On ne badine pas avec l'amour
de Alfred de Musset

critiqué par Anne, le 27 octobre 2000
(Rhode-Saint-Genèse - 47 ans)


La note:  étoiles
Grand classique
Camille et Perdican, cousins et amants depuis longue date, se retrouvent…
Grand question pour Camille : doit-elle ou non rentrer au couvent ? C'est peut-être une question d'un autre âge, mais les questions sous-jacentes vous paraîtront terriblement actuelles, car l'amour ne vieillit pas.
C'est une très belle histoire, au travers de laquelle Musset évoque, dans un français beau, pur, fascinant, beaucoup de valeurs morales, et fait référence à sa propre histoire avec Georges Sand.
Une merveille de réflexion, de passion, de dérision. A lire et à aller voir au théâtre !
Déception 4 étoiles

Curieusement, alors que le Musset de "Lorenzaccio" m'avait proprement fasciné, "On ne badine pas avec l'amour" m'a profondément déçu. Cette oeuvre reste entre deux, car elle ne possède ni le souffle qui fait les grands drames romantiques, ni la simplicité (ou la modestie) des petites romances finement ciselées comme un travail d'orfèvre. L'ensemble reste trop précieux et trop sentencieux pour émouvoir réellement. Quant aux épisodes voulus comiques, ils restent incroyablement guindés et prévisibles.
La frustration est d'autant plus grande que certains passages sont finement amenés et traités, l'écriture est alerte, sensible et claire. Des qualités qui ne parviennent cependant pas à créer une oeuvre totalement convaincante. Déception, certainement en raison d'une attente trop grande vis-à-vis de l'oeuvre.

Perlimplim - Paris - 48 ans - 6 août 2011


Du grand tragique classique 9 étoiles

On ne badine pas avec l’amour est l’une des premières pièces que j’ai vu au théâtre (avec Normand D’Amour, superbe, en Perdican), une pièce qui m’a volé quelques larmes. Depuis, c’est un art que j’ai toujours admiré.

Un baron veut marier son fils Perdican, fraîchement diplômé de l’école, à sa nièce Camille qui vient de sortir du couvent. Camille cependant ne veut pas se marier, pour prendre le voile de religieuse. Perdican trouve alors consolation avec la petite Rosette, soeur de lait de Camille, mais c’est sans compté sur les inconstances du coeur. Camille et Perdican, à cause de leur orgueil, vont volontairement (et involontairement) se venger l’un de l’autre et faire des victimes...

« [Perdican :] Il y a deux cents femmes dans ton monastère, et la plupart ont au fond du cœur des blessures profondes ; elles te les ont fait toucher ; et elles ont coloré ta pensée virginale des gouttes de leur sang. Elles ont vécu, n’est-ce pas ? et elles t’ont montré avec horreur la route de leur vie ; tu t’es signée devant leurs cicatrices, comme devant les plaies de Jésus ; elles t’ont fait une place dans leurs processions lugubres, et tu te serres contre ces corps décharnés avec une crainte religieuse, lorsque tu vois passer un homme. Es-tu sûre que si l’homme qui passe était celui qui les a trompées, celui pour qui elles pleurent et elles souffrent, celui qu’elles maudissent en priant Dieu, es-tu sûre qu’en le voyant elles ne briseraient pas leurs chaînes pour courir à leurs malheurs passés, et pour presser leurs poitrines sanglantes sur le poignard qui les a meurtries ? Ô mon enfant ! sais-tu les rêves de ces femmes qui te disent de ne pas rêver ? »

Une pièce qui navigue habilement entre le comique et le drame. J’aime beaucoup l’écriture de Musset, son style. Une pièce qui m’a touchée.

Nance - - - ans - 5 septembre 2010


Amour divin VS amour humain 9 étoiles

Excellente pièce de Musset qui oppose deux personnages complexes que sont la cousine Camille, empreint de piété religieuse, et son cousin Perdican, épicurien savant. La pièce met en opposition l'amour divin, l'amour de Dieu, qui selon Perdican est fade. L'amour est fait de hauts et de bas mais ce mélange détonnant est l'essence même de l'amour, et Camille ne semble pas vouloir affronter cette vie qui s'offre devant elle, la préférant à la virginité.
La pièce est également un pamphlet contre le badinage, la manipulation des sentiments dont est victime Rosette, la plus "pure" des 3, hymne à la nature, qui tombe dans le piège des mots.
La conclusion de Musset, victime du coup de foudre avec Sand, est que l'amour se révèle très dangereux.

Adrien34 - - 34 ans - 19 juillet 2010


Contre le mensonge en amour 9 étoiles

Tromper n'est pas jouer, et encore moins aimer, et c'est ce qui perd Camille et Perdican, les deux protagonistes. L'une dissimule son amour dans la piété, et l'autre sa vengeance dans une idylle factice. Au bord de la réconciliation, arrive un drame.
Cette pièce, grand classique du théâtre romantique français, est un plaidoyer pour la sincérité des sentiments et le courage de s'avouer qu'on s'aime. Le style et les dialogues sont vifs. Quel panache !

Veneziano - Paris - 47 ans - 17 janvier 2010


Un chef d'oeuvre du théâtre romantique ! 10 étoiles

Cette pièce est pour moi un pur chef d'oeuvre ! Musset, jeune romantique de son temps, qui fut frappé par le mal du siècle, n'a jamais mieux sublimé sa douleur que dans "On ne badine pas avec l'amour". En effet, George Sand venait de le tromper avec un médecin Vénitien quelques temps auparavant.
Chaque phrase est pour moi un aphorisme. Les métaphores sont très présentes, le ton est grandiloquent, et les querelles amoureuses et coups de théâtre se succèdent qui font de cette courte pièce un livre sublime. Tragédie ? Sans aucun doute. Mais le dénouement est quand même heureux puisque Perdican et Camille s'avouent leur amour réciproque. La complexité du personnage de Camille me fascine et me fascinera toujours.
L'extrait de Aquel70 est très bien choisi, et un passage clé de la pièce.
Un des grands auteurs que j'apprécie de cette époque est Vigny, notamment "Chatterton", pièce symbolique de ce courant.

Manon - Paris - 35 ans - 1 août 2005


Le libertin et l'Amour ... 9 étoiles

Je voudrais que la planète entière connaisse le célèbre extrait suivant même si l'on peut s'opposer au point de vue pessimiste sur la nature même de l'homme.
"Tous les hommes sont menteurs, inconstants, faux, bavards, hypocrites, orgueilleux et lâches.
Toutes les femmes sont perfides, artificieuses, vaniteuses et dépravées. Le monde est un égout sans fond où les phoques les plus informes rampents sur des montagnes de fange. Mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c'est l'union de deux de ces êtres si imparfaits et affreux. On est souvent trompés en amour, souvent blessés et souvent malheureux, mais on aime. Et lorsqu'on est sur le bord de sa tombe, on se retourne en arrière et on se dit. J'ai souffert souvent, je me suis trompé parfois mais j'ai aimé. C'est moi qui ai vécu et non pas un être factice créé par mon orgueil et mon ennui."
Quel hymne à l'amour !
Pour l'anecdote, on doit la première partie de cette tirade à ... Georges Sand évidemment.

Aquel70 - - 49 ans - 4 décembre 2004