Un chien de caractère
de Sándor Márai

critiqué par Sahkti, le 10 mars 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Drôle et caustique
A la Noël 1928, alors que le monde va économiquement bien mal, Monsieur offre un chien à Madame. Un petit être espiègle prénommé Tchoutora, à l'âme joyeuse et au poil soyeux, qui affirme très rapidement son caractère et refuse de se plier à certaines règles. C'est que pour lui, un chien n'est pas un être inférieur, il a droit aux mêmes égards que les humains. Elémentaire! Donc l'animal se rebelle, il a soif de liberté et si la nature l'a fait bâtard, il s'inventera son propre pédigree. A terme, les ennuis le guettent...

C'est un roman très drôle, caustique à souhait, que nous offre ici Sandor Maraí. Un texte symbolique, qui parle de lutte des classes, de liberté, de soumission et de révolte. On devine le récit en grande partie autobiographique là-derrière et à travers le destin de ce petit chien attachant, c'est le portrait de toute une société soumise qui est dressé par l'auteur.
Peut-être pas un chef-d'oeuvre littéraire, Maraí a écrit mieux, mais malgré cela, j'ai ressenti une affection certaine pour ce récit, comme si l'auteur avait besoin de cette bulle d'oxygène pour respirer dans un monde pas très rose et que le chien, qui reste le meilleur ami de l'homme, était aussi le medium le plus efficace pour en palper toutes les facettes.
Pas le meilleur 7 étoiles

Sandor Marai nous annonce la couleur dans sa préface pleine d'humour : il s'autorise un livre dans lequel le personnage principal sera un chien. Nous sommes en Hongrie, vers le 1928, dans la bourgeoisie de Budapest : c'est Noël et l'inévitable corvée des cadeaux, Monsieur a la brillante idée de choisir un chiot pour mettre son le sapin. C'est Tchoutora, le héros de ce roman, qui va devenir un membre principal de la famille.

Ce livre est un exercice de style, c'est parfois amusant, mais malgré certains passages plein d'humour les aventures du chiot lassent un peu et ce récit n'atteint jamais l'intensité de "Les Braises" ou de "L'héritage d'Esther". J'ai bien aimé le personnage du maître du chien, avec sa philosophie de vie un peu détachée pas trop loin du cynisme mais assez humaniste.

Un livre finalement un peu mineur pour ce grand auteur. Pour ceux qui cherchent une histoire de chien, il vaut mieux se tourner vers le truculent "Cœur de chien" de Boulgakov.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 23 février 2008