Le Roi Oscar : Quatre racontars arctiques pas vraiment tristes
de Jørn Riel

critiqué par Sahkti, le 15 mars 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Rire sous glace
Les quatre textes qui composent ce recueil sont des racontars publiés précédemment et qui ont été ici rassemblés avec un fil thématique (qu'il faut chercher un peu...)
Des histoires de trappeurs débonnaires s’adonnant avec ferveur à la philosophie nordique, aidés par de l’alcool pur jus qui arrache l’estomac, un régal ! Quatre racontars, quatre récits dont le point commun est l’originalité et la chute inattendue.
Apprendre à passer l’hiver à deux dans un cabanon de dix mètres carré sans se marcher dessus et en engraissant le cochon de Noël.
Habiter une station de chasse près du cercle polaire tout en conservant les joies de la vie civilisée.
Calmer un ours furieux et affamé quand on est seul et désarmé.
Des histoires qui ressemblent à des contes, pourraient être des mensonges tout comme la réalité.
Comme toujours, beaucoup de réalisme et d’humour chez Jorn Riel, qui connaît son sujet, le Groenland, les trappeurs, l’âme et ses méandres. C’est très drôle, loufoque, plein de subtilité et intemporel.
Quatre racontars arctiques vraiment pas tristes 7 étoiles

Jorn Riel et son amour du Groenland et qui a trouvé avec cette technique des racontars la manière de nous parler de cette contrée excentrée et méconnue.
Le dressage d’un lieutenant : désopilant. Mais est-ce la peine de le préciser s’agissant d’un conte, d’un racontar, de Jorn Riel ?
Un lieutenant débarque du Danemark à Cap Thompson, côte nord-est du Groenland :

« Les chasseurs de la côte du nord-est du Groenland étaient rassemblés à Cap Thompson lors de l’arrivée du bateau annuel, la « Vesle Mari ». Avec le bateau arrivait un nouveau chasseur, un certain Lieutenant Hansen, qui allait se révéler un digne successeur de Monsieur Joensen, le tatoueur. Ce dernier avait décidé de retourner au monde civilisé après avoir laissé sur la peau des chasseurs, blanche comme de la farine, de saisissantes décorations. »

Et notre Lieutenant a dans l’idée de mettre en place une milice. En mobilisant les quelques chasseurs présents. Sera dressé celui qui croyait dressé !
Une condition absolue : « … où Laurits Evaldius, dit Lause, et Siverts en arriveraient presque à nous faire douter des bienfaits de la civilisation … »
En l’occurrence, les bienfaits de la civilisation, ce sont des WC où l’on peut s’isoler au lieu du trou dans la neige initial.

« Quand le cadre intérieur fut passé en revue, ils continuèrent avec l’extérieur.
- Il pourrait être commode, dit Lause, que vous me montriez les toilettes.
Il était civilisé et ne tutoyait donc pas n’importe qui.
- C’est-à-dire, hé, hé. Siverts eut un rire niais.
- Un vrai système de chiottes, on peut pas s’en offrir. Il montra les chiens.
- D’habitude nous prenons un des larbins là-bas et partons un peu à l’écart avec.
Lause regarda son compagnon de station avec dégoût.
- Mais c’est immonde, dit-il, nous allons sur-le-champ remédier à cet état de choses. »

Civilisation, quand tu nous tiens ! Ca ne va pas se passer si logiquement. C’est vrai que c’est tordu « la civilisation » !

Le Roi Oscar : moins fun, « le Roi Oscar ». Tragique et grinçant. Le seul réellement tragique du recueil.
La balle perdue : vous voulez avoir une idée de ce qu’on peut ressentir lorsqu’on se retrouve proie pourchassée par un ours polaire manifestement affamé, qu’on a perdu son fusil et qu’il n’y a plus guère d’espoir ? Lisez « la balle perdue », un aspect « survival » de la rude vie au Groenland !

Tistou - - 68 ans - 27 octobre 2013