Norma, roman de Daniel Charneux
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Au-delà des images
Norma, c’est Norma Jean Baker, c’est la Norma de Bellini chantée par Maria Callas, c’est un roman de Daniel Charneux qui fait résonner les photos de Marilyn avec les mots de Norma, la chaleur du désert de Mojave à la froideur d’une vie passée (dans le grand public) par le filtre de la photo, du film d’actualité (plus que du film d’auteur)...
Cest, on s’en doutait s'agissant de Charneux, un jeu de soi à soi (Norma, c’est moi, pourrait-il clamer, et les points communs avec Emma ne s’arrêtent pas là), un travail d’écriture qui atteint ici son acmé. Même si ce texte peut faire penser à de la poésie, ce n’en est pas – uniquement. Comme précisé d’emblée, « Norma, roman » est bien un roman. Un roman foisonnant de mots, avec un côté inventaire, et qui va vite, parce que la vie, dont il traite, est une course. Un livre-monde, peut-on dire, à la fois court (une petite centaine de pages) et intense. Mais qui ne va pas aussi vite qu’on pourrait le croire même s’il nous entraîne à une lecture rapide. L’auteur, et ce n’est pas courant, impose la cadence de lecture, laissant peu de temps, peu de blanc, peu de place à la réflexion. Tant que les mots occupent le terrain...
Les segments de phrase sont brefs, séparés uniquement par des virgules. C’est ainsi qu’on réalise que tous les autres signes de ponctuation sont affaire de dilettante. Daniel Charneux fait un sort à son écriture fluide, il maltraite sa prose, la triture pour en tirer le tranchant propre à effiler les sentiments, à les creuser aussi. Les phrases s’enchaînent aux phrases, les sons aux sons, le livre se donne à lire à voix haute ; les lèvres doivent remuer pour marquer le rythme, comme à l’écoute de musique les doigts qui pianotent ou les pieds qui tapotent. Le métronome de la prose agit en sourdine. Roman groovy d’une femme qui regarde en écoutant du Bellini son passé élevé au rang du mythe.
Comme si elle n’avait plus rien d’autre pour se souvenir d’une vie qui ne fut jamais vraiment la sienne et sur laquelle la mémoire n’aurait pas eu de prise, elle se réfère aux photos qu’on a tirés d’elle où, le plus souvent, elle donne une image du désir (comme elle aimait en jouer, comme les gens qui n’ont que leur charme aiment en jouer). Mais pas toujours : certains clichés laissent filtrer les failles, les blessures – celles de n’avoir pas connu son père, de n’avoir pas enfanté, de n’avoir pas été comprise des hommes... La Norma derrière l’étoile, la femme de presque rien sous l’astre rayonnant.
Si Daniel Charneux nous dit peu de choses sur la vie de Norma après le 4 aôut 62, c’est parce qu’après, cette femme-là ne relève plus du domaine public. Ce qui s’est passé ensuite ne "regarde" plus les admirateurs de Marilyn-l'icône bien morte, elle, ce jour-là. Norma a connu une existence ordinaire, anonyme, qui a sans doute valu la peine d’être vécue, mais pas racontée.
Jusque là Marilyn était regardée par le monde ; il a continué, le monde, à la décortiquer sans trêve, à travers ces photos surexposées. Au-delà, c’est Norma qui regarde le monde. Si elle analyse avec une violence rentrée, dans une rageuse précipitation, les photos qui ont marqué, pillé, sa vie, qui lui ont collé à la peau, c’est pour évacuer cette vie d’empunt contenue là ainsi que dans quelques documents et des films sans importance.
En se débarrassant de son image, Marilyn a perdu son corps en tant qu’apparence, pure surface. L’essentiel, l’âme, est restée, propre a fabriquer un corps plus vaste, imaginaire, et non plus soumis au diktat de la ressemblance.
En coupant le trop visible par le scalpel du verbe, Norma laisse place à ce qui n’a pas prise à l’œil, à ce qui s’y dérobe et reste en retrait, en deçà du regard, de la machine à illusion, et que seul le filet du langage peut saisir.
