Un tueur sur la route de James Ellroy
( Silent terror)
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
Moyenne des notes : (basée sur 13 avis)
Cote pondérée : (686ème position).
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Chacun sa route
Avec toute sa virtuosité et sa narration à la 1ère personne, James Ellroy signe un roman remarquable et nous met dans la peau d’un dangereux serial killer psychopathe dans l’Amérique des années 60-80. On suit les « travers » Martin Plunkett dès son plus jeune âge et on découvre peu à peu le mécanisme qui le pousse à agir de telle ou telle façon (ultra violente, la plupart du temps). On s’attache alors, bien malgré nous, au « héros » du roman qui se révèle finalement être une victime de ses troubles psychologiques autant qu’un coupable des pires atrocités.
Le style est percutant et d'un réalisme saisissant. Attention aux âmes sensibles, tout de même. C’est plus qu’un roman, finalement. Cela ressemble parfois à un documentaire, si on se réfère aux différents extraits de journaux qui agrémentent et servent le récit. Certains passages, dont la rencontre en prison avec Charles Manson, mériteraient de devenir des scènes cultes.
Outre le scénario très prenant, James Ellroy nous donne matière à réfléchir sur les personnes atteintes de schizophrénie.
Une merveille à lire absolument !
Les éditions
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Un tueur sur la route [Texte imprimé] James Ellroy trad. de l'américain par Freddy Michalski
de Ellroy, James Michalski, Freddy (Traducteur)
Payot & Rivages / Rivages noir.
ISBN : 9782869304482 ; 9,65 € ; 01/04/1991 ; 352 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (12)
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Elle est à qui déjà cette jambe dans mon coffre??
Critique de Clubber14 (Paris, Inscrit le 1 janvier 2010, 44 ans) - 5 décembre 2016
De son plus jeune âge jusqu'à sa mise en détention, le lecteur peut suivre la vie fort décousue de ce tueur. Il vit ses rencontres, partage ses émotions, comprend sa détresse. En face de ce diable fait homme, nous retrouvons Thomas Dusenberg, agent brillant et quinquagénaire du FBI, qui créa plus ou moins le département des sciences du comportement (un peu l'agent Hotchner finalement :0)). L'agent du FBI va bien sûr tenter d'arrêter Plunkett et je regrette, et c'est l'un de mes seuls regrets dans le livre, que ce bras de fer ne soit pas plus intense ni n'arrive plus tôt. En effet, l'enquête à proprement parler n'arrive que très tard dans le roman, et l'agent du FBI arrive un peu comme un cheveu dans la soupe, il n'y a pas de vrai mano a mano, de coups échangés à distance, le flic qui rattrape son retard puis hop le reperd, etc... non l'enquête arrive trop tard et par ailleurs Plunkett ne fait rien pour se dépêtrer de l'étreinte policière, bien au contraire il en vient quasiment à se livrer à la police.
La schizophrénie de Plunkett va le pousser à agir tel qu'il a agi, dicté par des personnages de BD fantasmés à qui il donne vie. Ainsi, Super Saingneur, une espèce de Iron Man version diabolique, va le pousser à commettre ses crimes, de plus en plus de crimes avec de moins en moins de mobile. En effet, les premiers crimes sont là pour cacher des cambriolages puis ils deviennent au contraire le but ultime à atteindre. Homosexuel refoulé, Plunkett ne se trouve pas, il oscille entre voyeurisme, homosexualité, tentative de viol mais au final ce qu'il aime est tuer, avec parfois des connotations sexuelles mais sans que cela soit une fin en soi.
Ellroy nous explique, à travers l'agent du FBI, que pour lui, en réalité, il n'y a pas de conditionnement au Mal. Ce n'est pas parce qu'un enfant est battu, maltraité ou violé qu'il va devenir un psychopathe ni qu'un enfant aimé et choyé n'en finira pas un. Il voit le Mal comme quelque chose d'inné à la naissance, qui grandit en soi et que l'on essaie de contrôler jusqu'à ce qu'il devienne incontrôlable.
Au final, Ellroy signe un très bon polar, une plongée dans les abîmes du cerveau d'un serial killer comme même l'Amérique en a peu vu. Seul regret : que l'enquête policière ne commence pas plus tôt et que le combat bien contre le mal, tueur contre FBI ne soit pas plus serré...
4,5 étoiles!
Critique de Js75 (, Inscrit le 14 septembre 2009, 41 ans) - 29 janvier 2012
Dans la peau d'un tueur à la première personne du singulier !
