L'abbaye de Northanger
de Jane Austen

critiqué par Mademoiselle, le 4 avril 2006
( - 37 ans)


La note:  étoiles
Un flop de Jane Austen
Je n’aurais jamais pu penser que l’auteure de l’adorable « Orgueil et préjugés » ait pu écrire quelque chose d’aussi navrant et ennuyeux.

La jeune Catherine fait un séjour à Bath sous la tutelle d’amis de ses parents. Elle va se retrouver confrontée à des arrangements matrimoniaux qui la dépassent.

L’histoire est fade, languissante. L’héroïne est naïve à un point tel que ça devrait être interdit et Henry Tilney n’a aucune épaisseur. Si Jane Austen fait parfaitement ressortir l’hypocrisie de la société du XVIIIe siècle, les personnages inamicaux sont trop nombreux et prennent trop de place par rapport aux personnages sympathiques.

Apparemment, « L’abbaye de Northanger » (ou « Northanger abbey » selon les versions) est le premier roman de Jane Austen. Heureusement qu’elle s’est nettement améliorée par la suite !
Jeunesse, jeunesse... 5 étoiles

"Northanger Abbey" a été publié de manière posthume, bien après les romans qui ont fait le succès de Jane Austen, Orgueil et Préjugés, Raisons et Sentiments, Emma,... Mais Jane en aurait-elle été enchantée? Supposément rédigé à la fin du dix-huitième siècle alors que le premier livre édité de l'auteur date de 1811, Northanger Abbey est clairement un écrit de jeunesse (et probablement pas une parodie comme le suggère une précédente critique éclair). Et Flammarion décide vraisemblablement, dès lors, de le destiner "à" la jeunesse, dans une nouvelle édition parue en Juin 2015.

Voilà le tableau dressé. Et on n'ira pas plus loin dans le contenu car Jane Austen, ici, n'a pas encore développé son sens aigu de l'observation, de l'ironie, et ne peut donc nous offrir des dialogues et des situations délicieuses comme elle en a le don dans ses autres romans. Catherine Morland est une écervelée, charmante mais naïve, qu'on verrait davantage en second rôle, en contraste avec une héroïne bien assise sur sa culture et son esprit critique. Point de cela donc, dans "Northanger Abbey". Les personnages sont fades et sans grand intérêt, ne venant s'animer dans cette bluette que pour offrir un récit léger au charme suranné qui s'oubliera très vite. C'est une fan de Jane qui le dit.

Pour les adolescent(e)s qui auraient besoin d'un vent de romantisme gentillet, ce livre restera plaisant, mais fera-t-il le poids face à d'autres romans pour ados qui, eux, n'ont pas l'excuse d'être des ouvrages de jeunesse ? Gageons surtout que cela incitera à lire les autres romans de Jane Austen...

