Le néant quotidien de Zoé Valdés
(La nada cotidiana)
Catégorie(s) : Littérature => Sud-américaine
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Le néant cubain
« Elle vient d’une île qui avait voulu construire le paradis. » Tout comme l’auteur, Yocandra, l'héroïne du roman, est née en 1959, en pleine révolution cubaine, dans une famille qui en épousait les idéaux.
En fait, Yocandra n'est pas son vrai nom. On l’avait baptisée Patrie. Elle fait partie de la génération sacrifiée sur le bûcher de l’idéal révolutionnaire castriste.
A 16 ans, elle rencontre le Traître, un écrivain de 33 ans,
« un Rambo du communisme, un machiste-léniniste ». Il lui paie sa formation de
professeur d’éducation physique, mais elle ne se présente pas aux cours et n’exercera jamais, comme à peu près tous les autres jeunes universitaires de ses amis. Elle finit par l’épouser parce qu'il a besoin d'une compagne pour obtenir un poste de diplomate à Madrid. Assez vite, elle découvre qu’il est un écrivain fini, que sa vie est un « néant d'ennui ».
« J'ai été la conne du siècle, convaincue que par mon sacrifice, je contribuais à la grande œuvre d'un écrivain cubain… » C'est le divorce et le retour à Cuba.
Pour l’instant, elle est directrice en chef d'une revue qui n'a aucune chance de paraître à cause des « problèmes matériels que le pays affronte ».
« Je me contente de pédaler de chez moi au travail, pointer, m'asseoir à mon bureau, lire des revues étrangères qui continuent d'arriver avec deux ou trois mois de retard, quand ce ne sont pas deux ou trois ans, et rester dans la lune. »
Sa vie quotidienne est faite de ces « petits » tracas qui finissent par empoisonner son « néant quotidien » : la nourriture qui est rationnée, dénaturée, l'eau qu’il faut transporter, l'électricité qui s'arrête à tout moment, et pire les délations érigées en système, l'arrogance des membres du parti…
« Nous survivons, l’estomac bourbeux, ou fermé pour travaux. Rien n’existe. Seul le Parti est immortel. »
Heureusement, il y a les nouvelles des expatriés, la Vermine et le Lynx, et surtout son nouvel amant, le Nihiliste, un cinéaste dont « la queue est la huitième merveille du monde ». Et il y a ce pays que, malgré tout, elle continue d’aimer. « Ah, comme je suis fière d'être Cubaine! Ah, comme je suis terrifiée d'être Cubaine! »
On l'aura compris, le roman de Valdès dénonce la dictature de Castro, la violation des droits de l'homme et l’endoctrinement d'une population au nom d'un idéal révolutionnaire qui semble bien mal adapté à la situation : « Nous avons fait une révolution plus grande que nous-mêmes! »
Très bien écrit, construit autour de plusieurs personnages assez typiques, le roman de Valdès témoigne de l’échec d’un idéal révolutionnaire. écriture lyrique, souvent joyeuse malgré le propos, crue par moments.
Et, disons-le, le chapitre huit du roman vaut à lui seul le détour : « Tout porte à croire que les chapitres VIII de la littérature cubaine sont condamnés à être pornographiques. »
Les éditions
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Le néant quotidien [Texte imprimé], roman Zoé Valdès trad. de l'espagnol... par Carmen Val Julián
de Valdés, Zoé Val Julián, Carmen (Traducteur)
Actes Sud / Lettres hispaniques (Arles)
ISBN : 9782742704828 ; 15,09 € ; 21/01/1999 ; 141 p. ; Broché
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Idéal et décadence
Critique de Vinmont (, Inscrit le 12 août 2014, 50 ans) - 30 juillet 2019
Ce roman s'articule autour de la confrontation de l'idéologie, de l'idéal castriste qui guide la vie de Cuba et des privations du quotidien.
Ces manques, les habitants les acceptent pour certains, en souffrent pour d'autres mais tous semblent s'y résigner et aimeraient ne pas avoir à les vivre.
Mais, peut-être est-ce pour ne pas voir le mirage cubain s'envoler ?
Un bon roman, cru par instant, mais bien construit.
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