Critique de Keox (, Inscrit le 24 février 2010, 40 ans) - 14 avril 2011
L'idée de se mettre dans la peau d'un tueur en série à la première personne du singulier.
C'est assez bien écrit et le récit est parsemé de rapports de police et d'articles de presse qui viennent étayer l'histoire.
À l'époque, Ellroy a bien senti un renouveau à exploiter dans le genre policier et polar noir : "les mémoires ou l'autobiographie d'un vrai-criminel ou véritable-tueur-en-série qui existe ou qui aurait existé" comme par exemple Jeffrey Dahmer, Charles Manson, ou le tueur du Zodiaque. Cette vision subjective du crime attire beaucoup de monde qui se fascine pour le morbide et la Mort. Et ça, James l'a bien compris.
Moi j'aime bien le style d'Ellroy et sa syntaxe qui va droit au but, mais je ne suis pas parvenu à entrer complètement dans l'histoire de ce livre.
Je ne sais toujours pas pourquoi, je l'ai lu sans être à fond dedans.
Des passages sont très intéressants, surtout quand le tueur (le narrateur) parle de son cinéma intérieur dans lequel il est à la fois le réalisateur, le producteur et le metteur en scène de ses fantasmes obscurs !
Bref, l'idée de cette histoire est bonne mais le récit n'est pas au top ! (Peut-être était-ce dû au fait que James eut écrit ce roman dans une chambre d'hôtel obscure à L.A donc dans des mauvaises conditions ?).
Déception
Critique de Zurco (, Inscrit le 5 février 2011, 40 ans) - 5 février 2011
Ce parcours meurtrier est plus survolé que raconté... l'intelligence du tueur passée aux oubliettes ( malgré la longue carrière de celui ci ^^)
Je ne dirai pas que ce livre m'a ennuyé de façon générale, j'aime beaucoup le principe du récit à la première personne (moins le nombre de rapports de police) mais je ne trouve pas que ce choix du récit soit exploité à fond. Avec plus de noirceur!!! ... pourtant le livre n'est déjà pas tout rose ^^
Un peu daté
Critique de Gnome (Paris, Inscrit le 4 décembre 2010, 53 ans) - 28 décembre 2010
Consommateur régulier de ce genre de littérature, je n'ai pas totalement cru à cette histoire du tueur sur la route. Je ne suis pas "rentré dedans". La construction est certes (relativement) originale avec ces insertions de coupures de presse et de rapports de police (parfois un peu trop abondantes d'ailleurs), mais l'ensemble de l'histoire m'est apparu assez plat, malgré ce sujet abominablement intéressant. Je n'ai donc pas frissonné, je n'ai pas ressenti l'effroi et je dois dire que je me suis parfois même un peu ennuyé.
Dénuée de tout suspense, cette histoire tente de lever le voile sur l'aspect psychologique du tueur en série. Hélas, malgré la narration à la première personne du singulier, la personnalité trop caricaturale de Martin Plunkett gâche un peu le récit et tout semble un peu parachuté au fil de l'histoire; les évènements s'enchaînent sans beaucoup de cohérence, et au bout de quelques meurtres, la lassitude s'installe ! En ce sens, si Ellroy a voulu prouver que, même le pire peut lasser, alors il a remporté son pari...
C'est curieux, mais je me suis imaginé Ellroy s'ennuyant un peu en écrivant ce livre !
Je trouve que ce livre, écrit au milieu des années 80, a mal vieilli. Il fut sans doute provocant et précurseur en son temps mais depuis, d'autres auteurs ont dépassé Ellroy dans ce genre.
Une idée originale
Critique de Ayor (, Inscrit le 31 janvier 2005, 52 ans) - 11 mars 2010
Dans son roman l'auteur (qui est censé être le tueur), nous décrit sa vie presque au quotidien, alternant les moments de passage à l'acte et les périodes de latence. Tout le mécanisme psychologique est parfaitement maitrisé, et les souffrances ainsi que les fantasmes du tueur sont tels que la lecture en devient difficile. L'immersion est totale, rien ne nous est épargné, et Ellroy nous emmène dans les tréfonds d'une âme torturée et irrécupérable.
L'ensemble est réussi, même si en plus d'un manque de rythme, certains passages sont difficilement compréhensibles à la première lecture. Ellroy possède un talent indéniable, ne laisse pas indifférent mais pêche parfois dans son accessibilité.
