… Vous m’accompagnez chez moi et on prépare le thé. Qu’est-ce que vous en dites ?
-Où est-ce chez vous ?
-A Tasvistock Square…
-J’aime bien cet endroit.
Ce coup-là, Harry convint que Cary Grant lui-même n’aurait pas réussi à paraître plus détaché, plus fraternel… et plus hypocrite aussi. Au fond, resté puritain, Compton se dégoûtait un peu d’abuser d’une fille aussi désarmée que Pénélope Lighfeather. Cependant, il la pressa :
-Alors, c’est d’accord ?
-Moi, je voudrais bien…mais il est tard et ce ne serait pas très convenable que j’aille chez vous à cette heure, n’est-ce pas ?
Ici, la manière Curd Jurgens de toute évidence s’imposait. Harry contempla son amie avec des yeux de poisson mort – persuadé qu’il irradiait un regard irrésistible – et, assourdissant sa voix, parvenant à la rendre rauque, il dit sur le souffle, tel un soldat de Marathon s’il avait essayé de prononcer un discours à son arrivée… »

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D'accord avec Cath

7 étoiles

Critique de Manon (Paris, Inscrite le 31 juillet 2005, 35 ans) - 30 juillet 2006

Je partage tout à fait l'avis de Cath, "une ravissante idiote" est un petit bouquin très drôle à lire entre deux pavés. L'humour caustique d'Exbrayat est ici très présent et l'on s'amuse de cette ambiance très désuète (il ne faut pas oublier que nous sommes en pleine guerre froide). Cath a choisi un des bons romans du Grand Charles ;-) car emblématique : l'humour prime souvent sur l'enquête. A lire aussi "Espion, ou es-tu, m'entends-tu ?"

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