Agaguk: Roman esquimau
de Yves Thériault

critiqué par Thémis, le 19 juin 2001
(Ligny - 54 ans)


La note:  étoiles
La vie des Esquimaux avant que le progrès ne s'en mêle...
Ce très beau livre nous instruit sur la façon de vivre au quotidien des Esquimaux du grand Nord canadien.
On y découvre de vastes étendues à n'en plus finir où ça et là quelques igloos se dressent en hiver. En été, ce sont des tentes faites de peaux de caribous que l'on peut voir. Il faut lutter à chaque instant pour survivre à un tel climat! Mais surtout, il faut savoir vivre en harmonie avec son environnement et le respecter... Chasser et tuer pour vivre et se défendre uniquement.
Agaguk, responsable du meurtre d'un Blanc doit quitter le village avec sa jeune épouse pour vivre, ou du moins essayer de survivre à l'écart. Il devra également affronter le loup blanc qui veut le tuer. Trouver de quoi boire et manger est essentiel, et il lui faut désormais nourrir sa famille agrandie par la venue d'un fils.
Chasser le phoque n'est pas une mince affaire car il prend le risque de finir noyé ou gelé... Et toujours ce loup blanc qui rôde tel un "agiork" : un mauvais esprit.
Hélas, la chasse est obligatoire si l'on veut se nourrir de la chair des animaux mais également pour se vêtir de leur peau ou encore utiliser les os pour fabriquer des outils.
Pour ma part, je crois que beaucoup de peuples catalogués de sauvages auraient bien des choses à apprendre au nôtre qui se prétend civilisé!!!!
La condition des femmes est cependant "à revoir" si j'ose dire... car celles-ci n'ont pratiquement pas le droit de s'exprimer. L'épouse d'Agaguk, quant à elle réserve bien des surprises aux lecteurs...
Agaguk 9 étoiles

J'ai passé un excellent moment de lecture avec ce livre moitié roman moitié document.

Agaguk est à la fois l'histoire de l'Inuk-l'Homme et des Inuits-les Hommes.
La vie dans ce village d'Inuits est très austère et dure. C'est un dépaysement total. Ce qui m'a le plus choqué dans la façon de vivre des Inuits, est en premier lieu le fait qu'ils tuens (tuaient) à la naissance (je suppose que cela n'était pas systématique puisque il y a des femmes dans le villages) les petites filles à la naissance parce qu'elles sont une bouche inutile à nourrir contrairement au garçon qui chassent, construit ou peut défendre son village dès son plus jeune âge.
Il y a aussi la condition la femme qui est réduite tout simplement au rang de femelle. Elle n'a absolument pas le droit à la parole et est totalement soumise. Tout cela est assez difficilement imaginable (et pourtant malheureusement tellement d'actualité).
Et pourtant il y a quelque chose de beau et de pure dans cette dureté du coeur, de la nature qui est magniquement bien décrite et de la vie des Inuits.

Puis il y a le "blanc" qui a apporté les armes, l'alcohl dont les Inuits sont malheureusement friands. Il y a "le blanc" infâme colonisateur qui veut imposer SA loi, SA façon de vivre.
Ce livre a été écrit en 1958... "le blanc" à je crois "gagné" : la civilisation occidentale à détruit les Inuits....

Philaera - - 56 ans - 12 avril 2006


Ne rien savoir des Blancs 8 étoiles

Agaguk a été publié en 1958 et non en 1858. Ce roman permet à Yves Thériault de se laisser nourrir de ses origines indiennes.

Que fait Agaguk dans ce roman? Il fuit la Justice canadienne pour un meurtre qu'il a commis. Les siens l'appuieront, raison pour laquelle on le retrouve avec une femme dans un territoire presque inaccessible aux blancs. Ce n'est pas eux qui jugeront les Amérindiens. Aujourd'hui, on remarque davantage la coupure entre les blancs et les premiers habitants du Canada. Leurs revendications se font plus oppressantes. Ils ne veulent plus être les jouets sur lesquels repose l'exploitation des richesses naturelles. Avec ce canevas, on revit les us et coutumes des ancêtres amérindiens qui, aujourd'hui, vivent dans des maisonnettes comme tout le monde.

L'aspect le plus intéressant du roman, c'est la conception de l'amour dans le couple. Et surtout le rôle de la femme dans l'édification de cet amour. En entrée de jeu, on voit une femme très entreprenante qui saura faire d'Agaguk un vrai homme et un vrai amoureux.

