Jack Palmer (Les aventures de), tome 13 : L'affaire du voile de René Pétillon

Jack Palmer (Les aventures de), tome 13 : L'affaire du voile de René Pétillon

Catégorie(s) : Bande dessinée => Humour

Critiqué par Jules, le 6 mars 2006 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 170ème position).
Visites : 5 076  (depuis Novembre 2007)

Caractéristique principale: humour.

Jack Palmer est chargé par Clara Pèlerin, dentiste de son métier, de retrouver sa fille qui a disparu. Son enquête va directement le mener dans les quartiers arabes de Paris. De fils en aiguilles, il va acquérir la certitude, sur base d’une photo reçue de Madame Pèlerin par mail, que cette jeune fille s’est convertie à l’islam et ferait même partie d’un noyau pur et dur islamiste.

Elle se fait appeler Yasmina Fatwa et fréquenterait une mosquée de Belleville dirigée par l’imam Hâdi . Celui-ci est un modéré et il explique à Palmer et à Madame Pèlerin que cela ne lui rend pas la vie facile !... La concurrence est rude entre les mosquées et il dit qu’il perd des fidèles au profit des fondamentalistes : « Ils ont deux des leurs à Guantanamo… Moi aussi j’ai eu des fidèles derrière les barreaux… mais à Fleury-Mérogis… Je ne peux pas lutter. »

Tout modéré qu’il soit, il ne manque pas une occasion de dire devant sa femme que « c’est l’homme qui décide » Dans son cas, c’est plus une déclaration de prestige qu’une réalité. Ni sa femme, ni sa fille, ne portent le voile et il est clair que ce n’est pas son genre de toucher à un seul de leurs cheveux ! Il a également un fils, Rachid, qui est sans travail et il dit : « Bac + 4 et Arabe : double handicap. »

Jack Palmer va acquérir la certitude que Yasmina Fatwa suit des cours coraniques dans une école des plus sévères. Quant au fils de l’imam, Rachid, il est très amoureux de la fille de l’imam Bozo-Bozo un véritable intégriste en faveur d’un islam des plus rigoureux et en conflit avec l’imam Hâdi dont il occupera la mosquée.

A vous de découvrir comment Palmer va mener son affaire !...

J’ai bien aimé cette BD, au dessin agréable, et surtout pleine d’humour. Ici nous sommes loin des fameuses caricatures et le sourire domine largement. Les extrêmes sont assez judicieusement égratignés et bien des situations décrites pourraient tout aussi bien être utilisées pour décrire certaines obédiences chrétiennes ou autres.

J’ai adoré la scène dans le bazar du Turc :

- Le client : Sélim, le tapis de prière que tu m’as vendu, ça ne va pas… La boussole n’indique pas la Mecque.
- Sélim : Je viens de recevoir un nouveau modèle avec GPS. »

Les deux imams décident de se réconcilier et Bozo-Bozo se rend chez Hâdi où il commence par refuser le thé offert par la fille non voilée de Hâdi. La conversation débute.:

« - Bozo-Bozo : Ton fils s’est conduit en débauché corrupteur car tu ne lui as pas enseigné les vrais principes de la religion.

- Hâdi : Ta fille s’est conduite en tentatrice dévergondée car tu l’as élevée dans la frustration et tu l’as contrainte à porter le voile. »

Ils sont bien parti !... Mais la fille de Hâdi dit à sa mère, inquiète, que la conversation s’engage tout à fait normalement…

Une BD que j’ai trouvée pleine d’humour et très agréable.

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9 étoiles

Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 8 août 2015

L’affaire des attentats de janvier 2015 a mis en lumière le rôle des caricaturistes et dessinateurs engagés. Certes, j’aurais, comme beaucoup d’autres, préféré d’autres conditions pour cela mais je ne veux pas que l’on oublie ce travail sociétal capital et donc je continuerai encore longtemps à vous inviter à lire de façon régulière ces dessinateurs maudits. Après les attentats, Charlie Hebdo est reparti de plus belle avec des auteurs renouvelés. Parmi eux, il en est un qui n’est ni un petit jeune ni un inconnu, Pétillon…

René Pétillon est un breton qui est passé par Planète, Plexus, l’Enragé avant d’arriver au magazine Pilote qui a bouleversé la bande dessinée dans les années soixante en lui donnant de l’énergie, de la jeunesse, un sens politique et en permettant surtout à de nombreux auteurs de trouver une place dans le cœur du public. Pétillon y a croisé Cabu, Sempé, Goscinny, Uderzo, Giraud, Gotlib, Hubuc… Que du beau monde !

