Meurtre en sous-sol
de Patricia Wentworth

critiqué par Sahkti, le 21 mars 2006
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Gentillet
Une jeune femme se réveille dans une cave sombre, au pied d'un cadavre. Elle se rend compte qu'elle a perdu la mémoire. Réussissant à s'enfuir, elle croise la route de Miss Silver qui va l'aider à retrouver son passé, en commençant déjà par une belle-famille dont elle ne connaît rien et qui accepte de l'héberger avec une certaine réticence. Au fil des pages, les souvenirs reviennent et la lumière se fait sur le meurtre et son mobile.

Trame intéressante, beaucoup de bonnes idées, une écriture agréable mais voilà, je ne suis pas tombée sous le charme plus que cela. Miss Silver, héroïne récurrente de Patricia Wentworth et clone de la Miss Marple de Agatha Christie, est au centre du récit tout en étant paradoxalement très absente dans l'histoire. Elle parle peu, ne fait pas grand-chose mais est présentée comme l'un des personnages principaux. A mes yeux, elle est dans cette histoire complètement secondaire.
La fin laisse également à désirer, une histoire d'amour naissante, très guimauve. Un peu à l'image d'ailleurs de l'ensemble du texte, qui se déroule dans une ambiance élégante et bourgeoise, avec un vocabulaire choisi et des personnages qui semblent issus d'un album de photographies anciennes.
Un polar qui ressemble à ceux de Agatha Christie, efficace, simple, mais pas éblouissant.
Je ne suis pas si critique... 7 étoiles

Patricia Wentworth s’est lancée dans le roman policier après avoir écrit plusieurs ouvrages historiques. Nous étions alors au début du vingtième siècle et un auteur de policier très classique prenait son envol. Certains la nomment l’autre Agatha Christie, ou encore la petite Agatha Christie, comme si on posait comme principe que Patricia était inférieure, définitivement, à Agatha. En fait, je pense qu’elle est fondamentalement différente. Agatha Christie privilégie, même avec un personnage comme Miss Marple, le mécanisme de mise à jour de l’énigme – connaissance du coupable, motivation évidente ou cachée, processus de fonctionnement de l’enquêteur – tandis que Patricia Wentworth se complait à décrire l’ambiance, à faire plonger le lecteur dans un univers quitte à aller plus rapidement dans le dénouement de l’intrigue. Deux façons de concevoir le roman policier classique britannique de l’entre deux guerres, deux sortes de romans, deux plaisirs pour des lecteurs qui se laissent emporter par la magie des mots au royaume des criminels…
Agatha nous a laissé une certaine Miss Marple, une vieille femme qui voit tout, entend tout et comprends tout par analogie, par comparaison et par connaissance de tous les liens officiels et officieux qui peuvent unir les gens et leurs familles… C’est un rythme lent qui accompagne son héroïne et le lecteur ne continue que parce qu’il existe un lien tenu entre lui et l’enquêtrice ! Patricia nous propose Miss Silver, une vieille femme aussi, une spécialiste du tricot et qui est un tout petit peu plus vieille que Miss Marple, du moins si on compare les dates de création par les auteurs, mais qui ne fonctionne pas tout à fait de la même façon. Maud Silver semble très stable, très immobile, mais dès que le lecteur est ailleurs, elle file là où il faut pour se documenter, comprendre, entendre, trouver les indices… Quand le lecteur la retrouve, elle est là immobile dans son fauteuil, en train de tricoter, assénant la vérité comme s’il s’agissait d’une évidence… Je comprends que certains lecteurs plus perspicaces, plus gourmands d’énigmes ou de mécanismes intellectuels puissent être déçus mais c’est bien ça le type des romans de Patricia Wentworth et si vous devez en lire, autant le savoir et y prendre plaisir…
Dans ce roman, « Meurtre en sous-sol », nous allons suivre principalement la jeune Anne, une femme qui vient de trouver un cadavre au pied d’un escalier et qui en sortant réalise qu’elle a perdu la mémoire. Elle ne sait plus qui elle est ni ce qu’elle vient de faire… d’ailleurs, ne serait-elle pas la coupable de ce crime ?…
Anne ne sera pas le seul personnage de cette histoire. Un homme, furtivement marié à la morte, du moins si elle l’est réellement car on n’a pas retrouvé le cadavre aperçu par Anne, Jim Faucourt, va être le lien entre Anne et Maud Silver…
Heureusement, le travail de Miss Silver donnera quelques pistes tandis que le temps laissera la mémoire d’Anne se réveiller et se mettre dans le bon ordre. Avec la mémoire, la vérité éclatera et Anne retrouvera la sérénité, du moins, le lecteur est tenté de le penser…

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 11 février 2009