Musique pour caméléons de Truman Capote

Musique pour caméléons de Truman Capote
( Music for chameleons)

Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles

Critiqué par Eireann 32, le 14 avril 2006 (Lorient, Inscrit le 7 novembre 2004, 77 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 208ème position).
Discussion(s) : 1 (Voir »)
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Humour

Retour dans le sud avec cette seconde lecture de Truman Capote une quinzaine de nouvelles pour faire mieux connaissance avec cet écrivain.
Fort de France, une aristocrate, un compagnon de bavardage, un peu d’absinthe. Plus tard dans la journée, la dame joue du piano, son public, des caméléons, une «mosaïque mozartienne».
Si un jour vous partez dans la voiture d’un couple ivre mort et que guidé par «Une Lampe à la fenêtre» vous atterrissez chez une gentille mémé avec ses chats, attention à la surprise matinale ?
Une femme quitte son amant, son mari n’a plus de maîtresse, depuis qu’ils ne couchent plus ensemble, ils discutent. Ils s’embrassent se disent «je t’aime» et la femme rajoute : «Je t’en prie chéri, nous trouverons bien quelqu’un».
Dans «Hospitalité» une ferme, dans le Sud rural, dont la femme accueille les gens qui passent, un prêcheur glouton aux histoires terrifiantes. «Ce bonhomme n’est pas plus missionnaire que moi. C’est un païen menteur», lui rétorque son mari, plus proche de ses sous. Puis vient, un homme bien sous tout rapport qui fuit et qui sera arrêté un peu plus tard, c’était un bagnard évadé. « Il y avait une récompense. Et nous l’avons manqué. Ca, ça me reste sur l’estomac » se plaint le mari. Puis la femme accueille une jeune veuve et son bébé, cela s’éternise, alors il la marie avec un voisin veuf lui aussi. Constatations du mari : «Merci Seigneur. Et tant qu’à dispenser vos bienfaits, un peu d’eau ne ferait pas de mal à mes cultures ».
« Cercueils sur mesure » est une quête policière tournant à l’obsession pour Jack, dans une ville de dix milles, haut lieu culturel, il y a un cinéma, mais il a fermé il y a dix ans, pas trop touristique, un des deux hôtels a fermé lui aussi, bref le fin fond de la cambrousse du sud des Etats-Unis. Les morts se succèdent, ils reçoivent pratiquement tous un mini cercueil, Jack enquête pendant cinq ans, il pense savoir qui est le coupable, Quinn, mais ne trouve jamais de preuves, les années passent, la retraite arrive. Mais Quinn théâtral déclare c’est «L’œuvre de Dieu. Sa volonté».
Un peu d’humour dans «Une journée de travail» T.C suit sa femme de ménage Mary toute une journée, chez le pilote de ligne alcoolo dont la femme téléphone, Mary répond qu’elle est la femme de chambre et range le bordel.
Après un petit joint (de la bonne du Pérou), ils vont chez une jeune fille de vingt cinq ans, TC apprend qu’elle a du avorter ne sachant pas qui était le père de l’enfant. Un autre petit joint pour la route, puis direction d’un couple décrit par Mary comme «Ces gens là sont des juifs tout ce qu’il y a d’empaillés» En fin de journée Mary va faire un prière pour tous ses clients ?
TC va manger au restaurant avec un ami dans «Bonjour l’inconnu», cet ami boit mais ne mange pas, et lui raconte comment un message dans une bouteille trouvé en se baignant a brisé sa vie. Ma nouvelle préférée.
Encore un recueil de nouvelles de Truman Capote trouvé chez mon bouquiniste. Vraiment un monde étrange que celui de Truman Capote, des mondes étranges, devrais-je dire. Une variété de sujets, de longueurs de nouvelles entre une page et demi et quatre-vingt pages. D’enquêtes policières en mal être de couples, tout donne l’impression d’une écriture très maîtrisée. Mais j’ai une impression d’inachevée dans certaines nouvelles.
Extraits :
-Le style de cette femme impliquait une histoire érotique complète avec notes en bas de page.
De toutes le créatures existantes, l’homme est la plus détestable. De tout les êtres vivants, il est le seul, l’unique, le solitaire doué de méchanceté.
-On dirait qu’elle est prête à accoucher des cinq Dionnes. (Quintuplées canadiennes qui ont toutes survécu).
-Pourquoi est-ce que je déjeune avec ce connard ? Il me rase, il m’a toujours rasé.

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Les éditions

  • Musique pour caméléons [Texte imprimé] Truman Capote trad. de l'anglais par Henri Robillot
    de Capote, Truman Robillot, Henri (Traducteur)
    Gallimard / Collection Folio.
    ISBN : 9782070382675 ; 8,60 € ; 03/05/1991 ; 80 p. ; Poche
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Quel talent

8 étoiles

Critique de Sundernono (Nice, Inscrit le 21 février 2011, 41 ans) - 29 mars 2011

Voilà plus d'un an que j'ai lu ce recueil de différentes nouvelles et récits de Truman Capote.
Quel souvenir m'en a-t-il laissé?
Celui d'un livre agréable à lire, mêlant beauté, tristesse, mélancolie, suspense, un ouvrage à découvrir pour ceux qui ne l'auraient pas encore fait.
Cet auteur dispose d'une palette narrative impressionnante, mélangeant les styles avec virtuosité, du grand art. La nouvelle "Cercueils sur mesure" est particulièrement prenante.
Cette littérature, c'est celle de l'Amérique des années 60-70, de l'époque de Marilyn Monroe, elle retranscrit toute une époque.
Tout un symbole.
Le principal défaut de cet ensemble se situe pour moi au niveau de la sensation d'inachevé que peuvent parfois laisser certaines nouvelles.
Peut-être que c'est cette frustration qui m'a fait aimer ce "Musique pour caméléons", dont la nouvelle éponyme est curieusement la seule qui ne m'a pas emballé.