Bref, ce roman montre que les blancs et les autochtones ne peuvent pactiser à travers un couple d'amoureux qui vit selon la culture des ancêtres afin d'échapper à la Gendarmerie. Ce roman est le fruit d'un travail colossal que seul l'un des leurs pouvait écrire pour manifester autant d'authenticité. Cette oeuvre rejoint finalement les préoccupations des écrivains du Montana qui supportent mal le passé qui a présidé à la création des États-Unis.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 25 août 2005


n'akoksanik 10 étoiles

Comme plusieurs québécois, j’avais à tort, l’impression que ce roman n’était qu’un conte Esquimau décrivant les us et coutumes d’un peuple confronté à la rudesse des éléments. Quel choc de découvrir une œuvre beaucoup plus puissante ! Le personnage d’Iriook, la femme d’Agaguk, est un des plus beaux qu’il a m’a été donné de lire. Avec une écriture limpide, Thériault tisse un récit qui nous plonge au cœur de la toundra et d’une communauté dont la préoccupation quotidienne est la survie, mais aussi avec un talent de raconteur indéniable, il établit les points de rupture entre l’homme sauvage et l’homme moral, l’évolution humaine et la tradition ancestrale, jusqu’à cette finale triomphante et magnifique.

Un ravissement.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 15 janvier 2005


un récit très documenté 10 étoiles

Agaguk est un jeune Inuit, tout juste 18 ans mais chez eux c'est un homme. Un chasseur brave, intrépide et raisonné. Il prend Iriook pour femme, et ensemble, ils quittent le village pour s'établir dans la solitude. Ils fonderont une famille et nous feront partager leurs coutumes, cheminements, allant même jusqu'à nous décortiquer leur lente évolution... Tout un monde impitoyable et cruel qui est le leur.

Incroyable ! Ce livre est une bombe. Qu'il soit devenu un classique de la littérature québécoise et universelle selon Réginald Martel de La Presse n'est que justice. Il a été édité pour la première fois en 1858, mais l'écriture est intemporelle. Il décrit le monde Esquimaux dans les années quarante, mais pourrait tout aussi bien se situer dans un espace et un lieu inconnu, tant est grand le décalage avec nos esprits occidentaux et soi-disant civilisés.
Il est difficile d'aimer le personnage d'Agaguk. Sans même pouvoir l'appréhender psychologiquement il découvre l'amour avec Iriook et cela l'effraie beaucoup. Celle-ci en revanche a dès le début toute notre sympathie. Quelle femme admirable ! Intelligente ! Brave ! c'est son amour et sa grande lucidité qui feront d'Agaguk un homme, un vrai être humain.... La fin est de toute beauté, avec un don mutuel de grande signification.
C'est un roman très documenté, où les Innuits ne sont pas traités ou expliqués avec condescendance, mais au contraire avec beaucoup de respect et d'humanité.
Le style d'Yves Thériault nous entraîne dans son récit en nous faisant ressentir fortement la palette des émotions liées aux diverses aventures; tour à tour barbares, cruelles, douces, tendres, pitoyables, votre coeur de lecteur se serrera plusieurs fois mais refermera la dernière page avec beaucoup de tendresse et de souhaits pour la suite de la famille d'Agaguk.

Cuné - - 57 ans - 16 juin 2004


Un avis... 7 étoiles

Je me doute que ce que dit Vigno dans sa critique éclair est juste. Mais quant au fond du sujet, je donne raison à Thémis. On m'a aussi reproché d'aller trop loin dans mes premières critiques et d'enlever ainsi aux autres le désir de lire le livre. Ce qui serait dommage vu que nous écrivons nos critiques en espérant donner cette envie. Depuis que l'on m'a fait ce reproche, j'ai tenté de ne plus céder à ce défaut et j'ai même changé plusieurs de mes premières critiques. J'ai constaté qu'elles y gagnaient...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 4 juillet 2001


réponse pour vigno 8 étoiles

justement si je dis que l'épouse d'Agaguk réserve des surprises aux lecteurs...je veux bien entendu parler de la fin du livre!! Mais cher vigno si je dis tout, les gens n'auront plus envie de lire ce livre... il faut tout de même en garder un peu pour les lecteurs tu ne crois pas? personnellement j'ai toujours détesté savoir la fin d'un bouquin avant de l'avoir lu...pas toi? Critiquer oui, tout dévoiler peut-être pas...à chacun sa façon de voir les choses... Amicalement, :)

Thémis - Ligny - 54 ans - 4 juillet 2001


Agaguk et le grand loup blanc 8 étoiles

Il est vrai que c'est un beau roman. Je l'ai lu alors que j'étais à l'école secondaire (au Québec) et relu plus tard. Thériault présente les Inuits, les Innus et les Blancs sans verser dans un manichéisme facile. Et il y a la relation du couple (Agaguk/Iriook) qui est passionnante.

Vigno - - - ans - 4 juillet 2001