Voulez-vous voyager avec Marianne ?

Jacques Ferrandez a décidé un jour, probablement avec une certaine dose d’inconscience, de se lancer dans une grande fresque consacrée à l’Algérie. Issu d’une famille pied-noir, il prenait un risque énorme, celui de se trouver pris entre deux feux, celui de sa famille – Mais t’es de là-bas, mon fils ! – et celui des gens bien comme il faut – Non, mais votre histoire de l’Algérie, c’est juste une tranche de notre histoire de France et la bande dessinée n’a rien à nous apprendre dans ce domaine qui lui est interdit –, mais Jacques Ferrandez a pris ses responsabilités, s’est documenté, et il nous raconte l’Algérie avec le seul outil qu’il avait à sa disposition, la bande dessinée, l’art narratif exceptionnel qui lui permettait aussi d’utiliser la lumière comme personnage principal…
La lumière arrive dès le départ avec les carnets de voyage d’un peintre qui découvre l’Algérie à ses débuts de la colonisation par la France. Ces carnets, qui ont donné le nom à la série, sont de Joseph Constant et ils vont être au cœur de ce cinquième album qui devait être, à cette époque, le dernier d’une belle histoire puisque l’auteur avait peur de se lancer dans le récit de la guerre qui ne voulait pas dire son nom, la fameuse guerre d’Algérie…
Marianne est une jeune étudiante pied-noir à Alger. Elle est aux beaux-arts et issue d’une famille modeste. Elle finance une partie de ses études en posant pour différents peintres, en particulier un certain Marnier… Nous sommes en mai 1954, le soleil brille, et, si du côté de l’Indochine les nouvelles sont définitivement mauvaises, l’Algérie se prélasse sans comprendre, sans vouloir voir que des jours plus sombres vont arriver…
Un jour, sur le marché aux puces, elle découvre un lot de carnets de dessins et esquisses de ce Joseph Constant que lui offre son ami, son chevalier servant, Sauveur… Elle comprend que c’est le peintre qui a fait une toile qui est chez ses grands-parents… Il faut absolument qu’elle refasse la route de ce peintre à travers ce pays qu’elle considère comme le sien, sans aucun doute, elle y est née… Plus d’un siècle après Joseph Constant, la voilà qui suit la lumière… Un guide étonnant qui la mène vers une grosse propriété de vignes tenue par une ordure de bas étage, vers Constantine arc-boutée sur son rocher, puis vers Biskra, Bou Saâda, Mascara… Mais quand elle arrivera à Orléansville, la ville de ses grands-parents, ce sera pour apprendre qu’un séisme vient de ravager la ville (1400 morts). Ils sont vivants mais la toile de Joseph Constant a péri dans le désastre…
Cet album, est aussi l’occasion d’un cheminement initiatique pour Marianne qui va découvrir l’amour en plusieurs temps grâce à ce vieux Marnier qui pourtant nous paraît très antipathique… mais je ne veux pas vous en dire beaucoup plus de la façon dont Marianne et Sauveur se retrouveront…
L’espace d’un été, Jacques Ferrandez nous fait un état des lieux en Algérie à quelques mois du déclenchement des évènements qui ne porteront le nom de guerre que de nos jours et encore que très récemment…
Et Le cimetière des princesses, me direz-vous, qu’est-ce qu’il vient faire là ? Non, mais vous croyez que je suis là pour tout vous dire, Le cimetière des princesses, Momo de la Casbah, une gifle salutaire et constructive, l’oncle Casimir et ses petits secrets, l’accident de la route en plein djebel, et tout le reste ! Et il vous resterait quoi à lire ? Ah ! Vous auriez l’air malin !
Allez, à la lecture…

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  Le cimetière des princesses [Texte imprimé] Ferrandez

  de Ferrandez, Jacques (Scénariste)
  Casterman / Studio (À suivre).
  ISBN : 9782203388734 ; 15,00 € ; 02/10/1995 ; 83 p. ; Cartonné

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