REMARQUABLE.. TERRIFIANT... ATTACHANT
Critique de Pauline3340 (BORDEAUX, Inscrite le 2 août 2008, 56 ans) - 17 juin 2009
A lire pour les passionnés comme moi des côtés les plus noirs de l’être humain. Ce côté terreur et morbidité est présent du début du livre à la fin. Incroyable. Très bon livre et surtout écrivain. Merci à un ami de me l’avoir conseillé. A vous maintenant. N’hésitez pas il est terrible.. Bonne lecture à tous.. bon été et attention à la route..
Réflexions en marge
Critique de Montgomery (Auxerre, Inscrit le 16 novembre 2005, 52 ans) - 21 mai 2009
- D’abord James Ellroy prouve avec cet opus que les auteurs américains sont capables d’aller au-delà de la simple évocation d’un fait divers en le transformant en mythe, en le recréant pour en décupler la portée : ici Ellroy surpasse avec sa plume hallucinante le cas Manson avec le mythe Plunkett . A l’inverse, les auteurs français contemporains, qui ne sont pourtant pas des manches stylo en main, semblent ne pas pouvoir dépasser la restitution romancée d’un fait divers (Carrère avec son « L’adversaire ») ou puisent dans des mythes déjà éprouvés lorsqu’ils veulent tenter de décrire, comme Ellroy, le mal absolu (Combescot avec son au demeurant très réussi « Pour mon plaisir et ma délectation charnelle » sur de Gilles de Rais).
- Ensuite, je voudrais évoquer l’hypothèse avancée par Nancy Houston pour expliquer le fait que les hommes constituent entre 90 % et 100 % des criminels, des pédophiles, des violeurs, des généraux… en reprenant ses propres termes : « dès qu’un petit garçon comprend qu’il vient de l’intérieur d’un corps de femme, un corps donc différent du sien, il se met à construire et à détruire, à bricoler, à manier, à remanier et à tripatouiller, la fille ne fait pas cela. Les garçons ouvrent les poupées, les nounours et les voitures petites et grandes, ils ouvrent les fusils, jouets ou non, pour en comprendre le fonctionnement; ils veulent pénétrer le mystère de la vie, des origines, comprendre d’où ils viennent, pourquoi ils sont là ; ils regardent de près, d’encore plus près ; plus tard, certains iront jusqu’à arracher le fœtus du ventre de la femme enceinte et à en fracasser le crâne. Après le dépeçage du nounours, après le carnage, ils laissent derrière eux : non-sens, monceaux de chairs mortes qui ne veulent plus rien dire. Ils ont réussi à transformer le vivant en mort, en objet, en chose, en rien : puissance sidérante qui ne peut se comparer qu’à celle de mettre un enfant au monde. » (Le Monde du 17-18/05/09). Il y a peut être là une piste intéressante à fouiller pour ceux qui cherchent et chercheront encore à décrypter le comportement de criminels hors normes tels que Plunkett, Anderson ou encore Manson.
Très dérangeant, mais magistral
Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 30 mars 2009
Une construction parfaite
Critique de Baader bonnot (Montpellier, Inscrit le 11 janvier 2008, 41 ans) - 8 mars 2009
Puis apparaissent ces pulsions ou ce que l'on appelle plus communément "schizophrénie". Martin Plunkett se dédouble et prend également l'identité de Super Saigneur, héros de bande dessinée. Intelligent, lucide mais malade, notre personnage principal va semer la terreur à travers l'Amérique, volant ses victimes avant de les tuer.
A l'instar de cette schizophrénie, le roman offre une double vision de ces actes barbares. Celle du psychopathe avec lequel l'on fait corps, et celle des médias que l'on découvre à travers des coupures de journaux. On prend alors connaissance de toutes les conséquences qui découlent de ces horeurs, tant au niveau de la population qu'au niveau de la police impuissante.
Un roman psychologique qui se détache quand même par son côté thriller extrêmement bien ficelé.
best of
Critique de Guyjean (, Inscrit le 20 janvier 2008, 96 ans) - 20 janvier 2008
on se croit vraiment dans la peau du tueur. Et l'on va de surprise en surprise. Le sens du détail, la connaissance des milieux, des mentalités, des jargons étonnent le lecteur. Le rythme est haletant. Je recommande le texte américain d'Ellroy (Silent terror), mais, à défaut, la traduction par Michalski est impeccable et vigoureuse.
Un roman très bon !
Critique de Laurent63 (AMBERT, Inscrit le 15 avril 2005, 50 ans) - 3 juillet 2006
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