Nord et Sud
de Elizabeth Gaskell

critiqué par Emjy, le 14 avril 2006
( - 41 ans)


La note:  étoiles
Une fresque inoubliable
Présentation: C'est le choc de deux Angleterre que le roman nous invite à découvrir : le Sud, paisible, rural et conservateur, et le Nord, industriel, énergique et âpre. Entre les deux, la figure de l'héroïne, la jeune et belle Margaret Hale. Après un long séjour à Londres chez sa tante, elle regagne le presbytère familial dans un village du sud de l'Angleterre. Peu après son retour, son père renonce à l'Eglise et déracine sa famille pour s'installer dans une ville du Nord. Margaret va devoir s'adapter à une nouvelle vie en découvrant le monde industriel avec ses grèves, sa brutalité et sa cruauté. Sa conscience sociale s'éveille à travers les liens qu'elle tisse avec certains ouvriers des filatures locales, et les rapports difficiles qui l'opposent à leur patron, John Thornton. En même temps qu'un étonnant portrait de femme dans l'Angleterre du milieu du XIXe siècle, Elizabeth Gaskell brosse ici une de ces larges fresques dont les romanciers victoriens ont le secret.

Mon avis: Si vous aimez les romans anglais d'époque, les fresques romantiques et pourvues d'un véritable sens critique sur les moeurs et la société d'antan, vous ne pourrez qu'aimer cette oeuvre. Ce roman a souvent été comparé au célébrissime "Orgueil & Préjugés" de Jane Austen, mais Elizabeth Gaskell est tout de même loin d'être un auteur aussi célèbre que celle qui l'a précédée. Encore une de ces injustices littéraires qui sont finalement bien nombreuses...
L'écriture d'Elizabeth Gaskell est fluide et délicate. Elle sait dépeindre le Sud rural d'où est originaire Margaret, le personnage principal, aussi bien que le Nord Industriel, que tout oppose. L'histoire entre Margaret et John Thornton n'a absolument rien à envier à certaines autres beaucoup plus célèbres de la littérature anglo saxone, mais elle est loin de résumer l'oeuvre. Ce roman possède en fait une conscience sociale absolument indéniable. La sensibilité de Margaret Hale se voit ici mise à rude épreuve lorsqu'elle est obligée de s'expatrier dans le Nord de l'Angleterre, d'apparence si rude, et soumise à l'ère et à la révolution industrielle. Margaret est le personnage central du roman, c'est par elle et pour elle que tout se passe, même si elle semble fragile dans cet univers brutal qui ne semble pas lui correspondre... Margaret est une héroïne moderne, volontaire et courageuse mais aussi fière et orgueilleuse. Elle ne sait dissimuler l'animosité que lui inspire certaines personnes et reste donc fidèle à elle-même et à ses convictions tout au long du roman. Elle fait des erreurs mais c'est ce qui finalement la rend pleine de charme et de constrates.
Une fresque passionnante, délicate avec une peinture sociale extrêmement bien maîtrisée. Le romantisme apporté par le couple Margaret/Thornton est accueilli bien volontiers dans la mesure où l'histoire nous présente des héros face à une adversité et à une contradiction presque constantes.
Un roman intense, authentique. Une lecture qui se mérite car le livre est assez épais.
Je vous le conseille vivement!

A noter que la BBC a produit une adaptation tv, avec dans les rôles principaux Daniela Denby-Ashe et le non moins charismatique Richard Armitage. Cette saga en 4 épisodes d'une heure a eu un succès retentissant et a été applaudie par la critique.
Énorme déception 1 étoiles

Quelle déception ce livre !

Rien à dire sur le style, quoique beaucoup de longueur et détails sur les pensées et les actes de chacun, tout particulièrement quand Margaret réfléchit ou Thornton chaque détail de la pensée du moment peut prendre jusqu'à une page entière (écrit petit) voire 2 pages.

Quand l'héroïne va pour avoir un mouvement si petit soit-il, ou une expression de son visage, chacun des débuts puis de la mise en acte du mouvement sont décrits. Ce n'est pas mal fait on suit, le suspense est suffisant pour nous inciter à poursuivre, c'est à dire que la succession des détails de vie sont suffisamment intéressants pour que l'on poursuive la lecture.