En cela, l’aquarelle de Salvatore Gucciardo qui illustre la couverture (voir www.wilquin.com) adhère parfaitement à ce thème : elle montre un cactus à l’avant-plan, ce sur quoi heurte le regard, et, à l’arrière plan, des sinuosités sans nombre, une mer de vagues de sable et d’air qui figurent l’inaccessible vacuité de l’humain, qu’il se nomme pompeusement Marilyn ou, plus conformément, Norma.
Après lecture du roman, et c’est sans doute sa principale réussite, on peut certes se dire que tout cela n’était que fiction, invention de romancier, mais cette femme qui parle a su tellement capter notre attention, nous faire rêver, qu’on a peine à croire ce qui se dit depuis ce 4 août 62: que Norma Jean Baker est bien morte et ne nous dira plus rien.
L’extrait :
« Un visage parmi des dizaines d’autres sur la photo de groupe de la Van Nuys High School. Dizaines de petits destins en marche.
Qu’étaient-elles devenues, dans la tourmente du vingtième siècle ? Qu’étaient-elles devenues, les Rose, les Grace, les Peggy, les Pam ? Qu’avaient-elles fait de leurs rêves ? Elles avaient remué un instant la poussière des chemins avant de retourner à la poussière, elles avaient fait un peu de bruit avant le grand silence. Elles avaient swingué à vingt ans, twisté à trente-cinq, et puis elles avaient vu couler la pop, le punk, le disco, la techno… Elles avaient été dans le coup un moment, puis hors du coup, au rancart. Elles avaient attendu l’amour et c’est un mari qui était venu. Elles avaient attendu des enfants qui ne les avaient pas attendues pour grandir, pour attraper de l’acné, des seins, des poils, pour trouver des copains, des maris ou des femmes, pour partir. À cinquante ans, elles s’étaient retrouvées assises dans des canapés à côté d’obèses en pantoufles qui regardaient des matches de football à la télévision en buvant des bières en boîtes, piégées, ahuries, vacantes, terriblement normales. Et le temps s’était mis à peser sur leur tête comme la pierre d’un tombeau.
J’avais au moins échappé à ça, moi, j’avais effacé, à trente-six ans, mon désir d’exister, balayant de la main les déchets du gommage, les résidus entortillés, maigres traces sur le papier, reliefs estompés, abolis, page blanche. Désert. »
Les éditions
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Norma, roman [Texte imprimé] Daniel Charneux
de Charneux, Daniel
Luce Wilquin
ISBN : 9782882533036 ; EUR 10,00 ; 15/02/2006 ; 100 p. ; Reliure inconnue
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Les critiques éclairs (9)
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Marylin fait toujours rêver
Critique de Ddh (Mouscron, Inscrit le 16 octobre 2005, 83 ans) - 1 septembre 2007
- Norma Jean Baker.
Ce n’est rien, mais son pseudo : Marilyn Monroe !
Une biographie ? Pas vraiment, mais du rêve, de l’imagination, un dédoublement de personnalité avec, en musique de fond, une autre Norma, celle de Bellini, chantée par un autre mythe, Maria Callas.
Et si le corps découvert n’était pas celui de Marylin Monroe, mais d’une autre suicidée ? Et si elle avait voulu suicider Marylin pour redevenir Norma ? 40 ans plus tard, Norma contemple la vie de Marylin depuis le désert de Mojave. Nostalgie ; sa vie n’a pas été celle dont elle rêvait. Elle a beaucoup reçu mais n’a pas connu le bonheur d’une vie dite banale. Cette vie banale la fait rêver ; le cow-boy et les disques de Maria Callas peuplent son imaginaire où errent ses proches déjà lointains.
Excellente adéquation entre style et idée : tout baigne dans une ambiance de rêve, d’irréalité voire de surréalisme. Quel plaisir pour le lecteur de se laisser bercer, envoûter par le mythe de Marylin servi merveilleusement par une écriture soignée, imagée, scandée en périodes brillamment balancées.
Recluse dans le désert de Mojave
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 20 décembre 2006
« Assise dans le noir, blancheur des seins, blancheur des cuisses – noirs, les dessous – sourire, tête penchée – lourde et fragile.
