Mondo et autres histoires
de J.M.G. Le Clézio

critiqué par Elyria, le 29 mars 2006
( - 33 ans)


La note:  étoiles
le libre silence
Comme un doux voile de soie, les pages de ce livre vous soulèvent pour vous emporter vers des paysages, des enfants merveilleux, incroyables, attachants et formidables!
Ce livre est très dur à décrire car il a été créé pour vous faire voyager sans bouger de chez vous, pour découvrir vos pays intérieurs!
Belles parenthèses 8 étoiles

Ce livre nous propose huit belles parenthèses, huit moments hors du temps, huit chants doux et lyriques, huit pauses dans la vie, huit portraits qui apaisent, huit riches aquarelles aux tons magnifiques, huit regards enfantins, huit visions de nature, tantôt plaines et ciel, tantôt mer et mâture, tantôt villes nanties, tantôt villes de bourbe. Merveille poétique à l’expression courbe.

Le Clézio nous partage un bonheur d’exister, un bonheur sans richesse, un bonheur accessible. Tout est contemplation, nature et vérité, et tout va s’achever par un retour horrible, presque mélancolique, à la vie ordinaire : là meurt la parenthèse, là finit la lumière.

Certes à enchaîner ces récits du regard, on se surprend parfois un peu moins concentré. J’ai lu sans souvenir des passages entiers, la tête fourmillant de mon propre brouillard. C’est un livre qu’il faut lire l’esprit en paix, car le manque d’enjeux dans la narration nous laisse en quelque sorte l’esprit disposé aux tourments intérieurs de ses propres démons. Ce livre ne peut pas être une distraction : il s’y faut abîmer tout entier, sans passion.

Froidmont - Laon - 33 ans - 26 novembre 2022


Entrer en résonance avec le monde 7 étoiles

Ce recueil de nouvelles de Le Clézio est très poétique, souvent édité en littérature jeunesse, il devrait plutôt plaire à un lectorat plus adulte. L'idée qu'il puisse plaire à des adolescents m'enthousiasme, mais j'ai quelques doutes ...

Les enfants occupent une place centrale dans ces textes. Ce sont souvent des enfants livrés à eux-mêmes, qui errent, s'occupent simplement, ne fuient pas la compagnie des adultes comme Mondo qui demande ponctuellement à des adultes s'ils accepteraient de l'adopter puis part en courant sans doute par crainte de la réponse ... Ce sont surtout des enfants provenant de divers horizons qui entrent en résonance avec la nature. Ils sont en communion totale avec elle. Quand Lullaby prend le soleil, son âme semble même sortir de son corps pour se mêler au monde. Le soleil, la mer, le désert, le vent enveloppent ces enfants, deviennent quasiment vivants et permettent cette osmose. Les passages descriptifs, nombreux, sont d'une grande poésie, c'est véritablement de la prose poétique. Ces séquences sont belles pour le style de l'auteur et la force des images. Un lecteur qui souhaite du rythme et une avancée dans la trame rencontrera de l'ennui dans ces textes car Le Clézio décrit des scènes lentes. Ces passages rappellent le Camus de "Noces" ou de "L'été", ou même celui de la scène du bain de mer de Rieux et de Tarrou dans "La Peste". Les sensations priment sur les sentiments. Ces êtres voient le monde tel qu'il est et se contentent de ce que la nature leur offre. Dans "Les Bergers", le groupe d'enfants semble avoir pour demeure le cadre extérieur et compose avec le lac, le désert, les sauterelles, les serpents ... En lisant Le Clézio, on sent cet amour pour les éléments naturels. Et c'est un cadre méditerranéen qui prédomine.

