“Tout avait pourtant bien commencé : vous n’aviez rien et vous n’étiez personne.”
(…)
“Un producteur s’occupe de ceux qui entrent dans la lumière ; lui reste dans la douce nuit qui protège le regard et donne le loisir de frapper et de consoler, sans jamais être frappé, ni consolé. Élias organisait, négociait, remplissait des chèques, serrait dans ses bras, réservait des jets et des hôtels, trouvait les bons acteurs et les meilleurs somnifères. Mais son œuvre ne laissait pas de traces. Il y a des fantômes sans qui rien ne fonctionnerait. Ce soir, alors que les premiers flocons de neige se posaient sur Paris, une cérémonie l’arrachait à l’immatérialité. Des inconnus refusaient de croire qu’il n’existait pas.”
Un jeune producteur parisien, le personnage principal, connaît la consécration dans le milieu qui est le sien. Les projecteurs sont braqués sur sa personne ; la mise en lumière n’est pas définitive, de toute façon elle resterait très extérieure.
Martin Page, l’auteur, est un citadin dans l’âme. Il n’a de cesse de parcourir les grandes villes du monde, Paris, New York, Barcelone ou Rio de Janeiro, en fuyant les rayons du soleil et les chaleurs estivales, préférant les visages mouillés des grandes métropoles.
Il nous entraîne dans ce nouveau roman à suivre les circonvolutions intérieures d’un homme de l’ombre du monde du cinéma parisien. Étoile d’un soir, il est vrai, mais qui vit en privé par procuration, à travers l’autre, en oubliant la bivalence indispensable à toute véritable relation. Certains pourraient reprocher à la thématique d’être commune : de la passion vers l’amour. Peut-être que ceux-ci se considèrent au-delà de la condition de tout un chacun. Qu’ils restent au sein de leur élite sclérosée (je ne parle pas pour Nounours, pas de méprise).
Martin Page nous emmène dans des milieux contrastés. Une occasion pour présenter sous un angle intimiste des quartiers de Paris que l’on croyait connaître, ballotés que nous sommes dans nos représentations en noir et blanc.
Vous avez pu lire au début de cette présentation quelques lignes. Martin Page écrit bien, c’est une évidence, alors lisez-le sans plus attendre et sans appréhension.
Pas d’auteur à la mode ici : un écrivain.
Gilles ARNAUD
Gilles Arnaud - Saint Rémy de Provence - 51 ans - 1 juillet 2008 |