Les forcenés du désir de Christophe Bourseiller

Les forcenés du désir de Christophe Bourseiller

Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités

Critiqué par Nielsberg, le 25 juin 2001 (Bagnolet, Inscrit le 25 juin 2001, 51 ans)
La note : 1 étoiles
Moyenne des notes : 3 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 2 étoiles (60 018ème position).
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Les forces nées du désir

Christophe Bourseiller, écrivain, journaliste, auteur de plusieurs ouvrages consacrés aux extrémismes politiques, livre dans sa dernière publication, "les Forcenés du désir", les résultats d’une nouvelle enquête.
« Est-il légitime d'employer le terme d'extrémiste lorsque l’on désigne des individus dont la sexualité sort de l'ordinaire ? » C'est en tout cas le parti pris de l’auteur. Après avoir succinctement rappelé sa définition de l'extrémisme politique et s'être longuement défendu dans son introduction de toute complaisance envers ceux qu’il nomme « les pervers polymorphes », Christophe Bourseiller a tenté d'établir l'inventaire de conduites sexuelles, individuelles et de groupe, qui dérogent aux règles implicites du bon goût qu’a édictées le « vaste agrégat des consommateurs de revues érotiques et autres films pornos » composant « le large et passif public de l’érotisme ». Un inventaire à la Prevert, mais dénué, celui-là, de toute poésie, où les néofétichistes, les sadomasochistes et les néoféministes flirtent avec des cyborgs, des drag-queens et/ou des échangistes, mélangistes et autres polyamoureux, et coudoient des perfomers, des adeptes du gang-bang ou de barebacking. Ne vous ruez pas dans vos librairies, vous seriez déçus. Rien n'est révélé que vous ne connaissiez déjà. En effet, derrière beaucoup de ces néologismes se cachent, souvent, des pratiques vieilles comme le monde : travestissement, scarifications érotiques, orgies hétéro-bi-homosexuelles, viols collectifs, jeux avec la mort ou plutôt avec l’idée de la mort, etc.
A cette collection, puisque l'auteur récuse le mot « catalogue », Christophe Bourseiller a eu l'ingénieuse idée d'adjoindre une cyber-bibliographie. Malheureusement, pour aussi intéressante qu’elle soit, une cyber-bibliographie ne peut être, seule, l’objet d’une publication. Le délayage était donc indispensable et Christophe Bourseiller s’est allègrement lancé dans l'entreprise.
Quelques exemples ?
« Selon une enquête du magazine Capital d’août 1999, le chiffre d’affaires du sexe sur Internet s’élève aujourd’hui à neuf milliards de francs, soit environ un milliard trois cent soixante-trois millions d’euros. Ce chiffre devrait être pulvérisé dans les années à venir, tandis que le cyber-marché continuera à s’accrroître. », page 149. « En tapant sur Internet les mots « amateur sex », on se voit proposer trois millions cinq cent cinquante mille quatre cent quatre-vingt-dix-huit-pages. », page 156. « Les ébats de Pamela Anderson avec le musicien rock Tommy Lee sont visibles sur un million deux cent soixante-treize mille trois cent soixante-seize sites professionnel », toujours page 156. « Il existe aujourd'hui des centaines de mondes, comme une poussière d’étoiles. Tel est certainement l’enseignement le plus important de ce voyage au pays des extrêmes. Nous sommes tous comparables aux héros de Sliders. Pour le meilleur et pour le pire... », en guise de conclusion : page 256.
Mais qu’on ne s’y trompe pas, notre homme s’est donné de la peine. Il était inenvisageable de rapporter les informations que d'autres ont collectées avant lui. Probité envers les lecteurs oblige.
« Un samedi soir à San Fransisco, dans le quartier gay de Castro, un ami m’entraîne dans un loft privé. Près de deux cent garçons se pressent dans l’étuve(...). Dans cette fête les préservatifs sont bannis.(...) J'assiste à des scènes orgiaques, des entremêlements, des trios, et une mémorable séance de « fistfucking », dans une chaleur avoisinante de quarante degrés. » Décidément, il s’en passe des choses dans les lofts !
On comprend que Christophe Bourseiller, à fréquenter ces « partouzards », ces libertins (cela revient, paraît-il, au même), ait pu perdre de vue Heidegger, pour qui « rigueur de réflexion, attention au dire et économie de mots » étaient nécessaires à la bonne qualité d’un texte. Après tout, cela est bien humain et nous aurions mauvaise grâce de nous plaindre de ce qui nous permit quelques moments de rires partagés avec notre entourage. Parce que Heidegger, non ! Mais Nietzsche... et Deleuze, et Finkielkraut. Christophe Bourseiller lesté ses propos sur des réflexions autrement subtiles et profondes qui l'on nourri et dont on regrettera simplement qu'elles aient été... mal-digérés. Ainsi de Guillebaud, dont l'excellente étude, La tyrannie du plaisir, est convoqué à témoigner - à grand renfort d’extraits - d'une communauté d’esprit et de vues... tout à fait artificielle. Ou encore de Freud et de Foucault dont les travaux, on le sent, sous-tendent le canevas opératoire adopté par et dans l'enquête.
Enfin, que dire de l’indigence qui fut la première à nous sauter aux yeux : celle du style ? Je me permets une dernière fois de me reporter au texte : « Les anabaptistes marchent sur l’hôtel de ville de Munster et s'emparent des leviers de commande », « les adeptes du C-sex affichent la mine baroque d’androïdes des temps futurs », « Derrière l'étendard du sexe, trop visiblement brandi, se cache bien souvent la cacophonie des destins individuels, parfois tragiques et toujours atypiques ». Inutile, n'est-ce pas, de commenter. Christophe Bourseiller, lit-on sur la quatrième de couverture, journaliste, écrivain...
2001

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Quel univers !...

5 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 2 juillet 2001

Je ne compte vraiment pas me ruer sur ce bouquin, même si je peux parfaitement comprendre qu'il appartient à chacun, dans le sexe comme dans le reste, de faire sa vie et de trouver son plaisir là où il le veut, dans la mesure où il ne force et ne nuit à personne. Il n'en reste pas moins que, selon moi, le sexe n'est une merveille que dans la mesure où un minimum de sentiment s'y mêle. Sans cela, j'ai l'impression que cela doit davantage relever de la gymnastique, de la performance ou d'un acte tout compte fait assez mécanique. Il me semble que, sans sentiments, il doit laisser un arrière goût tristounet au lieu d'une très belle complicité accrue. Ceci n'est évidemment que l'avis de quelqu'un peut-être tout à fait dépassé...Une sorte de brontosaure de la chose...


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