Bref à recommander

Anticonformiste

8 étoiles

Critique de Lincoln (, Inscrit le 23 septembre 2005, 65 ans) - 26 février 2008

Je découvre Truman Capote (il n’est jamais trop tard pour bien faire). J’ai préféré me lancer dans l’édition bilingue (ISBN: 978-2-07-034222-8) pour mieux percevoir le style Capote. On peut imaginer qu’une traduction, aussi bien faite soit-elle, laisse paraître un peu du traducteur par les choix qu’il opère de tel mot, telle phrase, ou même d’ajouter ou supprimer des éléments. Mais alors, pourquoi pas directement la VO? Peut-être parce que je ne suis pas “an English native speaker”, comme on dit chez les linguistes, et que certaines tournures idiomatiques ou certains “phrasal verbs” m’obligeraient à plonger dans un dico, hachant en cela le fil de la lecture, alors qu’un coup d’œil sur la page de droite pour la traduction d’un mot, et la lecture reprend. Mais venons-en au livre.

Un recueil de six nouvelles, apparemment différent de la version française. Certaines brèves, comme “Music for Chameleons”, et l’une très brève “Mr. Jones”. Lorsque Truman écrit ces nouvelles, il est en pleine déliquescence, en proie à l’alcool, la drogue, la fièvre. La presse populiste de l’époque (New York Post) n’a pas raté l’occasion de le tirer un peu plus vers l’enfer, lui attirant toutes les disgrâces, le représentant en clochard entouré de seringues et de bouteilles vides doté d’un livre perfidement appelé “Petit déjeuner chez les clodos”, en référence à “Petit déjeuner chez Tiffany” (1958). À n’en pas douter, ce journal était d’une grande élégance. C’est à travers l’écriture que Truman cherchera “un nouveau lui”, aux aspects changeants, tel un caméléon. “Music for Chameleons” est un livre quasi testamentaire, publié en 1980, quatre ans avant sa mort.

Écriture anticonformiste car les règles traditionnelles de la Nouvelle sont un peu bousculées. Pas de chute saisissante, parfois même une fin en suspens, comme dans Mr. Jones, où Truman nous laisse planté là, dans une rame de métro à Moscou, en face de son disparu. Au troisième texte j’ai changé mon point de vue, inclinant un peu l’esprit, et j’ai découvert le texte sous un nouveau jour qui ressemble à s’y méprendre à un savant mélange entre réalité et fiction, entre part de vécu et mise en mots. Un style qui inaugura, à l’époque, un nouveau genre, le “non-fiction novel”. Je suis donc retourné au début du livre pour sentir ces textes sous un nouvel angle et sans exigence particulière, en tout cas plus celle qu’on a envers une nouvelle “classique”. À ce moment Truman m’a séduit. On n’imagine pas les personnages, on a l’impression de les avoir connu, différence notoire. Les ambiances, chaudes ou inquiétantes, les descriptions ciselées sans lourdeur, les scènes se lisent et se relient sans heurt, même dans l’exercice difficile de l’alternance des univers et des lieux (“Mojave”).

Capote disait “Je crois que la plupart des écrivains, même les meilleurs, ‘sur-écrivent’. Je préfère, moi, ‘sous-écrire’. [ … ] Je me rendais compte que mon écriture se faisait trop dense, que je consacrais trois pages à obtenir des effets que j’aurais pu atteindre en un seul paragraphe”.

Je pense que je vais essayer “Petit déjeuner chez Tiffany”.

Fragments d'humanité

8 étoiles

Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 10 juillet 2007

Dans ce recueil de courts textes (à l'exception de "Cercueils sur mesure" qui a fait l'objet d'une publication séparée), il est assez malaisé de distinguer ce qui vient de la propore vie de Truman Capote ou de son imagination.
Sans doute cela ne change-t-il pas grand chose à la qualité de son écriture, mais c'est tout de même suffisant pour instaurer de temps à autre un certain malaise, car on ne sait jamais trop dans quel régime fictionnel ou non on se situe et cela change dès lors la vision du côté littéraire du récit.
Ces textes nous permettent de faire connaissance avec des personnages assez étranges, dont certains évoluent à la limite du fantastique (la dame aux chats par exemple ou cette rencontre en Martinique autour de caméléons). Une atmosphère teintée de mystère entoure chaque nouvelle, ce sont des tranches de vie habilement esquissées qui défilent au gré des pages et illustrent une fois de plus le talent de Truman Capote pour décrire "avec recul et froideur" des situations du quotidien, leur donnant de la sorte, c'est assez paradoxal, énormément de chaleur humaine.

Comme la première fois

8 étoiles

Critique de Alphabétix (, Inscrit(e) le 16 mars 2006, - ans) - 25 avril 2006

J'ai relu récemment ce livre. Onze nouvelles finement ciselées par un maître qui nous titillent l'intérêt d'un bout à l'autre. J'ai aimé cette deuxième lecture autant que la première faite il y a plus de 20ans.

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  Copié-collé...pour le webmaster 14 Aria 16 avril 2006 @ 17:51

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