Retour au fumier
de Raymond Federman

critiqué par Feint, le 21 mars 2006
( - 61 ans)


La note:  étoiles
Federman : la vie dans la voix
Federman, le gamin juif de Montrouge devenu, après un long parcours, universitaire américain (spécialiste notamment de Beckett) poursuit son travail de mémoire. L’homme âgé, accompagné de sa femme, se rend sur les lieux de son passé. Il raconte comment, après la déportation de sa parents, il se retrouve à « faire l’esclave » dans une ferme du Sud-Ouest, entre les fornications des animaux et celles des fermiers. Ce pourrait être sordide – ça l’est. Ce pourrait être tragique – ça l’est aussi. Pourtant c’est aussi une lecture dont on ressort revigoré. Il y a dans l’écriture de Federman un humour, une énergie, une vitalité qui sans doute appartiennent à l’homme lui-même, et à ce qu’il a vécu. Une convivialité aussi : le narrateur s’adresse à un interlocuteur virtuel, ami absent, qui malgré son absence ne cesse de relancer son narrateur, de lui signaler ses redites et ses digressions de conteur bavard. On peut s’étonner que cet écrivain, dont l’œuvre est largement publiée outre-atlantique, soit si peu connu dans son pays d’origine.