C’est en 1974 que Pétillon crée le personnage de Jack Palmer, enquêteur privé un peu naïf et faible. Il est systématiquement pris des affaires confuses qui permettent à son auteur de traiter de façon légère mais efficace des grands problèmes de la société : séparatisme corse, voile islamique, mode, finance, contrefaçon, religion…

J’ai pris le temps de relire, pour cette chronique, quatre albums de Pétillon dont L’affaire du voile qui était sorti en 2006. Jack Palmer est appelé par une femme qui veut que l’on retrouve sa fille. Très rapidement, notre privé est persuadé que le jeune fille s’est convertie à l’Islam, s’est voilée et vit recluse au sein d’une école coranique islamiste… Et voilà notre Jack Palmer enquêtant dans les milieux fondamentalistes…

Là cesse l’aspect sérieux car bien sûr, qui dit caricature dit exagération et excès. Il y va y avoir des trahisons au cœur même des familles des imams… Il faut dire que l’amour ne respecte pas toujours les limites strictes des communautés, mais cela on le sait depuis l’histoire de Roméo et Juliette, il n’y a rien de nouveau là si ce n’est que ce thème peut toujours être source de pleurs ou de rires…

Alors je sais bien que certains restent dubitatifs devant la caricature et pensent que l’on devrait la limiter, la contraindre, ne pas en abuser… Moi, je pense qu’elle est indispensable à une société, c’est une façon de la réguler, de la contrôler, d’éviter les trop gros excès de pouvoir… Molière, à son époque, l’avait bien compris et il se moquait des puissant de son temps, y compris du roi… Il le faisait avec les moyens de son époque, avec son talent, avec sa culture et dans une époque donnée. Aujourd’hui on peut le faire avec ses mots, avec ses images, avec son dessin, avec son talent. C’est ce que fait Pétillon avec ses dessins et ses mots, avec ses histoires, avec un humour qui me touche particulièrement…

Je peux comprendre que la caricature, la moquerie, la dérision et même l’absurde – pour parler de Pétillon – ne fasse pas rire tout le monde, mais qu’il y en ait pour tous les goûts, non ? Donc, testez et si vous aimez faites-vous plaisir avec les œuvres de Pétillon et particulier L’affaire du voile ou L’enquête au paradis où il sera question non de Dieu mais de l’argent. Enfin, pour certains il arrive que l’argent devienne Dieu… Non ?

Pour dédramatiser un sujet surmédiatisé

7 étoiles

Critique de Blue Boy (Saint-Denis, Inscrit le 28 janvier 2008, - ans) - 21 décembre 2012

Je ne crois pas que beaucoup de bédés aient abordé la question du voile, sujet sensible s’il en est, en tous cas celle-ci a le mérite de le faire avec un humour plutôt subtil qui parvient à ne froisser personne tout en ridiculisant l’extrémisme religieux, en l’occurrence ici celui des Islamistes. On retrouve un Pétillon en phase avec l’actualité, et « Allah sait » si les vaines polémiques sur le port du voile empoisonnent depuis un moment déjà l’atmosphère de ce vieux pays schizophrène (la France) qui se proclamera selon l’humeur du moment « fille aînée de l’Eglise » ou « pays des droits de l’homme » - par exemple en pointe sur l’homosexualité à un moment (le PACS en 1999), puis à la traîne des autres pays européens la décennie suivante (« le mariage pour tous » en 2012). Mais bon, je m’éloigne là… Tout ça pour dire que j’aime bien Pétillon, mais je préfère généralement ses dessins à l’ironie percutante que l’on peut voir dans le Canard. De même, son trait convient mieux à la caricature qu’à la bédé. Et pour être honnête, je n’ai jamais vraiment accroché au personnage de détective qu’est Jack Palmer, aussi insignifiant que son couvre-chef est ridicule. On suit quand même l’histoire avec un certain intérêt. Visiblement, l’auteur a mené sa propre enquête dans les milieux intégristes d’Île-de-France, et là on se dit que la caricature n’est pas si éloignée de la réalité. On regrette juste que la fin se termine un peu en queue de poisson… en effet, arrivé à la dernière image, je m’attendais presque à voir au bas de la page : « suite au prochain épisode ». Je suis donc un peu resté sur ma faim, car j’aurais bien voulu que soient creusées davantage les raisons qui font qu’une jeune « française blanche » puisse être amenée à se convertir à l’Islam.

Quoi qu’il en soit, cette histoire à la limite du documentaire bat en brèche certains des préjugés que médias en quête d’audimat et politiciens démagogues se plaisent à entretenir. D’ailleurs, comme cette BD le montre très bien, les nouveaux convertis sont souvent beaucoup plus motivés dans l’application des dogmes que les musulmans traditionnels, ces derniers pour la plupart se moquant bien de savoir si des gamins mangent des pains au chocolat pendant le ramadan…

Jack palmer chez le Prophète.

7 étoiles

Critique de TELEMAQUE (, Inscrit le 9 février 2006, 76 ans) - 8 octobre 2006

J'avais pensé être le premier à faire la critique et c'est l'entrée de l'ISBN qui m'a détrompé. Pour coiffer au poteau Jules qui critique plus vite que son ombre, faut se lever tôt. J'envoie quand même.