Lovée sur le sol, enroulée dans l’air, bas à résilles pour tout vêtement, le saillant des hanches, le saillant du dos nu et blanc, tête basculée vers l’avant, offerte, la brousse des cheveux masquant, mangeant tout le visage – blondeur feinte. Simuler, toujours ; faire semblant. Miauler, minauder, faire semblant de jouir, semblant de désirer, semblant de vivre. Simili cuir, simili plaisir, simili vie. »
On pourrait dire aussi écriture en noir et blanc, le concept de ces photos à l’ancienne revenant de manière récurrente. Il faut dire que de photos il est beaucoup question !
De quoi s’agit-il en fait ?
Marylin Monroe, vous connaissez ? Norma Jean Baker ?
He bien l’argument est simple. Elle n’est pas morte, ou plutôt seul le personnage de Marylin Monroe est mort, et Norma vit recluse, vieille et dans ses souvenirs, au fin fond du désert de Mojave. Et Daniel Charneux exploite des photos de l’étoile (la star, pour les intimes) pour nous raconter l’histoire non-officielle.
Photos, et donc beaucoup noir et blanc. La référence sera souvent explicite mais il parvient souvent à nous faire ressentir cette impression d’être devant une image noire et blanche.
Partant, beaucoup de descriptions pour mettre en place la photo, nous l’écrire sur la rétine. Puis la photo développée dans notre mental, Daniel Charneux s’en sert comme d’un levier pour effleurer des petits épisodes – imaginés ? Peut être pas tant que cela ? – de la société américaine tel qu’elle s’est consumée au contact de l’étoile.
De petites touches donc, de désillusions en frustrations, du sentiment d’abandon du père à celui de n’être qu’un paquet de chair offert à la concupiscence, pour nous brosser la Norma de Daniel Charneux. Cette Norma, vieille et désabusée qui couche dans son cercueil, là-bas dans le désert de Mojave.
Un style très soigné et léger. Le propos m’a paru peut être un peu trop décousu (c’est le principe des petites touches de-ci de-là) et peut être le regret que le désert de Mojave ne soit pas davantage exploité-mis en valeur. On ne s’y sent pas réellement.
Je suis curieux de voir ce qu’il m’en restera à l’épreuve du temps. A vrai dire, c’est là qu’on peut juger les grandes oeuvres et c’en est peut-être une.
Norma, roman à Mons !
Critique de Katsimbalis (, Inscrite le 7 avril 2006, 54 ans) - 7 avril 2006
Décrochez le combiné
Critique de Miller (STREPY, Inscrit le 15 mars 2001, 68 ans) - 5 avril 2006
Car il s’agit bien d’un jeu, proposé et appuyé dès ce titre et dès le départ par la citation de Georges Perec :
« Ecrire un roman, ce n’est pas raconter quelque chose en relation directe avec le monde réel. C’est établir un jeu entre l’auteur et le lecteur. Ca relève de la séduction ».
D’abord, une révélation : voilà ce que l’auteur fait dire à son personnage, la Norma qui cherche un père : « Il y aura bien le vieux cow-boy moustachu. Le vieux cow-bow dont je rêve encore. Celui qui enlaçait Scarlett sur l’affiche flamboyante de Gone with the mind.
Maintenant que je pourrais être arrière-grand-mère, tout ça n’a plus beaucoup d’importance ».
Moi, je comprends parfaitement Norma et son moustachu!
L’important, suggère l’auteur , derrière ses phrases, c’est la recherche, c’est le chemin qu’on fait, peu importe ce qu’on trouve. Que ce soit à la quête d’un père, d’une mère, d’un amour, du Graal, de la floche du manège ou de soi-même.
A travers la fiction, l’auteur débusque, il trouve des pépites de vérité, parfois insoupçonnées sur lui et sur les autres et puis il les donne à voir.
Il fait chanter une autre Marilyn Monroe seulement vêtue de ce T-shirt qu’elle tire vers le bas, seulement accompagnée, bercée par une Callas et dans les mots d’un Bourvil de Dour, à l’attaque des moulins dans le désert de Mojave où souffle un vent brûlant qui balaie devant lui des vagues de sable rouge.