Bluewitch - Charleroi - 45 ans - 20 août 2015


Ingénuité et imagination fertile 9 étoiles

Le roman « Northanger Abbey » est une parodie de style jeunesse et caricaturale. J’avoue avoir préféré « Orgueil et Préjugés » quoiqu’on y retrouve quelques caractéristiques semblables: la différence de classes sociales, la richesse, les promenades, les plaisirs du théâtre et des bals. Mon manque d’engouement est peut-être dû aux vingt ans d’intervalle, entre l’écrit et la publication, alors que les usages et la mentalité ont changé. Catherine Morland, 17 ans, en est l’héroïne. Garçon manqué dans son enfance et jeune écervelée à l’adolescence, elle devient fière et élégante à l’âge adulte. Après quelques déceptions, et de confiance trahie, elle découvre l’amitié vraie.
L’essentiel du roman se passe à, Northanger Abbey, vieille demeure médiévale, où Catherine fait un séjour chez les amis de sa famille. Elle rencontre les familles Thorpe et Telney. Le père, le Général Telney, riche veuf, propriétaire, et son fils cadet Henry, dont Catherine s’éprend. Le Général invite Catherine chez eux, croyant la famille Morland riche. C’est là, qu’elle rencontre son amie Isabelle avec qui elle partage la lecture des romans d’horreur. Le frère d’Isabelle Thorpe tourne autour de Catherine, mais elle, préfère Henry Tilney. Pour se venger, le frère d’Isabelle dénigre la famille Morland auprès de Général Tilney. Ce dernier, croyant aux potins du jeune Thorpe, chasse Catherine de l’Abbaye. La fin dévoile clairement le dénouement de l’histoire d’amour de Catherine.
On reconnaît, dans l’écriture de Jane Austen, l’époque romantique, marquée par la façon de ressentir, quand elle décrit l’émoi de l’héroïne, sa curiosité, et son attente angoissée lorsqu’elle fait ses émouvantes découvertes, dans l’ancienne partie de l’abbaye. L’auteure fait toujours une description précise de son héroïne dans ses romans. J’ai préféré Élizabeth, vive d’esprit et indépendante, d’«Orgueil et préjugés», à la naïve Catherine de « Northanger Abbey », qui a l’imagination fertile, et a du mal à différencier la fiction de la réalité. N’eut été d’Henry qui la ramène au réel, elle croyait avoir découvert le mystère qui entoure la mort de Mrs Tilney, soit l’assassinat, par le Général. Dans l’ensemble, j’ai tout de même aimé « Northanger Abbey ». Le « suspense » pour les futures unions est bien présenté jusqu’à la fin. Les points de vue de Jane Austen sont le mariage et la dot qui s’y rattachent, ainsi qu’une manière d’incitation à la lecture du roman gothique d’Anne Radcliffe qui sert de toile de fond à ce roman-ci.

Saumar - Montréal - 91 ans - 28 février 2012


Un roman tissé de finesse et d'ironie 9 étoiles

Pour être tout à fait honnête, je n'étais pas particulièrement attiré par ce livre et je l'ai lu un petit peu par obligation ! Je ne regrette absolument pas ! J'ai découvert une Jane Austen plus légère, plus moqueurse. Evidemment c'est avec une certaine finesse qui cette ironie transparaît. Catherine, son héroïne, est naïve et souvent ridicule par sa simplicité.

Catherine est une rêveuse, elle est passionnée par les romans gothiques ("Les Mystères d'Udolphe" d'Ann Radcliffe )qui font vibrer son petit coeur de jeune fille de bonne famille. Lorsqu'elle se rend dans cette fameuse abbaye, elle imagine des histoires sordides, inquiétantes au sujet de ses hôtes. Elle tremble dans sa chambre et meurt d'envie de visiter cette demeure hantée cachant de sombres affaires ... en réalité, aucune !

Evidemment les petites ( ou grandes ) histoires d'amitié et d'amour ont un caractère très féminin et sont empreintes de sensiblerie ... mais le regard d'Austen est plus acerbe et je préfère amplement ! L'auteur analyse avec précision les comportements humains, les élans de la jalousie, les troubles émotionnels.

Je n'ai pas été très sensible à ses autres romans, mais celui-ci m'a vraiment intéressé.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 18 août 2011


Douce parodie de romans gothiques 6 étoiles

« Personne qui ait jamais vu Catherine Morland dans son enfance ne l’aurait supposée née pour être une héroïne. »

En effet, Catherine Morland est une petite étourdie, mais tout à fait charmante et sympathique. La jeune demoiselle est invitée par des amis de sa famille à passer quelques semaines à Bath, où elle va aller à des bals, s’ennuyer, se faire des nouveaux amis (plus si affinités ?) et sera conviée à aller à l’abbaye de Northanger.

