L'homme qui ne mentait jamais de Lao She
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Les facettes moroses de la Chine
"Nous remettons tout en question sauf une chose : le mensonge est partout. L'Histoire n'est que la transmission de mensonges."
C’est entre 1934 et 1939 que furent rédigées, à Pékin, ces quatorze nouvelles de Lao She, sous le titre "Bu shuohuangde Ren". Des nouvelles réalistes et ironiques que la censure chinoise a eu vite fait d’expédier à l’index.
A leur lecture, on se dit qu’effectivement, elles ne devaient pas plaire aux autorités, dont elles remettaient la légitimité en question, discours acide et féroce contre le mensonge, l’imposture et la corruption. La gangrène est partout, peut prendre le visage d’un honnête homme, tel ce vieillard admirablement décrit par Lao She, torturé entre sa vertu et ses scrupules.
C’est la Chine des années trente qui nous est livrée ici, un pays en proie aux errances et aux démons, qui se cherche dans la douleur et impose plutôt que propose. Des tourments évoqués par Lao She sous les traits d’intellectuels, de politiciens, de couples à la dérive, de fonctionnaires rigides. Morceau de choix, Le Nouvel Emile revisité par Lao She, un pantin conditionné aux dogmes communistes. Rousseau en frémirait d’effroi ! C’est féroce et violent. Lao She y raconte comment parfaire l’éducation d’un bébé afin que celui-ci devienne le meilleur petit communiste qui soit. Effarant et visionnaire. On va lui interdire de rire, d’aimer, de rêver, puis de parler et enfin de vivre.
Quatorze nouvelles d’une Chine désenchantée qui ne fit aucun cadeau à Lao She, même pas la vérité sur son prétendu suicide il y a bientôt quarante ans.
Les éditions
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L'homme qui ne mentait jamais [Texte imprimé], nouvelles Lao She trad. du chinois par Claude Payen
de Lao She, Payen, Claude (Traducteur)
Editions Philippe Picquier
ISBN : 9782877306379 ; 20,00 € ; 28/01/2003 ; 318 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (1)
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Un auteur méconnu qui gagne à être lu
Critique de Henri Cachia (LILLE, Inscrit le 22 octobre 2008, 62 ans) - 10 mars 2017
Une confirmation supplémentaire, qu'une culture dans un espace-temps aussi lointain que la Chine de cette époque-là peut être universelle.
Elle nous rappelle certains moments de notre histoire européenne.
Dans « la mort d'un chien », il s'agit d'un appel à la résistance contre l'envahisseur japonais.
Des étudiants capables d'échafauder de beaux plans en paroles se révèlent incapables d'agir alors que le père d'un des étudiants, homme du peuple, échappe à la mort en refusant de s'incliner devant les fusils japonais. « Si tu redresses la tête et bombes le torse, dit-il à son fils, personne n'osera te mépriser ! »
Dans « l'ordonnance », Lao She se moque des policiers chinois qui « faisaient preuve d'une plus grande bravoure pour arrêter les « espions chinois » que pour arrêter les soldats ennemis. Peut-être était-ce dû au fait que c'était un peu plus facile. »
J'avoue avoir été surpris par l'universalité de ces écrits que je ne connaissais pas du tout.
Lao She a écrit une quarantaine de nouvelles.
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