Sont-elles réellement des nouvelles ? Sans doute pas. Normalement ce genre vise la concision et le resserrement de l'intrigue. ici le descriptif occupe une grande place et ces textes ne brillent pas par leur dynamisme, l'intérêt est bien ailleurs. Ces histoires regorgent d'humanité sur les gitans, les migrants, ces délaissés que la société oublie. L'auteur ne juge pas ses personnages mais il y a une bienveillance et une tendresse qui semblent encercler tous ces enfants. On a envie de les protéger et en même temps ils nous rappellent ce que l'on a perdu, une forme d'insouciance, une liberté et une capacité d'émerveillement qu'eux possèdent mais que nous n'aurions plus. Cet esprit d'enfance est précieux. Il faudrait le cultiver. Ces enfants nous enseignent comment regarder le monde. Ils nous font ouvrir les yeux et regarder ce qui est devant nous alors qu'on ne le voyait plus. Ces textes posent aussi la question du bonheur. Cette communion avec la nature est source de bonheur. Cette source de plénitude est gratuite et à la portée de tous.

Comme l'a écrit un CLien, lire d'une traite ces histoires pourrait être fastidieux. J'ai préféré en lire de temps en temps pour pouvoir apprécier la prose de Le Clézio et m'imprégner davantage de ces textes qui ont de nombreux points communs. Pour éviter ce sentiment de redondance, j'ai opté pour une lecture espacée des nouvelles qui empruntent aussi au conte. Ces enfants surgissent puis disparaissent, comme des feux follets, des héritiers du Petit Prince, Le fait de n'être pas ancrés dans les conventions sociales, leur permet de voir le monde comme nous devrions le voir. Une belle leçon d'humanité !

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 29 juin 2019


Au delà du réel 8 étoiles

Le rêve et la magie peuplent ces huit récits (dans l’édition Gallimard Jeunesse de 2009, avec les belles gravures de Georges Lemoine). Huit nouvelles d’enfants de tous les pays qui s’évadent : évasion intérieure dans le rêve pour Juba dans La Roue d’Eau ou pour Petite Croix dans Peuple du ciel, ou bien escapade dans la nature pour Gaspar dans Les bergers ou pour Lullaby, voire fuite définitive pour Mondo ou pour Celui qui n’avait jamais vu la mer.
Des évasions dans des pays d’eau et de lumière, hymnes à la liberté voire à la marginalité, comme ont pu en rêver les plus poètes d’entre nous. Des récits plein de délicatesse servis par la langue et les descriptions de Le Clézio.
Amateur d’action ou de suspense, passe ton chemin. Est-ce un livre pour enfant ? N’est ce pas plutôt pour les adultes qui ont gardé leur âme d’enfant ?

Romur - Viroflay - 51 ans - 25 juillet 2017


Un avis mitigé 7 étoiles

J'ai commencé Mondo par curiosité, car je n'avais jamais pris le temps de lire ce petit livre présent depuis quelques années dans ma PAL. J'ai beaucoup aimé les deux premières nouvelles, Mondo et Lullaby. Ces deux enfants épris de liberté et de vie m'ont touchée, m'ont transportée loin de mon quotidien. J'ai moins aimé "Celui qui n'avait jamais vu la mer", peut-être parce que l'enfant était trop proche des deux autres. J'ai mis beaucoup de temps à terminer "Les bergers", là encore parce que l'histoire était trop proche des autres.
Cependant les descriptions de Le Clézio sont exceptionnelles, il est très doué pour nous faire imaginer des paysages que l'on ne connaît pas. Rien que pour cela, ce recueil mérite le détour, mais à mon avis il vaut mieux lire un récit de temps en temps que tout en même temps.

Flo29 - - 52 ans - 5 juin 2015


Vide 2 étoiles

Vide !! Voilà la meilleure définition que je pourrais apporter à l'impression que m'a procuré la lecture de ce livre !! Un grand vide !!! Le Clezio venait de décrocher le Nobel, je ne connaissais l'écrivain que par quelques interviews télévisées. Je décide donc de me rendre chez mon libraire préféré et lui demande par quel ouvrage je pourrais aborder cette oeuvre nobélisée. Après diverses hésitations, il me tend "Mondo". Qu'en dire ? Pas grand-chose. Vous aimez le soleil, la mer, le vent dans les cheveux et les enfants qui ne font strictement rien ? Ce livre est pour vous. J'arrête là la critique. Je crois seulement que cet univers, ce mode narratif et cette rythmique, indéniablement originale, n'est pas faite pour moi. Dommage.

Herve2 - - 54 ans - 29 avril 2011