« Northanger eût pu être une maison, un hôtel, une villa, quelque vague habitacle, et, malgré tant de chances adverses, Northanger était une abbaye et cette abbaye, elle l’habiterait. Ses longs corridors humides, ses cellules strictes, sa chapelle ruineuse retentiraient de ses pas quotidiens. Elle ne put maîtriser l’espoir de quelque légende ; peut-être même retrouverait-elle le sanglant mémorial d’une nonne outragée. »

Ce n’est pas dans les grands romans de l’auteure, mais pour plusieurs fans, la magie opère toujours. Ici, elle prend plaisir à se moquer des romans gothiques, on retrouve beaucoup de touches d’humour et le ton est plus léger que dans ses autres oeuvres. Ça m’a quand même pris plusieurs essais pour terminer ce roman, mais l’adaptation télévisée en 2007 m’a donné le goût de persévérer et je suis satisfaite de ma lecture. Le genre de livre à lire pour se détendre.

Nance - - - ans - 19 mars 2011


Northanger Abbey 10 étoiles

Je viens d'en terminer la lecture et je m'avoue très enthousiaste sur son contenu. Peut être lire la version originale évite les niaiseries dues à la traduction (comme citées précédemment).
Le style de Jane Austen est irréprochable, l'histoire ne m'a pas paru particulièrement plate (comme j'ai pu le lire dans les critiques précédentes), même si bien sûr il ne s'agit pas d'un livre d'action.
Un très bon moment de lecture!

Mariebel - Paris - 37 ans - 7 octobre 2009


on peut ne pas aimer Jane Austen 9 étoiles

J'ai lu ce livre ainsi que les quelques autres de Jane Austen il y a deux trois ans, les enchainant comme je fais toujours quand je découvre un auteur qui me plait (je suis encore jeune, j'ai la chance d'avoir beaucoup d'auteurs-qui-me-plairont à découvrir). Je ne me souviens donc plus exactement de mon impression après avoir achevé la lecture de "Northanger Abbey", mais il est certain qu'il ne m'a pas déçu. On ne peut pas, à mon avis, ne pas aimer le style de Jane Austen, mais je conçois qu'un lecteur d'aujourd'hui puisse trouver les intrigues trop fades. Ce n'est pas mon cas. J'ai adoré tous ses livres,- à l'exception de "Emma" que j'ai lu en m'attendant à un chef d'oeuvre, encore meilleur que les autres, et qui m'a finalement paru moins bon (mais génial tout de même).

Ellénor - - 35 ans - 28 janvier 2009


Tendance les filles du Dr March 4 étoiles

Tendance : Les quatre filles du Dr March. Ce qui n’est pas chez moi marque de … haute estime. Relativisons toutefois. Jane Austen, ça ne date pas d’hier. Ni même d’avant-hier. Northanger Abbey a été écrit en 1803 et est en réalité le premier roman de la dame Austen.
Si l’on veut bien inscrire ce cadre (auteuse, tout début du XIX ème, société puritaine anglaise) autour de la lecture de Northanger Abbey, ça en change tout de même l’appréciation. Car quand même, je me suis demandé à plusieurs reprises ce que je fichais avec ce roman !
Héroïne cucul de chez cucul, sentiments périmés (pas étonnant, début XIXème !), personnages rigides et ringards, histoire tressée de cordages propres à arrimer le « Charles de Gaulle » (porte-avion à propulsion problématique pour ceux qui ne connaîtraient pas), pas de quoi hurler ma ferveur dans mon lit de lecture !
Mais donc, on se souvient du cadre. Et là, on est davantage dans le témoignage du fonctionnement de la société d’une époque donnée. Ca n’était pas vraiment débridé le XIX ème !
Reste à reconnaître qu’à l’issue de la lecture, et ça c’est un signe, il reste quelque chose qui clignote dans le noir et qui vous dit ; finalement … il y avait quelque chose. Oui, il y a quelque chose qui ressort de l’ensemble à l’issue de la lecture. Mais à l’issue seulement ! Et donc il faut aller jusqu’au bout !
Disons pour situer le roman tout de même que Catherine Morland va découvrir la vie (oh pas trop agitée quand même !) hors de la maison familiale, en villégiature à Bath, ville de bains, qu’elle va se lier à Isabelle Thorpe, jeune femme de son âge aussi garce que Catherine est une oie blanche de compétition et, que de minauderies en marivaudages, il finira bien par se passer des choses. Mais la naïveté, la crédulité et l’inaptitude à la jungle de la société de Catherine Morland est par moments insupportable. Carrément !
Reste le document. C’est plus ainsi qu’il faut le voir. L’écriture étant par moments bien ampoulée, à moins que la traduction … ?