Ma critique est sur le sujet promis, vu qu'il fut soutenu et publié par Dickens, quoique Dickens ne parle pas vraiment des luttes de classe, mais de la misère de ceux qui sont déclassés.

Le sujet promis était la description de la vie des ouvriers tisserands fin du 19ème, dont on sait qu'elle fut particulièrement dure, dont en France pour surtout des femmes que l'on ne voit pas ici, et bien rien n'est dit ou si peu sur ce sujet. Certes il y a bien une grève mais on en sait très peu, on nous parle de l'extérieur de la grève, rien sur ses causes, par exemple la description de dureté du travail : gestes répétitifs, surveillance de x métiers à tisser, chefs d'atelier, heures de travail, salaire en le rapportant au prix du pain par ex. ou le prix d'un loyer. De même sur la grève on ne nous explique rien sur comment et pourquoi elle fut organisée.

Donc si vous êtes intéressé par la vie et la pensée d'une jeune fille de classe moyenne éduquée lisez-le, mais si vous cherchez à en savoir plus sur la vie des ouvriers dans l'Est de l'Angleterre du 19ème lisez autre chose.
Par exemple dans les livres d'Anne Perry, on en apprend plus sur la pauvreté, elle nous emmène dans le cœur de la vie des pauvres de Londres au XIXè en nous décrivant leur vie réelle jusque dans ses détails, de son coût, de sa dureté. Ses héros sont proches et directement intéressés par la misère et l'insalubrité de Londres. Elle aurait vécu "sous" Dickens il l'aurait soutenu !

ASY - - 82 ans - 25 août 2018


Un beau souvenir... 10 étoiles

Lu il y a plusieurs années, j'avais déjà vu le feuilleton au préalable.
Quelle heureuse surprise et pourtant le pavé peut faire peur. Mais il y a tant de différences... L'auteur veille, comme il l'écrit dans son introduction, à évoquer des faits peu connus. C'est déjà un bon point on échappe ainsi à la bataille de Gettysburg.
La description de la vie de l'époque est précise, les scènes de bataille géniales et la partie sur la reconstruction passionnante d'autant plus qu'une partie se passe sur les territoires indiens.
J'ai adoré.

Auteurpm - - 50 ans - 19 mars 2013


Que de civilité... 10 étoiles

«Those British are so bloody civilized…», je ne me rappelle pas où ni quand j’ai entendu cette remarque mais je n’ai jamais oublié sa pertinence, d’autant plus que cette civilité proverbiale ressort de façon tellement évidente de l’écriture de ces illustres auteurs britanniques de l’ère victorienne et que ma prédilection pour ceux-ci n’est pas près de se tarir au fil de mes découvertes!
Comme plusieurs, j’ai fait la connaissance d’Elizabeth Gaskell grâce aux formidables adaptations télévisuelles que la BBC a réalisées, inspirées de ses œuvres littéraires…
À l’origine, publié sous le titre de «Margaret Hale» en vingt-deux feuilletons hebdomadaires, entre septembre 1854 et janvier 1855, dans le magazine Household Words publié par nul autre que Charles Dickens qui achevait lui-même la publication de ses «Temps Difficiles» dans un même format, fort populaire à l’époque. L’œuvre de Madame Gaskell fut ensuite publiée en deux volumes par la maison d’édition anglaise Chapman et Hall qui convainquit celle-ci de modifier le titre à «Nord et Sud», plus suggestif à leur avis de la trame principale du roman soulignant les disparités culturelles et sociales entre le Nord industriel en plein essor et le Sud rural traditionnel.
Petite anecdote amusante qui actualise cette période si lointaine…
Fort bien décrite par l’auteure de la critique originale, Emjy, cette grande fresque sociale et romantique est une lecture heureuse tout au long renouvelée.
J’ai lu celle-ci en version originale anglaise : «North and South» sur ma tablette de lecture Kindle sur laquelle j’ai téléchargé les œuvres complètes de cette grande auteure.
Plein de bonheur de lecture en perspective!

FranBlan - Montréal, Québec - 82 ans - 25 septembre 2011


Excellent 10 étoiles

L'écriture et la narration sont vraiment originales, les personnages ont une réelle consistance, leur psychologie est très fouillée et évolue de façon très cohérente au cours du roman. Du Jane Austen amélioré.

Davidson - - 57 ans - 2 juin 2009