Le détective Jack Palmer gaffeur à pieds plats qui ressemble à Colombo sans la 403 mais avec imper à martingale trop long pour lui et un innommable chapeau , est chargé par Clara Pelerin de retrouver sa fille disparue.

Son enquête le mène dans le milieu de l'islam intégriste, après des investigations dans des boutiques de mode du type ORIENT STYLE ou l'on ne trouve que des tenues correctes pour femmes respectueuses des préceptes du Coran. Avec des nuances pourtant : " si ce que vous voulez c'est un tchador ou une burqa, vous vous êtes trompée d'adresse".
On les trouve dans la boutique des frères Moumill chez lesquels le dialogue suivant:
- Bonjour messieurs, je suis détective, je recherche une jeune fille voilée.
- Une jeune fille non voilée n'est pas une vraie jeune fille.

Mais cette enquête l'amène aussi chez l' Imam Hâdi, dont la femme et la fille ne sont pas voilées et dont le fils bac + 4 ne trouve pas de travail.
"- Bac + 4 et arabe: double handicap. Il ne veut pas devenir Imam comme son père. C'est pourtant un domaine où être arabe c'est un atout ".
Evocation d'une famille maghrébine dans laquelle " c' est l'homme qui décide", mais où le pouvoir est exercé sans complexes par la mère.

D'une homérique controverse au sujet de l'occupation d'une mosquée que des médiateurs du ministère (lequel?) s'essaient à solutionner à un enlèvement dans une école coranique pour jeunes filles, le péripéties ne manquent pas qui sont autant de prétextes à nous faire naviguer dans un monde étrange et pourtant si proche.
Querelles de minarets et sur le sexe des anges -plutôt sur l'interprétation correcte des Hadiths du Prophète- jeunes déboussolés mais sympas et manif de filles voilées consentantes ( - Personne ne m'a demandé de porter le voile. J'ai fait ce choix seule pour protéger ma pudeur et obéir à un commandement divin - dit spontanément l'une d'elles en réponse à : je peux vous poser une question?) survol des habituels clichés et lieux communs attachés au sujet, Petillon nous divertit en nous instruisant ( comme on disait des publications pour la jeunesse de mon temps) mais sans essayer de nous convaincre de quoi que ce soit.

Facile, mais salutaire prophylaxie de la connerie par l'image.

Canines émoussées

7 étoiles

Critique de Guigomas (Valenciennes, Inscrit le 1 juillet 2005, 55 ans) - 20 juillet 2006

Pétillon essaie de réitérer dans l'univers des Musulmans de France ce qu'il avait réussi avec brio dans le maquis corse, mais le résultat est moins bon.
Comme l'a écrit Laure256, l'ensemble reste assez consensuel : certaines pratiques de l'Islam intégriste sont brocardées comme de petits travers et à la fin du livre tout redevient comme au début.

L'enquête n'est qu'une succession de clichés, qui sont c'est vrai présentés de manière amusante, elle se clôt par une pirouette et on a droit en parallèle à une histoire roméo-et-juliettine assez conventionnelle.
Pas facile d'être incisif quand on ne veut froisser personne.

Bien, mais consensuel

7 étoiles

Critique de Laure256 (, Inscrite le 23 mai 2004, 52 ans) - 16 avril 2006

Jack Palmer doit enquêter sur la disparition d'une jeune fille, Lucie Pèlerin. Il la retrouve dans une école coranique, elle s'est convertie à l'Islam dans sa branche la plus intégriste. Elle se fait désormais appeler Yasmina Fatwa. Par ailleurs, la fille de l'imam qui l'a aiguillé dans son enquête veut au contraire se débarrasser du voile et vivre un islam plus libre. Avant de réaliser sa méprise toute bête dans l'enquête, Pétillon nous offre tous les arguments des uns et des autres sur le port du voile entre autres, la place de la femme et la religion islamique. C'est un bon album, mais on ne peut plus consensuel. Avec une pointe d'humour léger, Pétillon ne prend aucun risque, on l'a connu plus mordant avec l'enquête corse notamment. En même temps on peut comprendre que dans l'actualité brûlante, il soit inutile d'en rajouter...

"Cache cette mèche de cheveux, tu es impudique"

8 étoiles

Critique de Véro lé la (, Inscrite le 5 février 2006, 53 ans) - 15 avril 2006

Merci à René Pétillon, il nous entraine dans une nouvelle enquête. L'histoire se passe en 2006 vers Mantes-La-Jolie, une mère demande à Jack Palmer de retrouver sa fille disparue. Des soupçons portent sur la probabilité qu'elle se soit convertie à l'islam.
Son ouvrage est intelligent, il fait s'exprimer des extrémistes de l'Islam favorables à la lapidation des femmes adultères. Une vraie satire mordante avec de très bonnes scènes.

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