Tistou - - 68 ans - 1 décembre 2006


Petites précisions 7 étoiles

Mes souvenirs ne sont sûrement pas meilleurs que ceux de Vda : je n'ai pas relu Northanger Abbey depuis plus de vingt ans (je crois me souvenir que je l'avais lu sans déplaisir - il est vrai que c'était le texte anglais.) Mais j'ai toujours mon vieux Penguin, ressorti pour l'occasion, qui me permet de préciser que Sense and sensibility et Pride and prejudice ont été commencés avant Northanger Abbey, mais ont été profondément remaniés après Nothanger Abbey, ce qui explique que Northanger Abbey soit considéré comme une oeuvre de jeunesse. Ce roman aurait dû être publié dès 1803 par l'éditeur Crosby and Co, qui a renoncé sans en aviser Jane Austen.
L'un des intérêts du roman porte sur son rapport à la littérature, et sur la dénonciation humoristique qui y est faite du roman gothique, lequel faisait fureur à l'époque. La principale victime de Jane Austen est Ann Radcliffe, auteur notamment des Mysteries of Udolfo, best-seller de l'époque, dont il serait intéressant de relire l'oeuvre aujourd'hui, ce qui permettrait de remettre Northanger Abbey dans son contexte et d'ainsi lui trouver sans doute plus de sel. Cela dit, je me souviens aussi d'un de mes professeurs, dont je n'ai pas de raison de douter des goûts littéraires, faire la petite bouche sur Northanger Abbey et le traiter de "cup of tea literature".

Feint - - 61 ans - 14 avril 2006


Pas terrible! 8 étoiles

En effet, Vda a raison, et Cath aussi d'ailleurs : ce livre est d'une qualité tout à fait mineure. Il a été publié de manière posthume, et écrit en +-1798, après Sense and Sensibility et Pride and Prejudice.
Ce qui est curieux, c'est qu'en Angleterre, il a connu un immense succès et est considéré comme un des meilleurs Austen.
Pourquoi? La traduction! La traduction est lamentable, je l'ai lu d'abord en français et me suis profondément ennuyée. Je l'ai lu en anglais quelques mois plus tard, et là, je me suis trouvée devant un très bon livre. Je ne comprends pas comment, avec une traduction, on peut de cette manière transformer un livre -d'un pseudo Harlequin à une grande profondeur-. Mais donc, pour ceux qui lisent l'anglais, ce livre en vaut la peine, il est très bon, reprenant comme Jane Austen sait le faire, les débats intérieurs d'une jeune femme et la société anglaise du XIXème siècle. Donc très bon, et en français, lamentable.

Daffodil - - 53 ans - 11 avril 2006


la critique est aisée, l'art ... 6 étoiles

Le jugement de Cath, me paraît bien sévère sur ce court roman qui, si mes souvenirs sont bons, se lit sans déplaisir.
Il faut se rappeler que Jane Austen l'a vraisemblablement écrit dans le style des romans gothiques de l'époque, d'où la noirceur des personnages plus importante que dans les autres oeuvres de l'auteur.

Un peu de distance ne nuit pas au lecteur pour apprécier, dans tous les sens du terme, ce qu'il a entre les mains.

Northanger abbey est certes un ouvrage mineur dans la bibliographie de Jane Austen, mais celle-ci n'est pas assez dense pour le négliger. Et puis, on y retrouve tout de même les archétypes des personnages austiniens.

Par ailleurs, il faudrait que quelqu'un de plus précis que moi sur le sujet puisse nous dire si ce livre est une oeuvre de jeunesse, s'il a été publié du vivant de Jane Austen et donc revu par l'auteur ou s'il est posthume, ce qui change beaucoup de choses tout de même.

Vda - - 49 ans - 6 avril 2006