Le 5 août 62 jour de sa mort, l’auteur propose une Norma Jean Baker qui tombe le mythe comme on tombe le masque, pour se retrouver hors cadre, hors micro hors caméra hors temps, en plein dans la fiction, comme Don Quichotte, que son fidèle écuyer prenait pour un taré, alors que le visionnaire c’était celui qui criait : à l’attaque !
Le héros c’était celui qui créait sa vie, puisque seul la vie qu’on se crée, qu’on se forge est celle qu’on vit et pas l’existence qu’on subit comme tous ces tubes digestifs sur pattes, aux œillères mercantiles qui capitalise leur vie au lieu de la réinventer.
Avec quel degré de complicité l’artiste Marilyn Monroe s’est laissée (pré)fabriquer sa propre image ?
Victime totale ou pas de cette Normalisation holywoodienne ?
Comme dit la Norma ( le personnage de l’auteur Daniel Charneux) : « …La petite gourde que j’étais. Blonde glamour nue sur un calendrier, son corps scandaleux. Diagonale désaxée. Un produit fabriqué, une poupée Barbie. Voilà ce qu’ils avaient de moi ».
Décrochez le combiné de votre cabine téléphonique intérieure, et jouez, faites votre roman en lisant celui de Daniel Charneux !
Norma viene
Critique de Bluewitch (Charleroi, Inscrite le 20 février 2001, 45 ans) - 15 mars 2006
Au prix d’un cahier rouge et d’une demi-vie, elle se cache. Elle revit, elle est Norma. La prêtresse ? Chaste et seule, elle se livre. Et se délivre du mythe.
Rythmée de phrases brèves, de souvenirs courts et parfois brutaux d’une fausse existence gâchée par le seul vide qui lui était laissé, Norma raconte. Un jeu d’identités dont il ne sort qu’une gagnante, ou peut-être même aucune ?
Tout le temps, la Norma de Bellini en tête, elle qui si souvent déjà m’a faite frissonner dans ses paroxysmes de beauté. Tout le temps Casta Diva. Les deux Norma sont amies, sont jumelles et unies dans le roman de Daniel Charneux. Elles vieillissent ensemble, mortelles et éternelles. Solitaires.
De cliché en cliché, la vie d’avant est revue et non corrigée. Les manques, les ratés, le vinyle rayé de la vie, les absences. Avec émotion et douceur, l’auteur rend un pudique hommage à la femme derrière la légende et c’en est terriblement touchant. Les mots aident, les phrases sont courtes, coupées d’instants, hachées de sons, de Musique, d’images, comme l’est la mémoire.
« Aujourd’hui, vieille et pacifiée, je m’accepte. J’accepte de n’être plus personne. »
Tout a été dit par Kinbote, Bolcho et les autres. L’amour des mots, il est là. Pour transcender la tendresse envers cette Norma qui s’écrit et se dit. Qui nous ramène maternellement à nous. Et qui, à la fin du roman, nous manque…
Norma viene…
Le bref instant...
Critique de MOPP (, Inscrit le 20 mars 2005, 88 ans) - 9 mars 2006
C'est pourquoi je m'attacherai à montrer uniquement comment Daniel CHARNEUX parvient à décrire avec précision un bref instant en utilisant le haïku-senryû et son rythme classique 5/7/5.
Je prends un exemple, page 70 :
"Assise au soleil qui écartèle la terre, fragile et lunaire".
Je montre la découpe et le rythme en déployant ce vers unique sur 3 lignes, portées des 3 séquences rythmiques :
Assise au soleil
qui écartèle la terre
fragile et lunaire
Il convient de mettre en évidence pareille merveille dans l'écriture du romancier.
A vous de chercher d'autres exemples.
