Pour solde de tout compte
de Elizabeth George

critiqué par Mademoiselle, le 3 avril 2006
( - 37 ans)


La note:  étoiles
Un bon numéro
Cette enquête du tandem Linley-Havers nous mène dans le milieu universitaire et le monde des sourds avec le meurtre d’une étudiante sourde. Ils vont devoir répondre à différentes questions : « Par exemple, qu’est que Sarah Gordon fabriquait sur les lieux du crime ce matin-là ? Pourquoi rôdait-elle autour d’Ivy Court cette nuit-là ? Pourquoi Justine Weaver a-t-elle couru sans son chien lundi matin ? Quelles conséquences pouvaient avoir les frasques d’Elena Weaver à Cambridge sur la chaire de Penford que convoite son père ? »

Si les personnages principaux sont sympathiques, j’ai toujours autant de répulsion pour les personnages secondaires. Ils se trompent tous les uns avec les autres et se perdent en petits conflits mesquins. Peut-être est-ce caractéristique de la littérature policière britannique car on trouve la même chose dans les romans de Caroline Graham.

Le seul autre Elizabeth George que j’avais lu jusque-là était « Une patience d’ange », qui se situe chronologiquement plus tard. Je n’ai donc que ce point de repère. Je peux seulement dire que la vie privée de ses enquêteurs y est plus détaillée. Barbara Havers doit décider si elle envoie sa mère atteinte de la maladie d’Alzheimer dans un institut spécialisé et Thomas Linley essaie de convaincre la femme qu’il aime de l’épouser.

Que ceux qui n’ont pas lu « Pour solde de tout compte » ne lisent pas ce qui suit : j’estime qu’Elizabeth George a triché dans la scène où Sarah découvre le cadavre. Il est dit qu’elle prend d’abord le bras d’Elena pour une branche alors qu’elle sait forcément ce que c’est.
Cambridge, personnage principal… 8 étoiles

Comme Tistou, j’ai une grande admiration pour cette brillante auteure américaine qui écrit de fascinants polars «made in England».
C’est en lisant Millenium, le premier tome, il y a quelques années, que j’ai découvert Elizabeth George; le journaliste Mikael Blomkvist était un fervent fan et lisait ses romans…, j’ai voulu connaître par curiosité et me voilà accro sans condition!

J’adore les personnages récurrents, le beau et élégant Thomas Lynley et la non moins pittoresque Barbara Havers et leurs péripéties personnelles, auxquelles l’auteure accorde autant d’importance que l’intrigue elle-même; oui, je sais, pour les amateurs de polars purs et durs, ces digressions sont impardonnables, et cela est sans compter tous les personnages secondaires qui se greffent + tous les mille et un détails qui pimentent le récit…
Cambridge cette fois-ci dame le pion à tous; cette ville universitaire mythique tour à tour noyée dans un brouillard des plus dense ou spectaculaire sous un ciel lumineux avec ses bâtiments, datant, quelques-uns. d’aussi loin que le XIIe siècle, m’a complètement subjuguée .

Les appréciations précédentes décrivent très bien l’intrigue qui alimente ce récit; comme la plupart des romans de ce genre, les incongruités, les tricheries, les maladresses foisonnent; on s’en fout, le propos dans son ensemble est brillant, intelligent, sensible et dès les premières lignes, tout comme ses victimes, le lecteur est entièrement à la merci de l’auteur, pour son plus grand plaisir!

N.B. Lu en version originale américaine sur Kindle.

FranBlan - Montréal, Québec - 82 ans - 5 juin 2013


Surprenante incompatibilité entre début et fin de roman ! 3 étoiles

Une désolante déception que m'inflige une auteure qui avait par ailleurs produit d’excellents romans (Mémoire Infidèle, Anatomie d’un Crime).

Truffé de fausses pistes le déroulement de l’histoire aurait pu être passionnant, n’était-ce tout d’abord la grande incompatibilité technique entre début et fin de roman (en accord avec la critique de Mademoiselle, ci-dessus) mais également les inutiles exposés de la vie privée de nos deux héros et compères policiers.

En résumé, cet opus n’est certainement pas le meilleur d’Elizabeth George !

Ori - Kraainem - 89 ans - 24 juillet 2010


Un sacré compte de soldé ! 7 étoiles

Elena Weaver est une dynamique et jolie jeune femme. Pas plus farouche que cela et que sa surdité n’empêche pas d’étudier, à Cambridge, où elle réside. Elle est sauvagement assassinée un petit matin, sur le bord de la rivière le long de laquelle elle fait son footing.

« Tandis que la porte coupe-feu vitrée du couloir se fermait en chuintant dans son dos, elle enfila le haut de son survêtement et remonta la capuche. Elle dévala les deux étages, franchit le vestibule en courant et poussa la porte avec force. L’air glacé lui gifla le visage comme un paquet de mer. Sous le choc, ses muscles se raidirent. Elle s’obligea à se détendre, sautant sur place pendant un moment en faisant des moulinets avec les bras. Elle inspira profondément. L’air qui sentait l’humus et le feu de bois se déposa sur sa peau comme un duvet liquide.
Elle traversa New Court au petit trot, piquant un sprint vers Principal Court. Personne alentour. Dans les chambres, aucune lumière. C’était merveilleux, grisant. Elle se sentit libre. Infiniment.
Pourtant il lui restait moins de quinze minutes à vivre. »

Au fil de l’enquête menée par Scotland Yard - Thomas Linley et le sergent Barbara Havers évidemment - l’image de la jolie étudiante dynamique va sérieusement se fissurer. L’occasion de divergences de vues notables entre la prolétaire Havers et le Linley de bonne famille. Ca fait partie du jeu des deux héros récurrents d’Elisabeth George, et permet de dépasser largement le cadre d’une simple enquête policière. L’image se fissure et c’est plutôt celle d’une intrigante, d’une prête à beaucoup, sinon à tout, qui se fait jour. Ou d’une jeune femme normale peut-être ? Mais une jeune femme normale qui s’est fait assassinée. Et Thomas et Barbara Havers doivent enquêter en marchant sur des œufs, les œufs du milieu universitaire de Cambridge.
Périphériquement Barbara Havers se débat dans des tourments intérieurs quant au placement ou non de sa mère atteinte d’Alzheimer dans une maison spécialisée, Thomas Linley est dans une période clé de sa relation avec Lady Helen, justement « au vert » à Cambridge …
C’est ce qui fait le charme des romans d’Elizabeth George : une relation profonde au monde réel et aux sentiments divers qui toujours s’entrecroisent dans nos vies et les empêchent de devenir un long fleuve tranquille !

Tistou - - 68 ans - 9 novembre 2009