Un arbre de nuit et autres histoires
de Truman Capote

critiqué par Eireann 32, le 3 avril 2006
(Lorient - 77 ans)


La note:  étoiles
Un arbre qui ne cache pas la forêt.
Ne connaissant pratiquement pas la littérature du Sud des Etats-Unis (à part évidemment James Lee Burke) et n’ayant rien lu de Truman Capote, c’était joindre l’utile et l’agréable.
Très bon début avec «Monsieur Maléfique». Tout le monde connaît les vendeurs de rêves, mais les acheteurs de rêves ? Une jeune fille connaîtra un peu de bonheur avec un vieux clown alcoolique, mais perdra ses rêves et son sentiment de peur.
-« Réellement je n’ai pas peur » et de toute façon, il n’y avait plus rien à voler.
Nous découvrons une gamine de dix ans semant le trouble dans une petite ville. Tantôt adorable, souvent détestable, les meilleurs copains se battent pour elle, et en définitif, elle domine tout le monde.
Une annonce dans la presse malgré son humour, «Walter Ranney, un des gros pontes de la publicité, et Rosa Cooper, héritière des laiteries Cooper, conseillent à leurs intimes de commencer à acheter du riz», ne fait pas rire du tout l’intéressée. Lui d’ailleurs ne rira plus après un coup de téléphone et vraiment plus du tout après un second.
«La bonbonne d’argent» est une belle histoire. Un commerçant installe une bonbonne pleine de pièces sur son comptoir, pour tout achat une réponse est notée et le plus près de la somme exacte empochera la mise. Pépin de pomme, lui entreprend de les compter à travers la bonbonne. Pépin de pomme a une sœur dont voici la description assez cruelle : Middy était une gosse triste qui avait la tristesse peinte sur la figure.
-Elle était nettement plus grande que son frère : bref, une vraie perche. Ses cheveux blond filasse étaient coupés court, et son petit visage palot faisait pitié.
Si vous vous appelez Myriam, que vous êtes veuve et qu’une enfant de dix ans nommée également Myriam, s’installe chez vous, vous perdrez beaucoup, peut-être jusqu'à votre identité ?
«Ma version des évènements» concerne un couple de seize ans, elle enceinte, venant vivre dans la belle-famille, pas le bon choix.
Une belle écriture un peu «précieuse» et raffinée avec des mots que l’on ne rencontre plus guère : courtiser, nabot, poissard, hectique (faites comme moi, prenez votre dictionnaire)ou oiseux et qui feront bien dans une conversation.
Sans compter des histoires très originales et bien développées sur, au minimum, vingt pages. Mais souvent très étranges avec des personnages torturés et proches de la démence. J’avoue avoir été dérouté par la fin de plusieurs nouvelles.
Extraits :
« Mon chou, vous n’êtes homme qu’à un seul point de vue, lui dit-elle.
-Ce n’etait pas faute de le vouloir, mais simplement c’est qu’il n’y avait aucun moyen facile de renouer leurs amitiés.
-Nous nous sommes mariés à Mobile quatre jours seulement après avoir fait connaissance. Elle n’est pas belle, elle a un corps quelconque et pas de cervelle pour deux ronds. Mais c’est une blonde «naturelle».
-S’il a seulement conduit une charrue, je suis prête à avaler une douzaine de rats frits à la térébenthine (bon appétit).