Hommage à la femme double
Critique de Nothingman (Marche-en- Famenne, Inscrit le 21 août 2002, 44 ans) - 27 février 2006
Norma qui, forte de cette nouvelle identité, observe son passé, cette pulpeuse blonde qu'elle était, poupée de papier glacé et de pellicules. Cette femme égérie aux mensurations parfaites mariée à deux hommes diamétralement opposés : le sportif et romantique Joe Di Maggio et Arthur Miller, l'intellectuel distant. Deux hommes qui ne soupçonnent sans doute même pas l'existence de celle qui n'est plus Marilyn mais est redevenue Norma Jean Baker. Aujourd'hui, elle attend la mort, réconciliée avec la vie, en se couchant à l'intérieur de ce petit cercueil qui l'attend déjà . Et elle écoute en boucle La Divine, Maria Callas, femme double elle-aussi, chantant l'autre Norma.
Un roman lyrique où chaque chapitre présente la même structure. Norma dans le désert portée par l'air et les mots de la cantatrice, Norma qui se souvient et Marilyn qui dévoile peu à peu son étourdissant secret.
"Que reste-t-il de ces années de folie? Des milliers de photos, une trentaine de films, une vingtaine de chansons. De la pellicule, de l'encre, des mots. Rien de moi. Rien de Norma".
Et si Daniel Charneux, avec ses mots, son fluide, avait composé une merveilleuse uchronie ?
Aux seins blancs de Norma, aux draps blancs, à la blanche mort très douce et à la lumière passée.
Critique de Bolcho (Bruxelles, Inscrit le 20 octobre 2001, 76 ans) - 26 février 2006
« J’ai acheté un cercueil. Parfois je vais m’y étendre, m’y attendre. »
Et plus loin :
« Dans ma pirogue d’ébène, à l’aube du couchant, j’appareille ».
Les phrases courtes découpent le temps passé : « Nous mourons tous. A chaque instant. Elle aussi, déjà. Moi aussi, encore. Et toi, toi qui m’écoutes… Tu en es où ? ».
Difficile de ne pas se sentir soi-même interpellé même si le « tu » ne désigne pas explicitement le lecteur. Ce roman qui nous parle de Norma, nous parle forcément de l’auteur mais aussi de nous-mêmes : il faut « comme au jeu de go, jouer les pions de sa vie pour cerner du vide ».
Pardon lecteur, c’est vrai, j’ai envie de tout citer. D’ailleurs, j’avais décidé de citer la page même que Kinbote nous propose. Alors, lisez-la encore une fois.
Elle n’est pourtant pas si représentative de l’ensemble parce que plus cruelle. Elle est moins musicale aussi, parce que, il faut vous le dire, ce texte, c’est de la musique ; on entend les thèmes qui reviennent en échos, se croisent et se mêlent, peut-être pour nous « éveiller avant le grand sommeil ».
L’auteur nous parle de Norma au gré d’une succession de regards en arrière, où des clichés de noir et de blanc sont une trace dans la lumière comme la musique en laisse une dans le silence. Et le temps envahit le monde, nous laissant parfois la perception floue de notre propre instant de souffle entre deux néants.
C’est beau et c’est émouvant.
Un beau livre
Critique de Saint Jean-Baptiste (Ottignies, Inscrit le 23 juillet 2003, 88 ans) - 26 février 2006
On ne peut pas dire mieux ! « Variations charnelles et mystiques » : Marilyne, mythe charnel du désir et de la beauté. Norma, lucide et tragique, qui se raconte en variations mystiques entre elle et son double...
C’est un livre de méditation sur la beauté, l’illusion, la vanité mais c’est aussi, pour le plaisir du lecteur, un roman ; c’est l’histoire d’une vie hors du commun, racontée en quelques flashes évocateurs. Le personnage Norma-Marilyne est bien cerné, à la fois pitoyable et attachant. L’écriture est nette, précise et superbe.
Personnellement, j’attache beaucoup d’importance à la présentation d’un livre. Ici on est dans l’excellence : une couverture avec une illustration évocatrice, trois lignes discrètes dans de beaux caractères, une page 4 couverture, qui ne racole pas, ne raconte pas l’histoire, mais qui remplit parfaitement sa fonction : on peut la lire avant le roman. Le texte est parfaitement imprimé sur un papier épais, mat, légèrement teinté. Les amateurs de belles choses apprécieront.
C’est un livre à déguster sans précipitation et sans modération, c’est un régal pour le plaisir et pour l’esprit.
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